Publié le
14 déc. 2025 à 13h00
Depuis cette fin novembre 2025, un morceau de Saint-Hymer (Calvados), est exposé à Paris, aux Invalides, plus précisément au Musée de l’armée, l’une des parties du grand monument.
Lundi 15 décembre, à 18 h 30, une cérémonie marquera « l’inauguration » d’une sculpture en bois doré, de 2,6 m d’envergure et 40 kg, représentant un aigle impérial et ayant orné le tombeau provisoire de Napoléon lors de la cérémonie de « retour des Cendres », en 1840. De nombreux officiels militaires seront présents, et la communication du musée indique qu’un discours « expliquera comment l’aigle a été retrouvé ».
Et c’est justement cette partie de l’histoire qui se déroule à Saint-Hymer, car c’est dans le village que l’aigle a été découvert en avril 2021. Le Prieuré, alors propriété du centre hospitalier de Pont-l’Évêque, était en vente et le sous-préfet de Lisieux de l’époque, Guillaume Lericolais, avait souhaité le visiter.
« Tous les objets de valeur avaient déjà été retirés des bâtiments. Et quelle ne fut pas ma surprise en tombant sur cet aigle ; il m’a aussitôt interpellé, d’autant plus que l’ancien propriétaire du prieuré était Jean-Charles Langlois. Pourtant il reposait là, à l’abandon, et aurait sans doute fini à la benne lors des travaux du nouvel acquéreur », racontait-il au Pays d’Auge à l’époque.
Récupéré par le colonel Langlois, mais quand ?
Figure de Beaumont-en-Auge, Jean-Charles Langlois était un illustre colonel de l’armée napoléonienne, ayant participé à toutes les campagnes de l’empereur. De quoi rendre la présence d’une « relique » chez lui explicable ? C’est l’intuition du sous-préfet, qui lance alors des recherches. Bingo ! Dans son testament, le colonel Langlois lègue le Prieuré au centre hospitalier de Pont-l’Évêque, en 1863, et mentionne « l’oratoire du Prieuré, où sont l’aigle des Cendres de Napoléon Ier et les autres souvenirs de l’Empire »…
Après la découverte, Guillaume Lericolais a milité pour que l’aigle soit donné au Musée de l’armée, et ce dernier a poursuivi ses recherches pour retracer le parcours de l’aigle. Rien n’est formellement attesté, mais la notice de l’œuvre mentionne des hypothèses : « Est-ce pour le remercier que, vers 1856, l’empereur fait don au peintre militaire d’un aigle de la cérémonie du retour des Cendres, ou Langlois récupère-t-il la ronde-bosse après la cérémonie du 15 décembre 1840 ? »
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Formulé autrement : l’aigle n’a-t-il servi que lors de la cérémonie ou a-t-il ensuite orné le tombeau provisoire aux Invalides ? Le musée ne tranche pas et la notice évoque trois hypothèses : « L’aigle arrive dans le prieuré de Saint-Hymer en 1840 (date de la cérémonie du retour des Cendres de Napoléon Ier), en 1855-1856 (date de la commande d’un tableau au peintre par Napoléon III), ou en 1861-1863 (dates de l’inhumation de Napoléon Ier et du retrait des derniers éléments du décor relatifs au retour des Cendres et du testament de Langlois). »
L’aigle suspendu au plafond du musée
Quoi qu’il en soit, l’aigle est finalement arrivé à Paris en 2023, où il a été soigneusement restauré. Désormais, le voici exposé dans la première salle du musée, consacrée à l’histoire et à la mémoire de l’hôtel des Invalides. Une localisation « permettant de rapprocher ce très rare et précieux témoin de la cérémonie du retour des Cendres, ainsi que de l’évocation du rôle joué par la construction du tombeau de l’Empereur dans la transformation de l’église Saint-Louis des Invalides en Panthéon militaire et haut-lieu de la mémoire nationale ».

L’aigle impérial est désormais exposé aux Invalides, là où il aurait surplombé le tombeau de Napoléon, il y a plus de 150 ans lors du rapatriement de son corps. ©Musée de l’armée
Rapace majestueux, l’aigle doré a même l’honneur d’être suspendu au plafond et de « voler » au-dessus de la pièce, évoquant « la position surplombante qu’occupait l’aigle au sein de l’église du Dôme, où le tombeau a pris place de 1840 à 1861 ». Après un siècle et demi en terre augeronne, l’oiseau est enfin rentré dans son nid.
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