Des camions de protestation ont récemment été déployés devant le siège de HYBE à Yongsan et celui de SM Entertainment à Seongdong, à Séoul. En cause : la colère d’une partie de fans après la propagation de rumeurs de relation entre Jungkook (BTS) et Winter (aespa).
Sur les écrans LED installés sur les véhicules, des messages visant directement les deux artistes s’enchaînent, évoquant leurs tatouages, leur vie privée et allant jusqu’à remettre en question leur place au sein de leurs groupes respectifs. Une escalade qui relance un débat déjà sensible en Corée : jusqu’où peut aller le “fan activism” sans basculer dans l’illégalité ?
Une pratique banalisée… mais pas sans risques légaux
Les « camions de protestation » sont devenus monnaie courante dans la culture fandom, souvent utilisés pour faire pression sur des agences ou exprimer un mécontentement collectif. Mais lorsque le contenu affiché dépasse la critique pour devenir attaque personnelle, la question de la responsabilité pénale se pose.
Dans ce cas précis, plusieurs juristes estiment que certaines phrases diffusées pourraient relever de la diffamation ou de l’injure, telles que des accusations de « tromperie envers les fans » ou des injonctions à quitter les activités de groupe.
En droit coréen, l’article 307 du Code pénal sanctionne le fait de porter atteinte à la réputation d’une personne en diffusant publiquement des informations, qu’elles soient vraies ou non. L’utilisation d’écrans géants visibles par un large public renforce la notion de publicité de l’acte, un élément clé pour caractériser l’infraction.
Les organisateurs en première ligne
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Les premiers exposés à des poursuites sont les organisateurs et initiateurs de la manifestation. Ce sont eux qui planifient l’action, louent les véhicules et coordonnent la diffusion des messages. À ce titre, ils pourraient être considérés comme auteurs principaux des infractions présumées.
Les personnes ayant rédigé les slogans ne sont pas épargnées non plus. La justice coréenne reconnaît la coaction : même sans exécuter matériellement l’acte, contribuer intentionnellement à sa réalisation peut suffire pour être poursuivi comme complice.
« Je n’ai fait que donner de l’argent » : une défense fragile
Le point le plus sensible concerne les donateurs. Les camions sont généralement financés via des collectes en ligne, parfois ouvertes à de très petites contributions. Pourtant, le montant n’est pas le critère décisif.
Selon les experts, tout dépend de la connaissance préalable du contenu. Si les appels aux dons mentionnaient explicitement une action visant à dénoncer la rumeur ou à attaquer personnellement l’artiste, et que les contributeurs ont participé en toute connaissance de cause, ceux-ci pourraient être considérés comme complices ou instigateurs indirects.
Des précédents judiciaires existent : par le passé, des personnes ayant financé des frais logistiques liés à des rassemblements illégaux ont été reconnues coupables de complicité. L’argument de la « simple intention de soutenir » n’a alors pas suffi.
Une pression croissante sur les agences
Du côté des fans de BTS, notamment ARMYs, ces camions ont provoqué une onde de choc. Beaucoup dénoncent une usurpation du nom du fandom et réclament une réaction ferme de HYBE pour protéger Jungkook, alors que le groupe se prépare à son retour.
Le silence prolongé des agences est de plus en plus critiqué, certains estimant qu’il encourage indirectement la prolifération de campagnes diffamatoires. Cette affaire alimente ainsi un débat plus large sur la responsabilité des labels face à des formes de harcèlement devenues plus visibles, organisées et coûteuses.
Quand le fan engagement franchit la ligne rouge
Présentés comme des actes de « fan love », les camions de protestation montrent ici leurs limites. Une fois la frontière légale franchie, l’émotion collective peut se transformer en responsabilité pénale, touchant non seulement les meneurs, mais aussi ceux qui ont contribué financièrement.
Un signal clair, selon plusieurs observateurs, que la passion pour un artiste ne protège pas de la loi – et que chaque participation à ce type d’action mérite désormais une réflexion sérieuse.
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