La mode émois 1/5. L’actrice décortique son rapport intime à la mode. De l’émancipation féminine permise par les grands couturiers à ses débuts remarqués sur les podiums, elle livre une réflexion profonde sur le travail collectif, la diversité de la beauté inspirée par l’âge d’or italien, et sa manière d’appréhender le privilège de vieillir.
Quel est votre lien avec la mode ?
J’ai toujours aimé le monde de l’image et j’éprouve surtout un grand respect pour la mode, car je sais et je connais tout le travail qui existe derrière une collection. J’en ai vu des couturiers trembler à la fin de leurs défilés, le poids de la responsabilité sur leurs épaules ! Et puis comme le cinéma, la mode est le reflet d’une époque, d’une société qui évolue.
La mode peut-elle changer la vie d’une femme ?
Il faut scruter le passé pour se rendre compte à quel point les couturiers ou couturières ont pu transformer le quotidien des femmes. Aujourd’hui nous nous habillons en veste et pantalon sans se poser de questions. Mais quand Saint Laurent a proposé en 1967 le premier tailleur-pantalon, version inédite pour un ensemble, traditionnellement porté avec une jupe, cela a été une vraie libération pour les femmes.
Monica Bellucci.
ROCIO RAMOS
Vos modèles de beauté ?
J’ai souvent dit que les femmes de l’âge d’or du cinéma italien avaient bercé mon enfance – Anna Magnani, Giulietta Masina, Monica Vitti, Silvana Mangano, Sophia Loren… –, mais elles reflétaient toutes une féminité très différente, chacune tellement intéressante dans l’expression de sa beauté. Quand j’ai débuté au cinéma, c’est cette diversité qui m’inspirait.
Votre souvenir mode le plus marquant ?
Mon premier défilé pour Dolce & Gabbana, à l’âge de 18 ans. J’avais déjà posé pour des photos de mode, mais je n’avais jamais marché sur un podium. Je ne pensais pas pouvoir défiler, car mon corps tout en rondeur ne correspondait pas aux standards du moment. J’étais aussi très émue d’être exposée devant un public, et cette émotion, je la ressens toujours aujourd’hui quand je suis sur scène, au théâtre ou sur le tapis rouge. Je me sens beaucoup plus protégée dans les studios de cinéma.
Monica Bellucci fait la couverture du Madame Figaro en 1997.
MADAME FIGARO / MADAME FIGARO
Un geste qui vous vient de la mode ?
Le respect. Car nous ne sommes jamais seuls pour créer de la magie. Maquilleur, coiffeur, photographe, styliste…, une séance photo, c’est un travail collectif. J’écoute aussi les avis de mes filles – Deva (aujourd’hui mannequin et actrice, NDLR) et Léonie – quand je dois faire des choix.
Quelle est votre tenue signature ?
Je suis super basique au quotidien : chemise, jean, veste. Presque ennuyeuse.
Un accessoire qui ne vous quitte jamais ?
Ma bague Clash Cartier.
Ce qu’on ne vous fera jamais porter ?
Des ballerines avec une robe du soir peut-être… Franchement, je préfère les talons et un beau décolleté. Et je porte encore des robes en dentelle transparentes…
Une astuce beauté à partager ?
Rien de révolutionnaire. Massages, crèmes appropriées, gym et alimentation saine, c’est la base. Je pratique aussi l’acupuncture pour stimuler le collagène. Il faut surtout essayer de trouver du temps pour prendre soin de soi, ce qui n’est pas toujours simple pour les femmes.
Comment mieux vivre les années qui passent ?
Je suis pour la liberté d’expression sur son corps. Chacun expérimente ce qu’il veut du moment que cela le rend heureux. Mais avant tout, apprécions le fait d’être en vie, car l’âge qui passe n’est-il pas aussi un privilège ?
Prochainement au cinéma dans 7 Dogs, d’Adil El Arbi et Bilall Fallah, Histoires de la nuit, de Léa Mysius, et Ketticè, de Giovanni Tortorici.