Par
Audrey Gruaz
Publié le
13 déc. 2025 à 9h02
Maurice Rondeau, René Rouzé et René Boitier, trois religieux nés en Seine-et-Marne, s’apprêtent à entrer encore un peu plus dans l’histoire. Samedi 13 décembre 2025 au cours d’une cérémonie à la cathédrale Notre-Dame de Paris, ils feront partie des 50 jeunes français martyrs à être béatifiés. Ils seront ainsi élevés au rang des bienheureux, un préliminaire à la canonisation. Cette décision a été prise en juin 2025 par le pape Léon XIV, reconnaissant ainsi le martyre de 50 Français morts par haine de leur foi sous le régime nazi en 1944 et 1945, comme témoin héroïque du don total de soi et de la charité fraternelle.
Maurice Rondeau déporté à Buchenwald

L’abbé Maurice Rondeau sera béatifié samedi 13 décembre 2025 à Notre-Dame de Paris. ©Photo transmise à la rédaction
Parmi les prêtres Seine-et-Marnais béatifiés samedi, se trouve notamment le père Maurice Rondeau. Né en 1911, orphelin très jeune d’un père tombé au champ d’honneur en 1915, il grandit à Rebais puis se forme au séminaire de Meaux.
Ordonné prêtre en 1936, il sert d’abord comme enseignant puis est mobilisé en 1940. Fait prisonnier, il transforme son stalag en véritable terrain de mission : sacrements, prédication, soutien fraternel.
En 1943, à l’appel du cardinal Suhard, il se porte volontaire pour rejoindre les jeunes du STO à Aix-la-Chapelle, afin de leur offrir un accompagnement spirituel. Mais son action apostolique, l’activité de son réseau d’évasion et son infatigable dévouement auprès de chacun conduisent à son arrestation sur dénonciation, puis à sa déportation à Buchenwald. « Toujours d’humeur égale, sans jamais un mot contre nos gardiens », témoigne un de ses compagnons de souffrance.
Malgré son évacuation dans une « des épouvantables marches de la mort », au printemps 1945, Maurice Rondeau continue d’absoudre, de réconforter, de donner la communion et l’extrême-onction, explique le diocèse de Meaux qui indique qu’il décède d’épuisement et de maladie le 3 mai 1945 à 33 ans. « Son corps a été transféré dans l’ancien cimetière de Meaux, dans le caveau des prêtres, le 11 octobre 1949 », précise le diocèse.
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Et si le nom de Maurice Rondeau parle à de nombreux Seine-et-Marnais aujourd’hui encore, c’est notamment parce qu’en 1989, Mgr Louis Cornet, alors évêque de Meaux, a décidé de donner son nom au collège-lycée de Bussy-Saint-Georges, « en hommage à cet infatigable éducateur ». Le village de Rebais porte encore la marque de son abbé : la petite rue qui mène à l’église est la rue de l’abbé Rondeau, tandis qu’un monument, à l’entrée de la commune, lui est dédié.
René Boitier

René Boitier. ©Photo transmise à la rédaction
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Né à Faremoutiers le 8 mars 1917, René Boitier a rencontré le père Rondeau à Buchenwald, lors de leur déportation. Mobilisé dès septembre 1939, il se retrouve à Dunkerque, puis en Angleterre avant d’être fait prisonnier. Il travaille alors en Stalag près de Cologne dans une fabrique de chaussures. En mars 1942, il explique déployer son « activité dans le cadre catholique ». Il entre ensuite comme aspirant à la troupe scoute, mais en août 1944, il est arrêté avec 20 autres scouts et leur aumônier.
Ils seront déportés à Buchenwald pour « motif politique ». Devant l’avancée des alliés, les SS acheminent les prisonniers vers Dachau, entassés à 90 par wagon dans « le train de la mort ». Arrivé à Dachau le 28 avril 1945, René Boitier est libéré par les Américains le lendemain, mais épuisé, il meurt avant d’avoir pu goûter à la liberté.
René Rouzé

René Rouzé. ©Photo transmise à la rédacton
Né à Bombon-Mormant le 11 janvier 1922, René Rouzé découvre en octobre 1936, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne par un ami. Envoyé en Allemagne pour travailler dans une usine dans le cadre du Service du travail obligatoire, il est employé comme ajusteur près de Postdam ; puis transféré dans un laboratoire de savons, à Dessau ; puis à Hirschberg où il est considéré comme chimiste, mi-septembre 43.
Il participe et développe des activités interdites, et devient rapidement l’un des responsables de l’action catholique du lieu, en organisant des cercles d’études et préparant activement un pèlerinage pour Lourdes à leur retour en France pour entretenir l’espérance. Jusqu’à la libération de Paris, ses lettres étaient presque journalières. Puis le courrier fut stoppé. Arrêté le 4 décembre 1944 en raison de son « action catholique clandestine », il meurt au camp de concentration de Dora-Mittelbau le 18 février 1945, quelques jours après son arrivée.
La célébration aura lieu à 14h30 et sera retransmise en direct sur KTO
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