Par
Ludovic Ameline
Publié le
13 déc. 2025 à 20h21
À Cherbourg-en-Cotentin (Manche), les commerçants du centre-ville s’inquiètent de la baisse de fréquentation et de la progression continue des achats sur internet. Une réalité qui fragilise les boutiques indépendantes et interroge sur l’avenir du cœur de ville.
Investissement
« Chaque commande passée sur internet, c’est du chiffre d’affaires en moins pour nos commerces », souligne Marie-Line, gérante de la boutique Sylvie Thiriez à Cherbourg, qui s’inquiète pour l’avenir de son magasin.
Comme beaucoup d’autres, elle évoque un quotidien fait d’engagement et d’investissement personnel.
« Derrière nos vitrines, il y a des femmes et des hommes qui travaillent, qui se lèvent tôt, qui s’investissent personnellement et financièrement. Ils se battent chaque jour pour exister, pour offrir de la qualité, du conseil, du service et pour maintenir une vie locale dynamique. »
« Des vitrines de l’internet »
La situation est d’autant plus préoccupante que la fréquentation du centre-ville continue de reculer. « Nous faisons face à une réalité de plus en plus difficile : la baisse de fréquentation du centre-ville et la progression massive des achats en ligne », constate-t-elle, évoquant une inquiétude croissante pour l’avenir des commerces de proximité.
Un sentiment que partage Sylvie, de la boutique Chic’Petons (magasin de chaussures rue des Portes), qui constate également une très nette évolution des habitudes de consommation.
« C’est un drame, c’est de pire en pire, déplore la commerçante. La clientèle hyperfidèle s’étiole. Dans ma boutique, je vois fréquemment passer des personnes qui viennent essayer des chaussures, prendre les mesures du pied et qui ne reviennent pas. Ces personnes préfèrent commander en ligne des fins de série, pensant avoir fait la bonne affaire, ce qui n’est pas forcément le cas. Nous sommes devenus des vitrines de l’internet. »
« Nous avons besoin de vous »
Si le centre-ville est parfois décrit comme en perte de dynamisme, les commerçants rappellent que son fonctionnement dépend avant tout des habitudes de consommation.
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« On entend souvent dire que le centre-ville ne fonctionne plus. Mais comment peut-il fonctionner si l’on n’y vient plus faire ses achats ? »
Une interrogation qui se veut aussi un cri du cœur. « Nous avons besoin de vous. Votre présence, vos visites, vos achats, même modestes, sont essentiels. »
Et l’ancienne gérante de l’enseigne Carré Blanc (aujourd’hui fermée) d’évoquer un chiffre d’affaires en berne.
« Noël représente 25 % de mon chiffre d’affaires. Il y a deux ans, chez Carré Blanc, nous faisions 45 000 euros de chiffre d’affaires en décembre. Aujourd’hui, je peine à atteindre les 8 000 euros. Je suis obligée de piocher dans mes réserves pour me payer un salaire de 800 euros et régler les charges. C’est inquiétant. »
Lieu de vie
Au-delà de l’aspect économique, les commerçants défendent une certaine idée de la vie locale. « Un centre-ville, c’est un lieu de vie, d’échanges, d’humain. Il ne peut exister que si la population le fait vivre. »
Acheter local représente alors un geste citoyen, écologique et solidaire, qui contribue au maintien de l’emploi, de l’économie de proximité et de l’âme même de Cherbourg.
Par cet appel, la commerçante invite les habitants à revenir au centre-ville, à pousser la porte des boutiques locales et à soutenir un commerce qu’elle juge indispensable pour la vitalité de Cherbourg-en-Cotentin.
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