Par Mamy Yves
Ratsimbazafy – Publié le 13 Déc 2025 à 20:30
Alors en pleine tournée africaine
en 1968, Johnny Hallyday a vu son passage à Yaoundé virer au chaos.
Une altercation explosive qui a entraîné son expulsion immédiate et
provoqué un remous diplomatique inattendu.
Au printemps 1968, Johnny Hallyday a traversé l’Afrique pour une
tournée ambitieuse censée l’emmener de Dakar à Fort-Lamy.
L’objectif était alors d’étendre son influence internationale à
travers une série de concerts célébrés comme
de véritables événements populaires. Mais alors que la France
s’embrasait sous les pavés de Mai 68, lui abordait ce voyage avec
un esprit festif, enchaînant les étapes et les rencontres. Rien ne
laissait présager qu’à Yaoundé, au Cameroun, son passage allait
provoquer une crise diplomatique retentissante. Pourtant, quelques
heures après son arrivée, l’interprète du « Pénitencier » s’est
retrouvé au cœur d’un incident suffisant pour mobiliser les
autorités françaises et camerounaises.
Johnny Hallyday expulsé après une tournée africaine
mouvementée
Selon les archives exhumées par les auteurs de Kamerun,
un conseiller français a adressé un rapport sévère à Jacques
Foccart, pilier de la cellule africaine de l’Élysée. On y lit qu’en
date du 10 mai 1968, « Monsieur Smet, dit Johnny Hallyday, chanteur
fantaisiste », aurait provoqué une violente altercation à son
arrivée à l’hôtel de l’Indépendance. Manifestement sous l’emprise
de l’alcool, selon ce rapport, le rockeur se serait battu et aurait
frappé un ministre centrafricain présent sur les lieux. Une version
officielle, brutale et sans nuances, qui a conduit immédiatement à
l’expulsion du chanteur, sans négociation possible.
« Il
y avait beaucoup de monde… » : la version de Johnny Hallyday
De retour en France, Johnny Hallyday a livré une tout autre
lecture de la scène dans une déclaration à l’AFP. Il a en effet
raconté une bousculade imprévue dans le hall d’un hôtel bondé,
alors qu’il tentait seulement de récupérer la clé de sa chambre. Un
inconnu l’aurait insulté en raison de ses cheveux longs, avant de
le saisir violemment, déchirant son polo et cassant la chaîne qu’il
portait. Pour lui, aucune intention belliqueuse, uniquement une
réaction instinctive face à une agression inattendue. Malgré son
expulsion et l’annulation de son concert, il a assuré ne ressentir
aucune rancœur envers « le peuple camerounais ».
Ahmadou
Ahidjo condamne la culture yéyé un an plus tard
L’affaire a en tout cas rebondi en 1969 lorsque le président
camerounais Ahmadou Ahidjo a publiquement critiqué la culture yéyé,
symbole pour lui d’une jeunesse « inadaptée ». Sans nommer
explicitement Johnny Hallyday, il a alors clairement visé les
idoles occidentales jugées néfastes pour un pays en pleine
construction identitaire. Un discours qui a confirmé à
quel point l’épisode dépassait le simple incident de couloir :
il illustrait un choc culturel profond entre une star en pleine
ascension et un État soucieux d’encadrer ses références.
Un épisode
marquant de la carrière du rockeur
Avec le recul, cet incident reste l’un des plus surprenants de
la carrière de Johnny Hallyday. Entre quiproquo, tensions
politiques et incompréhensions culturelles, cette expulsion express
a laissé une trace durable dans l’histoire du Cameroun… et dans la
légende déjà tumultueuse du rockeur français.