Alors qu’il résidait à Dubaï, «Bibi» a été condamné à Lille deux fois à neuf ans et une fois à 15 ans de réclusion criminelle. Un nouveau procès s’ouvre car il n’a pas acquiescé à ses condamnations après son extradition.
Mis en cause dans plusieurs importations de cocaïne en France, le narcotrafiquant présumé Abdelkader Bouguettaia, extradé en juin depuis Dubaï, est jugé de lundi à mercredi à Lille dans trois dossiers pour lesquels il a été condamné en son absence jusqu’à quinze ans de prison.
Alors qu’il résidait à Dubaï, Abdelkader Bouguettaia, surnommé «Bibi», a été condamné en 2022, 2023 et 2024 à Lille, deux fois à neuf ans et une fois à 15 ans de réclusion criminelle, pour des importations de cocaïne ayant eu lieu entre 2019 et 2021. Les investigations dans ces trois procédures ont mené à la saisie de plus de deux tonnes de cocaïne. Dans la foulée de son extradition vers la France, il n’a pas acquiescé à ces condamnations, ouvrant la voie à de nouveaux procès.
Cocaïne dans des conteneurs
Abdelkader Bouguettaia, 38 ans, est soupçonné d’avoir longtemps coordonné l’importation de cocaïne au Havre, sa ville natale, avant de rejoindre Dubaï fin 2019, d’où il aurait continué à piloter le trafic. Un de ses collaborateurs présumés avait affirmé, lors d’un interrogatoire, que Bouguettaia était associé avec un haut responsable de la distribution de cocaïne aux Pays-Bas et qu’il gérait la «réception de la marchandise» au Havre, ainsi qu’à Paris et à Anvers.
Le premier dossier qui sera jugé à Lille, pour lequel «Bibi» avait été condamné en 2024 à 15 ans de prison, concerne des importations de cocaïne entre février 2019 et janvier 2020 via le port du Havre. Sur dix livraisons mises au jour, trois «ont été interceptées, permettant la saisie de 1699 kilogrammes de cocaïne», écrit le parquet de Lille dans le dossier de presse de l’audience.
La drogue arrivait au Havre «dissimulée dans des cargaisons légales de gélatine de bœuf et de lames de bois en provenance d’Amérique du Sud, notamment du Brésil», précise le parquet. Bouguettaia a été identifié par les enquêteurs «comme l’un des principaux organisateurs du trafic», qu’il est soupçonné d’avoir coordonné «à distance, via des messageries cryptées», selon le dossier de presse.
Corruption de témoins
Les deux autres dossiers concernent également des importations de cocaïne par l’intermédiaire du port du Havre. En février 2019, après la découverte de 141 kilogrammes de cocaïne «dans un conteneur de miettes de thon sous vide en provenance d’Équateur», «un individu a identifié deux commanditaires, dont Abdelkader Bouguettaia». Ce témoin s’est ensuite rétracté en 2021, mais «les enquêteurs ont établi qu’Abdelkader Bouguettaia l’avait contacté via une messagerie cryptée pour lui proposer une somme d’argent substantielle en échange du retrait de ses accusations», écrit le parquet de Lille.
Le troisième dossier porte sur 599 kilogrammes de cocaïne découverts en février 2021 dans un conteneur au port de Rotterdam (Pays-Bas), en provenance du Guatemala. Le conteneur repéré a poursuivi sa route en direction du port du Havre, où il a fait l’objet d’une surveillance ciblée qui a permis l’arrestation de trois personnes «en train de décharger» la cargaison dans «les locaux désaffectés d’une société».
Dans ce dossier, un témoin «a reconnu s’être rendu en Belgique à la demande d’Abdelkader Bouguettaia pour récupérer des plombs identiques à ceux brisés lors de l’ouverture du conteneur», est-il écrit dans le dossier de presse. Un membre de la famille de «Bibi» a également été identifié comme impliqué dans l’organisation du trafic grâce à l’exploitation d’un téléphone portable.
Abdelkader Bouguettaia a en outre été mis en examen en juin à Paris, notamment pour «importation de stupéfiants en bande organisée en récidive» toujours vers le Havre, dans un autre dossier. Il est soupçonné d’être «l’organisateur de l’importation et de (la) logistique» d’un conteneur comportant 2,5 tonnes de cocaïne arrivé au Havre depuis la Colombie, avait précisé le parquet de Paris.