Vie clandestine, déguisement, check-points, leurres, bateaux sur une mer démontée, spécialistes de l’exfiltration, avions de combat et jet privé: la sortie du Venezuela de la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado pour rallier Oslo, où elle devait recevoir le Nobel de la paix, est digne d’un roman d’espionnage.
Opération « Golden Dynamite »: voilà le nom qu’a donné Bryan Stern, ancien combattant américain qui a crée une société pour extraire des étrangers de zones dangereuses, à cette opération qu’il a en partie détaillée devant la presse vendredi.
« Dynamite » symbolise le danger, mais il s’agit aussi d’une allusion à Alfred Nobel, l’inventeur de cet explosif qui a donné son nom aux célèbres prix, dont celui de la paix.
A l’annonce de son prix le 10 octobre dernier, Maria Corina Machado promet qu’elle ira le recevoir en personne à Oslo. Mais la cheffe de l’opposition vénézuélienne vit dans la clandestinité depuis la proclamation des résultats de la présidentielle de 2024, entachée de fraude selon elle.
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Départ mardi
L’opération « Golden Dynamite » débute mardi. Maria Corina Machado se déguise, s’affublant d’une perruque, et quitte Caracas pour rallier une plage du nord du pays.
« C’était dangereux et (…) risqué parce qu’elle était activement traquée par le régime Maduro depuis très longtemps. Les renseignements cubain, vénézuélien, russe, iranien, les colectivos (groupes paramilitaires), cartels, et toutes sortes de personnes oeuvraient à la retrouver. Tout le monde savait qu’elle tentait d’aller à la cérémonie du Nobel », selon Bryan Stern.
« Nous avions peur que des (avions) F-16 vénézuéliens viennent nous faire sauter et d’être détectés sur terre, mer et dans les airs. Si nous l’avions été, ils nous auraient certainement tous tués », poursuit-il.
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Rumeurs
Pour brouiller les pistes, Bryan Stern fait courir des rumeurs, affirmant que l’opposante est déjà à l’étranger. Des journalistes, et sans doute les autorités, courent derrière de fausses nouvelles: elle serait en Equateur, aurait quitté le pays dans un avion de rapatriement de migrants ou aurait été vue à Cucuta, à la frontière colombienne.
Ironie de l’histoire, Caracas l’a surnommée « Sayona », fantôme féminine du folklore, belle femme vêtue de blanc qui hante les hommes et apparait et disparait.
Maria Corina Machado réussit à passer, sans être repérée, une dizaine de points de contrôle, selon Bryan Stern, sans donner de détails.
Bateau en panne
Mais arrivée sur la plage, l’embarcation sur laquelle elle doit fuir est en panne, confie l’Américain au Wall Street Journal.
Ses agents avaient choisi un vieux bateau de pêche pour ne pas éveiller les soupçons, ni être pris pour une embarcation de narcotrafiquants présumés que les forces armées américaines bombardent depuis septembre, ayant fait au moins 87 morts.
Ils finissent par embarquer vers Curaçao, petite île néerlandophone à une soixantaine de kilomètres. Bryan Stern assure avoir alors prévenu les Etats-Unis d’une « extraction ». A Oslo, jeudi, l’opposante a aussi révélé avoir « reçu un soutien du gouvernement américain pour arriver ici ».
Mais comme un mauvais scénario, le GPS du bateau ne fonctionne pas. Maria Corina Machado rallie finalement Curaçao. Elle est saine et sauve mais ne sera pas à Olso à temps mercredi pour la cérémonie.
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Jet privé
Un jet privé l’emmène à Bangor, dans le Maine (nord-est des Etats-Unis), pour faire le plein, avant la Norvège, où elle débarque jeudi. Maria Corina Machado se livre dans la capitale norvégienne à sa première apparition et prise de parole publiques depuis près d’un an.
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« Il y a eu des moments où j’ai senti qu’il y avait un risque réel pour ma vie », a commenté Maria Corina Machado à Oslo, remerciant « tous ces hommes et ces femmes qui ont risqué leur vie ». L’opposante a aussitôt martelé qu’elle voulait retourner au Venezuela.
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lia avec afp