l’essentiel
Après avoir abordé l’écriture par le prisme du cosy crime, la romancière toulousaine Coralie Caujolle noircit le trait avec son nouvel ouvrage, « Le Loup qui te mangera », un thriller psychologique palpitant.
Le cosy crime, ou polar moins violent, qui faisait la marque stylistique de Coralie Caujolle, autrice toulousaine installée en Ariège, laisse place, avec la publication de son nouvel ouvrage « Le Loup qui te mangera », à un thriller de belle facture. « Quand je commence un récit, confie la romancière, je ne me pose pas la question du genre. L’histoire impose son propre rythme, son ton. C’est comme rencontrer une nouvelle personne et se dire ‘Ah, elle est comme ça !’ Ce roman s’est avéré plus sombre que les précédents. Mais ma maison d’édition était emballée dès les prémices, je me suis donc sentie libre de noircir le trait. »
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En l’occurrence celui qui trace le portrait d’une famille en apparence parfaite « qui voit son équilibre voler en éclats lorsque le fils aîné est arrêté pour le meurtre de sa meilleure amie. On suit les répercussions de cette arrestation sur chaque membre de la famille, et en parallèle, la journée de la mort de la jeune fille pour comprendre comment ce drame s’est produit. Qui ment ? Qui se ment ? » Questionnements qui rejoignent celui de la bonne victime aux yeux de la société après la découverte d’un « sondage idiot, poursuit Coralie Caujolle, arguant que Meghan Markle et l’actrice Amber Heard étaient les personnes les plus détestées sur internet. Dans un monde où Trump et Poutine existent, ça m’a laissée perplexe. Deux femmes, dont Heard qui vit comme une recluse depuis qu’elle a accusé un homme adulé. J’ai tiré le fil. »
Intensité du récit
Et l’inspiration est venue : « Outre ce sondage, c’est un amas de petites indignations du quotidien qui m’ont poussée à aborder ces thèmes, de manière spontanée : la montée de discours rétrogrades, aussi bien dans la bouche des politiques que de la jeune génération, les vidéos masculinistes sur le web, etc. » Pour ce faire, les descriptions psychologiques fouillées amènent une matière convaincante au récit. L’autrice le souligne : « J’ai voulu être au plus près des doutes de chaque personnage, gratter le vernis des apparences jusqu’à l’os. Pour autant, il ne fallait pas que l’ensemble soit larmoyant ou rébarbatif. Passer, par exemple, du personnage du père de famille qui se demande s’il n’a pas tout raté avec ses enfants, à Barnabé, le petit dernier, qui essaie de comprendre la situation du haut de ses 5 ans, permet de conserver l’attention du lecteur sans perdre en intensité. »
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Et, en filigrane, on lit la condition de la jeunesse rurale du pays : « Elle a peu de place, dans la fiction comme dans le débat public. Elle est effacée, coupée, aussi bien géographiquement que sociologiquement. Cette toile de fond me permettait de confronter mon groupe de jeunes à une question riche en nœuds de tension : partir ou rester ? » Le lecteur, lui, ne lâche pas les pages…
« Le Loup qui te mangera » de Coralie Caujolle (Éditions Eyrolles, 448 p., 18,90 €) et aussi « C’est la mort à la plage » (2024), « Bienvenue aux Bergeronnettes » (2023), « Monsieur Edgar et les impatients » (2022).