Vous l’avez sûrement remarqué : la
consommation réelle de votre véhicule dépasse systématiquement les
chiffres officiels. Entre les promesses du constructeur et la
réalité du quotidien, l’écart peut surprendre. Mais rassurez-vous,
vous n’êtes ni mauvais conducteur, ni victime d’une arnaque.

Lorsqu »on achète une voiture, le prix d’achat n’est que la
partie visible de l’iceberg. La consommation de carburant (ou
d’électrons, c’est selon) figure parmi les critères décisifs, au
même titre que la sécurité, le design ou encore la puissance.

Pourtant, une fois les clés en main, la désillusion peut
rapidement s’installer : impossible d’atteindre les chiffres de
consommation affichés par le constructeur. Cette différence n’est
ni le fruit du hasard, ni celui d’une manipulation délibérée, mais
le résultat d’un système d’homologation qui, bien qu’amélioré ces
dernières années, reste éloigné des conditions réelles
d’utilisation
.

Le cycle WLTP : un progrès, mais pas une révolution

Depuis 2017, l’Union européenne a mis en place
le cycle WLTP
pour mesurer la consommation et les émissions des
véhicules neufs. Ce protocole a remplacé l’ancien système NEDC,
largement critiqué pour son manque de réalisme. L’objectif ? Offrir
aux clients des données plus proches de leur expérience
quotidienne.

Le WLTP se veut plus exigeant : les tests durent plus longtemps,
intègrent des accélérations plus franches, des vitesses moyennes
supérieures et prennent en compte le poids du véhicule, les
pneumatiques ou encore les équipements optionnels. Sur le papier,
c’est un indéniable progrès. Dans la pratique, le protocole
présente encore des limites importantes
.

La majorité des mesures s’effectuent en laboratoire, sur un banc
d’essai où le véhicule roule sur un cylindre, dans un environnement
contrôlé à température et humidité constantes. La durée totale ?
Environ trente minutes, réparties en quatre phases simulant
différentes allures de conduite.

Cette approche standardisée permet certes de comparer
objectivement les véhicules entre eux, mais elle gomme la réalité :
la route n’est pas un laboratoire aseptisé, et nous ne faisons que
le constater lorsque nos experts passent les voitures au sein de
notre Labo
Auto Plus
.

La vraie vie ne se déroule pas en laboratoire

Sur un banc d’essai, pas de relief vallonné, pas
d’embouteillages interminables, pas de vent de face. Les
imperfections du bitume, les aléas météorologiques et la résistance
aérodynamique réelle disparaissent comme par magie. Or, ces
facteurs jouent un rôle déterminant dans la consommation
quotidienne.

Prenons un exemple concret : un conducteur possédant un Volkswagen Taigo trois cylindres
1,0 litre TSI essence de 116 ch en boîte DSG7 constate une
consommation moyenne de 6,5 l/100 km, alors que le constructeur
annonce entre 5,5 et 5,8 l/100 km (en fonction des équipements).
L’écart peut sembler modeste, mais la différence est tout de même
d’environ un litre de carburant tous les 100 km.

Et ce cas est loin d’être isolé : la plupart des
automobilistes observent un surcoût compris entre 6 et 10 % par
rapport aux chiffres officiels
. Au-delà des conditions de
test, d’autres variables entrent en jeu. L’état et la pression des
pneumatiques influencent directement la résistance au roulement.
Une galerie de toit ou un coffre chargé modifient l’aérodynamisme.
La climatisation, gourmande en énergie, fait grimper la facture.
Même les fenêtres ouvertes ont leur impact. Autant de paramètres
impossibles à standardiser dans un protocole unique.

Votre style de conduite fait aussi la différence

Mais le facteur le plus déterminant reste celui que vous
contrôlez : votre façon de conduire. Des
accélérations brutales, une vitesse soutenue, un usage inapproprié
de la boîte de vitesses peuvent faire exploser la consommation. À
l’inverse, une conduite souple, anticipée et intelligente permet
d’approcher, voire parfois d’atteindre, les chiffres théoriques.
Lever le pied de l’accélérateur suffisamment tôt avant un feu
rouge, éviter les coups de frein intempestifs, adopter le bon
rapport de vitesse : ces gestes simples peuvent changer la
donne.

Certains conducteurs parviennent même à faire mieux que les
chiffres officiels sur autoroute, en adoptant une allure modérée et
constante. Alors, les données d’homologation sont-elles pour autant
inutiles ? Certainement pas. Elles constituent une référence
commune, un étalon permettant de comparer objectivement les
modèles entre eux
. Si un véhicule affiche 5,00 l/100 km et
un autre 7 litres, on peut raisonnablement parier que le premier
sera plus économe dans des conditions réelles similaires.