1 C’est qui ?

Né à Rennes il y a 80 ans, Gabriel Aubert, dit Gaby, est le fondateur de Radio Rennes (100.8 FM), l’une des quatre radios « libres » de la ville. Jazz, chanson française, culture… L’ADN de la radio est à l’image de son créateur, qui a fait ses débuts dans le monde du spectacle à la tête d’un café-théâtre de la rue Saint-Hélier en 1976. L’occasion de se faire un carnet d’adresses après une carrière de près de 20 ans dans des domaines sans lien avec la culture (boucher, représentant de commerce…). En retraite depuis 20 ans, cet autodidacte – il a arrêté l’école à 14 ans en raison d’une grave maladie – fait aujourd’hui partie d’une équipe d’une trentaine de bénévoles (pour 2,5 salariés). Il anime les tranches 10 h 10-11 h et 23 h 10-minuit. « Je continuerai la radio jusqu’à ce que je ne puisse plus marcher », assure l’infatigable octogénaire.

2 Radio free Roazhon

1981. Le groupe REM sort son morceau mythique Radio Free Europe. La même année, François Mitterrand est élu président de la République. Si les chars de l’Armée rouge ne défilent pas sur les Champs Élysées, la bande FM est, elle, libérée. Enfin presque. Anticipant une élection de « Tonton » en mai, Radio Rennes s’est lancée sur les ondes dès avril. Mais il faudra attendre un peu avant d’émettre en toute liberté. « À partir de mi-mai, on était brouillé tous les jours », se souvient Gaby Aubert. La situation se décante en septembre. Des dizaines de radios « pirates » deviennent « libres » avec la fin du monopole d’État instaurée par le socialiste.

3 Dinosaure 2.0

Rembobiner une cassette audio dont la bande a déraillé avec une paire de ciseaux. C’est l’un de ces petits bonheurs -ou grosses galères- que la « gen Z » ne connaît pas. Gaby, lui, se rappelle avec nostalgie de ce petit bout de plastique qui permettait notamment aux auditeurs sans le sou d’enregistrer le tube du moment sur leur radio préférée. « On doit être l’une des rares radios à avoir conservé tout un stock de K7. » Pas question pour autant de rester figé dans le passé. Radio Rennes est diffusée sur un site Internet, qui reçoit « 9 500 » visiteurs quotidiens. De quoi élargir la zone de chalandise. « On est écoutés jusqu’à Washington. »

4 Chambre à diffuser

Gérant du café-théâtre Le Ranelagh rue Saint-Hélier à partir de 1976, Gaby Aubert gère les artistes, qu’il accompagne parfois dans l’émission de José Arthur sur France Inter et se rend régulièrement chez France Bleu Armorique. Il se pique au jeu de la radio. Les débuts de Radio Rennes sont rock’n’roll. « J’avais mis à disposition mon appartement. On est montés sur les toits pour mettre -très dangereusement- l’antenne. Le premier émetteur a été fabriqué par un copain qui était à Supelec. La régie était dans la cuisine, le studio dans la chambre. J’ai même dû abattre une cloison. » Problème : l’appart était en location. « Je n’ai pas récupéré ma caution », se marre l’octogénaire.

5 Menace sur la bande

19 millions d’euros. C’est l’enveloppe du Fonds de soutien à l’expression radiophonique -qui permet le financement des radios libres – prévue dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2026. 44 % de moins qu’en 2025 où les 770 émetteurs associatifs avaient reçu de l’État une somme de 35 millions d’euros. « Beaucoup vont disparaître », craint Gaby. La situation est d’autant plus critique que « le Département a également baissé ses dotations » et que la Ville « ne peut pas les augmenter ».