Par
Isabelle Villy
Publié le
14 déc. 2025 à 13h14
Alors qu’un troupeau entier de 207 vaches, affecté par la dermatose bovine en Ariège a été abattu vendredi 12 décembre 2025 par les services vétérinaires, des agriculteurs de la Seine-Maritime et de l’Eure ont tenu à témoigner de leur soutien à leurs collègues du Sud-Ouest, en se rassemblant vendredi soir sur le rond-point des vaches, à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, et à l’échangeur du Moulin-d’Écalles, sur l’A28. Pas de blocage, pas de manifestation, mais simplement le besoin d’exprimer la solidarité du monde agricole et l’incompréhension face aux décisions prises par les autorités.
« On ne peut pas admettre ça »
« On ne sait pas où tout cela va s’arrêter ! Pourquoi décider d’abattre tout un troupeau ? On évoque le principe de précaution, d’accord, mais est-ce qu’on s’interroge sur la réglementation dans le transport des animaux, par exemple », se demande Jérôme Canival, agriculteur à Surtauville, dans l’Eure. « On ne peut pas admettre ça », poursuit l’agriculteur céréalier, qui a connu le monde de l’élevage, notamment à l’époque de la « vache folle » (encéphalopathie spongiforme bovine), dans les années 1990.
Et il en garde un souvenir traumatisant : « s’habituer au silence dans une ferme où tout un cheptel a été tué, c’est terrible, on ne s’en remet pas », confie Jérôme Canival, qui ne sait donc que trop bien ce que peuvent actuellement éprouver ses collègues de l’Ariège.
Incompréhension et colère
Et au-delà de l’incompréhension, on sent que la colère n’est pas loin chez les agriculteurs, qui n’en finissent plus de subir les crises, l’une après l’autre. « Il n’y a pas de dialogue, tout a été décidé en haut. Personne ne parle. Le gouvernement est aux abonnés absents. On n’entend pas non plus s’exprimer les vétérinaires », dénonce Jérôme Canival, qui s’interroge sur l’avenir.
Craintes pour l’avenir des jeunes et de la filière agricole
« Nous, on travaille pour nourrir la population, on est respectueux des normes et de l’environnement, alors qu’avec le Mercosur, on va importer de la viande qui n’est pas produite selon les mêmes contraintes que la nôtre », s’insurge l’agriculteur, qui est profondément inquiet pour l’avenir des jeunes et pour la filière agricole. « Avec cette décision d’abattage, on a peut-être déjà rayé le monde agricole de la carte », craint-il.
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Les agriculteurs de Normandie sont inquiets pour l’avenir de la filière. (©DR)Difficile de reconstituer un cheptel
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a affirmé, samedi 13 décembre, à nos confrères d’Ici Occitanie « qu’aucun éleveur ne sera laissé seul et que les pertes seront indemnisées. Nous allons, dans les semaines qui viennent, vacciner près d’un million d’animaux et donc, protéger les éleveurs », a-t-elle annoncé, concédant que l’abattage constitue « un traumatisme immense ».
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Pour l’agriculteur normand, les indemnisations ne répareront pas le préjudice, d’autant qu’il est très « difficile aujourd’hui de reconstituer un cheptel. Il n’y a pas assez d’animaux », assure l’agriculteur.
Pas de danger pour l’homme
La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est apparue en France en juin dernier et touche actuellement quatre départements en Occitanie, dans les Pyrénées-Orientales, en Ariège et dans les Hautes-Pyrénées. Cette affection ne présente pas de danger pour l’homme mais elle peut entraîner la mort des animaux.

De nouvelles mesures ont été décidées au plan national pour limiter la propagation du virus. (©DR)
Dans un communiqué, ce 12 décembre, la préfecture de la Seine-Maritime indique qu’il s’agit d’une « maladie virale, fortement préjudiciable à la santé des bovins [qui] conduit à des pertes de production importantes du cheptel infecté ».
Trois nouvelles mesures pour limiter la propagation du virus
Le ministère de l’Agriculture vient de mettre en place trois nouvelles actions à l’échelle nationale pour limiter la propagation du virus : jusqu’au 1er janvier 2026, les rassemblements festifs de bovins sont interdits, les notifications de mouvements bovins doivent être faites dans les 24 heures qui suivent le mouvement (au lieu de sept jours), enfin, les moyens de transport de bovins devront être désinsectisés en cas de mouvement en dehors de la France.
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