l’essentiel
La vingt-troisième édition du Petit Salon des Vins Bio apporte comme un rayon de soleil dans l’eau froide. Plus de participants (26, dont deux hors du Tarn), plus de cuvées proposées à la dégustation (125, dont 12 spiritueux), et surtout beaucoup plus de visiteurs.
Victor Brureau (domaine Peyre-Combe à Andillac), une des figures tutélaires du mouvement bio en Gaillacois, a assez de recul pour que son regard ait du crédit. « Je crois que je n’ai jamais vu autant de monde. Samedi soir, c’était plein. Ce qui est encourageant, avec beaucoup de jeunes qui prenaient le temps de goûter et s’informer ». Mathieu Vieules (Domaine Philémon à Villeneuve-sur-Vère) confirme.
« C’est un bon signe. On sait que la consommation baisse un peu partout. Cet indice de retour vers le vin est fragile, mais on est content de le prendre ». Pierre-Olivier Laurent, (domaine de Cantalauze, Lintin) a fait « un bon salon ». Il valide, comme les consommateurs, ce système atypique où les vins sont classés par catégories (blancs, rosés, rouges…) et où les producteurs s’effacent derrière le produit.
« On n’influence pas les dégustateurs, ils se font eux-mêmes leur idée sur les cuvées et achètent ce qu’ils préfèrent ». Du côté des visiteurs, tous admettent que le niveau de qualité monte. « On ne trouve plus de vins ingrats. Les vignerons savent que le premier critère d’achat est la buvabilité. Si un vin n’est pas bon, l’acheteur ne reviendra pas. » note Richard, un habitué et un palais averti.
Pas de mirage ni de miracle pourtant, les « bio » de Nature et Progrès affrontent eux aussi les vents contraires. Duncan Geddes (Château de Mayragues) : « On est tous plus ou moins dans le dur. L’export a tendance à se fermer. On est en recherche de palliatifs. Au lieu d’être focalisé sur la vigne, je transforme un peu plus mes céréales, avec deux partenaires ».
Après les 1 036 hectares arrachés cette année dans le vignoble, on parle de 800 supplémentaires l’an prochain. Mais les producteurs du Petit Salon des Vins Bio ont une carte qui peut leur permettre d’amortir le choc : ces petits domaines ont la souplesse de leur taille, proposent des cuvées différentes, sortant de la pensée dominante du « léger-fruité », animent leur domaine avec des fêtes (la Bonbonne à Cantalauze).
« Mais une petite taille a aussi un inconvénient, elle ne ménage pas les ressources financières requises pour investir dans l’outil technique » pondère Pierre-Olivier Laurent. Pour les bio comme pour les conventionnels, il faudra encore faire le gros dos en attendant des jours meilleurs.