Un nouvel épisode dans l’intense ballet diplomatique qui doit conduire à la résolution du conflit en Ukraine. L’émissaire de Donald Trump Steve Witkoff doit se rendre à Berlin ce week-end, à la rencontre du président ukrainien Volodymyr Zelensky, alors que les Etats-Unis poussent Kyiv à des concessions majeures pour trouver une issue à la guerre. Le magnat de l’immobilier, promu envoyé spécial d’un Donald Trump toujours plus impatient face aux hésitations ukrainiennes, doit rencontrer des dirigeants européens dont la liste n’a pas été précisée.
Selon Volodymyr Zelensky, Washington veut que les forces ukrainiennes se retirent de la partie de la région de Donetsk (est de l’Ukraine) qu’elles contrôlent encore et qui est censée devenir une «zone économique libre» démilitarisée, sans demander la même chose aux troupes d’occupation. En échange, l’armée russe se retirerait de toutes petites zones conquises par elle dans les régions de Soumy, Kharkiv et Dnipropetrovsk (nord, nord-est et centre-est) mais conserverait des territoires plus larges dans celles de Kherson et de Zaporijia (sud).
Avant toute négociation territoriale, les Européens et Ukrainiens ont demandé aux Américains des «garanties de sécurité» qui seraient prévues en cas de nouvelle offensive russe, a déclaré la présidence française vendredi. Un haut responsable a pour sa part dit à l’AFP qu’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne dès 2027 était envisagée dans le plan américain. «C’est stipulé mais c’est un sujet de négociation et les Américains y sont favorables.»
Une telle adhésion, en à peine plus d’un an, semble cependant peu probable du fait de la possible opposition, entre autres, d’Etats membres de l’UE aux relations tendues avec l’Ukraine, comme la Hongrie. Le temps presse pour Donald Trump, qui vise le prix Nobel de la paix et dont la porte-parole a fait savoir jeudi qu’«il en a assez des réunions qui n’ont d’autre but que de se réunir».
Les tentatives américaines interviennent à un moment difficile pour l’Ukraine : la présidence a été déstabilisée par un vaste scandale de corruption impliquant des proches de Volodymyr Zelensky, l’armée est en recul sur le front et la population est soumise à des coupures de courant à cause des frappes russes. L’armée ukrainienne a cependant affirmé avoir repris aux Russes plusieurs quartiers de la ville clé de Koupiansk, dans la région de Kharkiv, ainsi que deux localités proches.
Dans le Sud, un navire turc a été endommagé vendredi par une frappe aérienne russe dans le port de Tchornomorsk, près d’Odessa. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent ce bâtiment bleu et blanc en feu. Le propriétaire de ce bateau, l’armateur turc Cenk Shipping, a expliqué dans un communiqué que le M /V CENK T, «qui transporte des camions entièrement chargés de fruits frais, de légumes et de denrées alimentaires sur la route Karasu – Odessa», avait été «victime d’une attaque aérienne».
La Turquie a réagi en réitérant sa demande d’une «suspension» des frappes ciblant les infrastructures énergétiques et portuaires. Ankara a mis en garde ces dernières semaines contre une «escalade inquiétante» en mer Noire, après que l’Ukraine a revendiqué des attaques de drones navals contre des pétroliers liés selon elle à la Russie dans la région.
L’Ukraine réplique aux bombardements russes en envoyant des dizaines de drones quotidiennement vers la Russie, visant en particulier l’industrie pétrolière qui permet à Moscou de financer la guerre. Dans la région russe de Saratov, sur la Volga, à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière ukrainienne, une attaque de drone a fait un mort dans la nuit de vendredi à samedi, a annoncé le gouverneur régional Roman Boussarguine.