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Partager la publication « Nastasia Nadaud : « Là, pour l’instant, j’ai vraiment envie de couper » »

Partie à Mobile (Alabama) confiante dans son jeu juste après sa victoire à l’Open d’Espagne, Nastasia Nadaud est revenue avec sa carte en poche pour le LPGA Tour 2026. La Savoyarde, 21 ans depuis le 23 novembre, revient sur cet « exploit » qui lui permet de changer de dimension.

Propos recueillis par Lionel VELLA

Elle est rentrée jeudi après-midi de l’Alabama. « Je n’avais pas prévu qu’on aurait besoin de la journée de mardi pour finir les Cartes, donc j’ai dû bouger mon vol au mercredi. J’ai mis un certain temps pour revenir » souffle Nastasia Nadaud, qui nous a accordé quelques minutes d’entretien par téléphone. Encore un peu en jet-lag – « Je me suis réveillée à 11h00 ce matin avec l’impression qu’il était 4h00 du matin » – la native de Chambéry (73) va s’accorder quelques jours de « décompression » après plusieurs semaines très intenses.

GOLF PLANETE : Qu’est-ce qui a été finalement le plus dur à gérer pour vous entre les multiples reports en raison d’une météo très capricieuse à Mobile, l’annulation du format sur 90 trous et du cut après 72 trous et ce fameux top 25 qualificatif pour le LPGA 2026 ?

Nastasia NADAUD : En fait, après avoir gagné en Espagne, j’ai commencé à décompresser du tournoi en arrivant très tard le lundi soir dans l’Alabama. J’ai été bien malade le mardi soir et le mercredi. Je n’ai donc pas pu effectuer la préparation que j’espérais pour les Cartes une fois sur place. Je n’ai fait que neuf trous de reconnaissance sur le premier parcours, et neuf autres sur le second… Les neuf derniers de chaque parcours, je les fais en voiturette. Ce qui m’a bien arrangé finalement, c’est que le jeudi, départ théorique du tournoi, il est tombé des seaux d’eaux et les parcours ont été inondés (Ndlr, la finale des Cartes a été ensuite réduite de 90 trous à 72 trous sans cut et repoussée de 24 heures sur le planning initial).

On n’a pas joué le jeudi, ce qui m’a permis de récupérer une journée supplémentaire. Elle a été vraiment la bienvenue car j’étais assez faible les deux-trois jours après la victoire en Espagne. Et puis au-delà de ça, j’avais beaucoup moins d’attente vis-à-vis de ces Cartes. Ce n’était pas une obsession. Je suis arrivée avec un état d’esprit beaucoup plus détendu, en me disant : « advienne que pourra. » Si j’ai la Carte, tant mieux, si ce n’est pas le cas, tant pis. J’étais vraiment assez détachée.

G.P. : A quel moment avez-vous compris que ce top 25 (et ex aequo) ne pourrait plus vous échapper ?

N.N. : Au dernier putt du mardi (rires) ! Finir sept trous seulement le mardi matin, c’était plus stressant en fait. J’en ai discuté avec pas mal de filles après la fin des Cartes. Elles m’ont toutes dit que ces derniers trous étaient vraiment stressants. On savait, pour celles qui ont décroché la Carte, qu’on était bien placée mais en même temps on avait toutes ces pensées négatives qui arrivent très vite. Une pièce d’eau devant : « Faut pas la gratter ou ne fait pas une socket… » Ce sont des phrases qui ne se disent pas en temps normal quand on est pro de golf mais on sait qu’il y a un certain enjeu. On joue sa Carte pour l’année prochaine… Je suis assez contente car je pense avoir bien géré ce dernier jour. Mais c’était assez éprouvant, oui.


Il n’y avait pas de raison, en ayant très bien joué en Espagne, que mon jeu, du jour au lendemain, n’aille plus. Bref, j’ai surfé sur la vague.

Nastasia Nadaud

G.P. : Et ce dernier putt, quand il finit sa course dans le trou, on pense à quoi tout de suite ?

N.N. : C’est un vrai soulagement. J’ai une accolade avec ma cadette (Ndlr, l’Ecossaise Michelle Thomson). Cela dure au moins une bonne minute. J’ai relâché toute la pression et l’intensité de la semaine. Il y avait très peu de leaderboards le long des deux parcours. Et c’était une bonne chose quelque part. Je préférais ne pas savoir… Je sais que ma cadette regardait sur le téléphone à la fin de chaque trou pour voir où on en était. Mon objectif, c’était surtout de faire du mieux possible. Je savais que la qualification allait se jouer entre -5 et -8. Je savais aussi qu’il ne fallait pas faire quatre fois -6 pour se qualifier (Ndlr, elle a pris la 10e place finale à -8). Il fallait être assez régulière sous le par. C’était juste ça mon objectif.

G.P. : La victoire en Espagne le 30 novembre vous a-t-elle permis quelque part de mieux appréhender cette finale des Cartes du LPGA Tour ?

N.N. : Je pense que je suis arrivée avec une certaine confiance dans tous les secteurs de mon jeu. Comme je l’ai dit, je n’ai pas pu faire la préparation que je souhaitais mais je me suis « reposée » sur ma confiance et mon niveau de jeu global de l’Espagne pour arriver sereine aux Etats-Unis. Il n’y avait pas de raison, en ayant très bien joué en Espagne, que mon jeu, du jour au lendemain, n’aille plus. Bref, j’ai surfé sur la vague, on va dire (rires).

G.P. : Vous avez aussi fait le choix de partir à Mobile sans votre staff technique. N’était-ce pas un risque à prendre ?

N.N. : Non, non, c’était prévu que personne ne vienne sur la finale des Cartes. J’avais besoin d’être dans ma petite bulle. C’était important pour moi. Mes parents n’étaient pas là non plus. Je voulais me retrouver seule, avec ma cadette. Robin Cocq (Ndlr, son coach sur le petit jeu) était présent la semaine précédente en Espagne, pour la préparation du tournoi. Cela a eu un impact très positif, me mettre sur la bonne dynamique sur le petit jeu et le putting, des secteurs sur lesquels j’avais besoin d’un petit cran supplémentaire… Les coaches étaient confiants sur le niveau global, et moi aussi… Donc, le fait qu’ils ne viennent pas à Mobile, ça s’est fait naturellement.


J’avais évoqué que je ne souhaitais pas m’installer aux Etats-Unis la première année. Je n’exclus aucune possibilité mais c’est comme cela que je vais procéder pour 2026.

Nastasia Nadaud

G.P. : Comment allez-vous préparer désormais ce grand saut sur le LPGA Tour ?

N.N. : C’est encore tout frais et pour être honnête, je n’ai aucune idée de comment je vais organiser tout ça. J’ai commencé à regarder les calendriers, les tournois que je pourrais faire… C’est encore un petit peu en stand-by. Là, pour l’instant, j’ai vraiment envie de couper.

G.P. : Effectuer la première année des aller-retours entre les Etats-Unis et la France est-elle selon vous la meilleure alternative ?

N.N. : Oui, ce sera sûrement ce qui va se passer. En tout cas, pour l’année prochaine. J’avais évoqué que je ne souhaitais pas m’installer aux Etats-Unis la première année. Je n’exclus aucune possibilité mais c’est comme cela que je vais procéder pour 2026.

G.P. : Vous n’avez pas suivi de cursus universitaire aux Etats-Unis puisque vous avez décidé de passer professionnelle à tout juste 19 ans, au début de l’année 2023. Quelles sont les choses que vous avez hâte de découvrir là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique ?

N.N. : J’ai hâte de voir quelle est l’ambiance sur le Tour, comment ça se passe, le fait de jouer tous les tournois avec les meilleures joueuses du monde… C’est assez motivant, on va dire. Ce que j’ai moins hâte de voir, ce sont tous ces kilomètres de vol et les jet lags que je vais me prendre l’année prochaine (rires). Cela va être important.

G.P. : En avez-vous parlé avec Perrine Delacour, qui était avec vous à Mobile et qui, elle, a déjà cette longue expérience du LPGA Tour ?

N.N. : Oui, on a échangé un petit peu (Ndlr, Perrine Delacour a fini 3e des Cartes avec un score de -11). Elle m’a parlé notamment de l’intendance, de tout le off qu’on ne voit pas nécessairement du LPGA, le côté administratif des choses par exemple…


Evian m’a permis de me prouver à moi-même que je suis capable de bien jouer dans un format Majeur.

Nastasia Nadaud

G.P. : Vous reverra-t-on malgré tout sur le Ladies European Tour en 2026 ?

N.N. : Tout dépend des calendriers, des semaines off que je choisirai de prendre. Il y a des chances que j’en joue quelques-uns comme ces double-badges, le PIF à Las Vegas par exemple, les Majeurs comme Evian et le British pour lesquels je suis déjà qualifiée via mon classement du LET 2025. Si jamais il n’y a pas de tournoi du LPGA la même semaine, il y a des chances que j’y sois. Pour le Lacoste Ladies Open de France, je ne sais pas encore. Le calendrier dépendra à ce moment-là de la façon dont j’aurais performé sur le LPGA Tour. Je suis incapable d’en dire plus pour l’instant.

G.P. : 2026, c’est aussi une année de Solheim Cup…

N.N. : (Rires) oui, c’est vrai. On en a d’ailleurs parlé avec mes parents. Ce serait juste énorme. Il me semble qu’il faut néanmoins engranger un certain nombre de points sur le LET pour prétendre à jouer la Solheim Cup. Si tout se passe bien pour moi en 2026, la conséquence serait, peut-être, cette échéance, oui. Mais ce n’est pas non plus un objectif majeur pour moi en 2026.

G.P. : Avez-vous l’impression que tout se bouscule pour vous dans le bon sens et de façon assez rapide depuis Evian cet été, que l’on pourrait présenter comme le déclic de votre très solide saison 2025 ?

N.N. : Je ne dirais pas que Evian a été un déclic (Ndlr, elle a pris la 21e place finale pour son premier Majeur). Ce serait un peu exagéré de dire ça mais cela a été un vrai tremplin sur les gros tournois. Cela m’a permis de me prouver à moi-même que je suis capable de bien jouer dans un format Majeur. Et puis l’autre chose qui change pour moi, c’est cette nouvelle vie qui s’annonce. Elle sera indiscutablement différente de celle que j’aurais pu prévoir il y a encore quelques mois.

Photo : MILLEREAU Philippe / KMSP via AFP