A Lille, la municipalité a été parmi les premières à prendre un arrêté interdisant l’usage et la vente de protoxyde d’azote. Mais la mort d’un jeune homme lors de la nuit d’Halloween, percuté par un chauffard soupçonné d’avoir consommé ce gaz, montre les limites de ce qu’une ville peut faire seule.
On ne peut pas dire que l’arrêté municipal pris en mai dernier par le conseil municipal de Lille n’a pas été suivi d’effets. Le texte interdit donc depuis presque 8 mois « la consommation, la détention, la vente et la distribution de protoxyde d’azote dans plusieurs secteurs festifs identifiés ». Et sur ce laps de temps, la police municipale a dressé « plus de 500 verbalisations », notamment pour « usage, détention ou abandon de cartouches dans l’espace public ».
Une volonté politique mais des obstacles techniques
Sauf que le proto, même s’il fait l’objet d’une loi censée lutter contre les usages dangereux qui peuvent en être faits, reste un produit licite en France. Notamment parce que ce gaz est largement utilisé dans les domaines de la médecine et de l’agroalimentaire et qu’il ne figure pas sur la liste des stupéfiants de l’ANSES.
Mais les choses pourraient changer, du moins sent-on que la volonté politique va dans ce sens. La ville de Lille, lors de son conseil municipal de vendredi, a formellement demandé au gouvernement « de faire évoluer le cadre juridique afin que […] le protoxyde d’azote soit classé comme produit stupéfiant ». Et ça tombe bien, parce que de manière concomitante, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a exprimé son « souhait » d’inscrire le proto sur cette fameuse liste. Selon l’AFP, il a confirmé que le gouvernement travaillait à un encadrement strict de cette substance.
Notre dossier sur le protoxyde d’azote
Le problème de taille qui va se poser concerne la détection de la substance dans l’organisme pour prouver la consommation. Car le protoxyde d’azote est rapidement éliminé de l’organisme, entre quelques minutes à quelques heures selon le moyen utilisé. Et il n’existe pas à ce jour de test homologué comme c’est le cas pour l’alcool ou certains stupéfiants.