“Mektoub My love : Canto Due” d’Abdellatif Kechiche
Abdellatif Kechiche clôt une trilogie tournée il y a 9 ans et la sortie de ce troisième volet n’était plus attendue.
Le deuxième fut présenté à Cannes en 2019 avec une scène de sexe intégrée au montage final sans le consentement de son actrice principale. Le film n’est jamais sorti en salle pour des raisons de droits musicaux.
Depuis cette sortie annulée, Abdellatif Kechiche a été l’objet d’une plainte pour agression sexuelle classée sans suite, sa société de production a fait faillite et un AVC l’a empêché d’accompagner ce nouveau film au festival de Locarno l’été dernier.
Voilà pour le contexte. Contexte qui a peut-être joué dans le montage du troisième volet de cette fresque, inspirée du roman de François Bégaudeau intitulé “La Blessure, la vraie.”
La jeunesse de Sète, incarnée par les mêmes acteurs, est toujours au cœur du film. Nous sommes en 1994, on retrouve Amin, Tony, Céline, Ophélie et le désir qui circule entre eux.
Amin rêve toujours de cinéma et l’arrivée d’une jeune actrice américaine, flanquée de son vieux mari producteur rend son rêve possible.
La starlette américaine, interprétée par Jessica Pennington affirme à Amin : “les réalisateurs, il n’y a pas pire, toi tu es trop innocent pour l’être”.
“Dites-lui que je l’aime” de Romane Bohringer
Ce deuxième long métrage de Romane Bohringer, est inspiré du roman autobiographique de Clémentine Autain.
Au début du film, Romane Bohringer met en scène la nécessité d’adapter ce livre : comme elle, Clémentine Autain a perdu sa mère quand elle était enfant.
La mère de Clémentine Autain s’appelait Dominique Laffin, elle était comédienne et est morte à l’âge de 32 ans.
La mère de Romane Bohringer s’appelait Marguerite Bourry, elle est décédée à l’âge de 36 ans.
Ces deux femmes ont eu un parcours assez proche. L’une et l’autre ont eu 30 ans dans les années 70, elles n’ont pas su ou pu être mères, l’alcool et la drogue les ont emportées.
La comédienne Eva Yelmani incarne ces deux femmes à l’écran.
Dans le deuxième mouvement du film, Romane Bohringer mène plus précisément l’enquête sur sa propre mère.
“Résurrection” de Bi Gan
C’est le troisième long métrage du cinéaste chinois Bi Gan, qui a l’âge de 36 ans fut lauréat du prix spécial du jury lors du dernier festival de Cannes.
Dans un futur lointain, le cinéma n’existe plus et les humains ont cessé de rêver. Mais quelques-uns résistent, on les appelle les rêvoleurs.
Une femme mystérieuse jouée par Shu Qi, explore l’imaginaire de l’un de ces rêvoleurs, incarné par la star chinoise Jackson Yee.
En allant d’un rêve à l’autre, ce “rêvoleur” endosse différentes identités et parcours un siècle d’histoire de de la Chine et du cinéma.
Le film embrasse des techniques, des genres – film muet, film noir, science-fiction – et des références nombreuses.
Il est composé de cinq parties, chacune est associé à l’un des cinq sens, de la vision d’abord, au toucher pour terminer.
C’est donc un film odyssée par son propos, sa forme et sa durée 2h40.
Depuis sa sortie, les critiques crient tantôt au chef-d’œuvre et les autres qui y voient un film ennuyeux et boursouflé.
“La Condition” de Jérôme Bonnell
Pour le scénario, Jérôme Bonnell s’est inspiré d’un roman de Léonor de Récondo intitulé “Amours”, au pluriel.
Première adaptation littéraire et premier film d’époque pour Jérôme Bonnell, puisque l’histoire se déroule en 1908.
André est un notaire bien établi qui vit dans une vaste demeure normande, au milieu de quatre femmes.
Au rez-de-chaussée, sa mère grabataire, mais à la rudesse intacte.
Sous les toits deux bonnes, dont la plus jeune se prénomme Céleste.
A l’étage, André vit avec sa jeune épouse, Victoire, et certains s’étonnent que le couple n’ait pas d’enfants.
Victoire subit l’intimité conjugale et les soirs où elle se refuse à son mari, il abuse de Céleste.
La jeune bonne tombe enceinte et l’enfant à venir va faire vaciller l’équilibre de la maisonnée.
C’est un huis clos autour de ce duo de femmes Victoire et Céleste, la bourgeoise et la bonne. Louise Chevillotte interprète Victoire, Galatéa Bellugi est Céleste, Swann Arlaud incarne André et Emmanuelle Devos, sa mère.
“Gérald Le Conquérant” de Fabrice Eboué
“La Normandie, c’est moi !” hurle Gérald, métis normand – Fabrice Eboué à l’écran – qui entend défendre sa région natale contre l’invasion parisienne, entre autres.
Auto-investi de cette mission, Gérald a un projet d’envergure : créer “un parc d’attraction identitaire” en l’honneur de son héros, Guillaume Le Conquérant.
Malgré le peu d’adhésion à ce projet, Gérald se lance avec son épouse – jouée par Alexandra Roth – son fils, interprété par Logan Lefebvre et ses copains de bistrots.
Toute l’histoire est racontée sous la forme d’un faux-documentaire, ce qui suppose œillades vers les spectateurs que nous sommes et témoignages des personnages face caméra.
Les coups de cœur :
- Christophe Bourseiller : le film « Lady Nazca » de Damien Dorsaz
- Marie Sauvion : le film « Fuori » de Mario Martone
- Ariane Allard : le film « Love me tender » d’Anna Cazenave Cambet
- Nicolas Schaller : le livre « Ecran noir : Les histoires vraies derrière les films » d’Eric Libot, Dark side