C’est pas facile, quand on est un homme, de dire qu’on a peur.

C’est inaudible de le dire quand on vit dans un pays en guerre. Qu’on a l’âge d’aller se battre. Et que refuser de partir, c’est possiblement laisser quelqu’un mourir à sa place.

Refuser de partir c’est croiser tous les jours des mères qui ont perdu leur fils.

Refuser de partir, c’est payer. Et tricher. Quand d’autres n’ont ni les moyens, ni les contacts pour le faire.

Mais que feriez-vous si vous viviez vous aussi en Ukraine ? Si vous saviez que cette guerre est un quasi-corps à corps avec l’ennemi russe dans les zones les plus disputées ?

Que feriez-vous si vous étiez Alexander ou Igor* ?

L’un a soudoyé un médecin qui l’a déclaré inapte. L’autre a payé un officier pour sortir du centre de rétention de l’armée dans lequel on s’apprêtait à lui mettre une arme dans les mains. Voilà comment il justifie son choix :

“Une personne normale elle ne veut pas aller à la guerre, personne ne veut tuer des gens. Les Ukrainiens sont des gars forts mais c’est surtout qu’ils n’ont pas le choix. On veut nous faire passer pour des robots mais ont est des gens comme les autres et on est au bout de nos forces.”

Le peuple Ukrainien a montré un courage inouï depuis le début de l’invasion russe. Les histoires de tous ceux qui partent se battre volontairement ne sont pas des histoires inventées à des fins de propagande. Ce courage existe.

Mais l’autre réalité, c’est que 250 000 hommes en âge de se battre ont déserté depuis 2022. Plus de la moitié les sept premiers mois de 2025. Ca veut dire que c’est de pire en pire.

Voici donc deux histoires rares de désertion racontées par Noé Pignède : deux hommes qui n’ont pas le courage d’aller à la guerre, mais le courage de dire : j’ai peur.

« Ukraine, payer pour échapper aux tranchées », un reportage de Noé Pignède

Production, Xavier Yvon

Réalisation, Lucie Lemarchand

Chargée de programme, Martine Meyssonnier

Mixage, Loïs Moreau, Anne-Laure Cochet

*les prénoms ont été changés