Ce projet illustre la transformation urbaine de ces zones périphériques au profit du logement. Des bureaux et un groupe scolaire sont également au programme.
La concession d’aménagement de la zone commerciale Mérignac Soleil pilotée par La Fab, la SPL de la métropole de Bordeaux (Gironde), illustre la transformation urbaine de ces zones périphériques. Sur 69 ha, l’objectif porte sur la réalisation de 278 000 m2 SP et 2 100 logements. A ce jour, 804 ont été livrés ou sont en travaux dans le cadre de la première phase.
En janvier, la seconde débutera. Au programme : 950 logements, 20 000 m2 de commerces, 700 m2 de bureaux et un groupe scolaire. Une nouvelle équipe de maîtrise d’œuvre urbaine a été désignée pour l’occasion. « Après sept ans à travailler avec OMA, nous avons souhaité un renouvellement, explique Aurélie Héraut, directrice de projet aménagement à La Fab. L’agence List a apporté une évolution sur la question de la morphologie urbaine avec la possibilité d’ouvrir les îlots et d’offrir des vues vers le grand paysage. »
« Libérer du foncier »
Le plan-guide élaboré par List prône l’imbrication des fonctions : des socles commerciaux plus compacts, des logements en superstructure, des parkings silo et un maillage paysager avec déplacements doux en cœur d’îlot. « Combiner ces stratégies nous permet de libérer du foncier », précise Charles Dilphy, architecte chargé de l’opération chez List. « Maintenir l’activité économique en place est compatible avec le quartier, estime-t-il, le défi étant de faire cohabiter les flux, les familles, les camions… Pour cela, nous travaillons les parcours. »
Si, sur la première phase, les enseignes Castorama et Fiat ont souhaité partir, sur la deuxième, l’objectif est de faire avec les commerces. « Nous voulons accompagner ceux qui veulent rester, précise Aurélie Héraut, en maintenant leur accessibilité, leur visibilité et leur chiffre d’affaires. » Pour cela, La Fab mise sur l’urbanisme partenarial. « Nous incitons la trentaine de partenaires (commerces et foncières) à travailler ensemble sur les sujets du stationnement, des mobilités… », détaille-t-elle.
Le stationnement fait justement partie des enjeux majeurs de cette opération. « Pour libérer les sols, annonce Charles Dilphy, la réduction de l’emprise des parkings est indispensable. Toutes les places seront en silo, c’est un changement d’usage, même si Carrefour en avait fait construire un il y a dix ans. » La question qui s’est posée est celle de leur localisation. « Près des grands magasins », tranche l’architecte.
Nhood et Bouygues Immobilier accompagnés de Scalene Architectes et UR Architecture Urbanisme ouvrent le bal avec une opération de 22 000 m². Véritable démonstrateur de cette nouvelle vision, il combinera logements, commerces et une petite partie tertiaire. Une allée verte de 33 m de large connectera l’îlot à l’arrêt de tramway, situé au nord. L’obtention du permis de construire est attendue pour le mois prochain.
Trois parcs
La particularité de cet aménagement reste sa renaturation : 90 % du site était artificialisé, « avec des parkings calibrés pour Noël et le Black Friday », précise Charles Dilphy. Après l’intervention de l’agence Michel Desvigne, la nature aura reconquis 20 % de la zone. « Sur les 69 ha, nous prévoyons 18 ha d’espaces publics, dont 6 ha végétalisés et 20 ha d’espaces privés, dont 14 ha également végétalisés (jardins et toitures plantées) », liste Mariangela Pellerito, cheffe de projet chez le paysagiste.
Trois parcs seront créés, deux à partir de friches et le dernier ex nihilo. « Sur cette seconde phase, le curseur du végétal est poussé au maximum, et la particularité de cette opération porte sur une ambition globale déployée à grande échelle », précise Guillaume Leuregans, chef de projet à l’agence.
Le réemploi s’invite dans les logements
La Fab, qui mène une démarche ambitieuse de réemploi des matériaux depuis 2017, veut à présent impliquer l’acquéreur. Dans le cadre de l’opération menée par Nhood et Bouygues Immobilier, les acheteurs des logements libres et en bail réel solidaire auront accès à un showroom qui présentera des éléments de réemploi : revêtements de sols, faïence, appareil électrique, sanitaires, aménagements intérieurs… Une expérimentation accompagnée par R-Use, société de conseil et d’ingénierie en réemploi et design circulaire, et financée par France Active. La Fab entend établir une méthode afin de dupliquer cette initiative. « S’il y a un surcoût lié à la déconstruction sélective et soignée, ainsi qu’aux tests de caractérisation, précise Aurélie Héraut, directrice de projet aménagement à La Fab, l’élément réemployé, généralement haut de gamme, est concurrentiel par rapport à son équivalent dans le neuf. Son prix peut être, en revanche, 13 % plus cher qu’un produit neuf bas de gamme. »