Il y a plus d’un an, des chercheurs britanniques et hongrois élaborent ensemble un nouveau modèle géométrique : les « soft cells ». Tout récemment, les chercheurs ont dévoilé une expérience qui vient de se terminer, impliquant un séjour de cette nouvelle forme géométrique à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS). Pour certains observateurs, il s’agit là d’une des expériences les plus remarquables jamais réalisées dans l’espace.
Observer le comportement d’une soft cell en microgravité
En septembre 2024, l’Institut de Mathématiques de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni) publiait un communiqué relatant la découverte d’un modèle géométrique inédit : les « soft cells ». Élaborées avec la collaboration de chercheurs de l’Université de technologie et d’économie de Budapest (Hongrie), ces formes que l’on retrouve dans certaines structures biologiques sont capables de remplir l’espace sans arêtes droites (sommets pointus), tandis que leur face ne sont pas nécessairement planes. Par ailleurs, la création des soft celles s’inspire de la géométrie du Gömböc, c’est à dire le premier exemple physique d’un objet homogène tridimensionnel convexe comportant un unique point d’équilibre stable et un unique point d’équilibre instable (mono-monostatique).
Dans un autre communiqué publié le 19 novembre 2025, les mêmes scientifiques ont dévoilé les résultats d’une expérience concernant la variante de soft cells dite « F2 », aux surfaces minimales. Cette dernière a passé six mois à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS). L’experience s’est déroulée dans le cadre du programme spatial hongrois HUNOR, dont la préparation a reçu l’aide de la NASA et d’Axiom Space. L’objectif était de remplir la structure d’eau en microgravité afin d’observer le comportement des surfaces courbes molles, en l’absence d’influence du poids du liquide. Or, les résultats ont été plutôt surprenants.
« L’expérience de la cellule molle, initialement conçue comme une simple démonstration de faisabilité et d’explication des principes physiques pour les lycéens, s’est avérée un succès retentissant. », peut-on lire dans le compte-rendu de l’expérience.
Crédit : Université d’OxfordLa variante F2 utilisée pour l’expérience à bord de l’ISS.Une possible implication de l’impression 3D
Dans les faits, la gravité a permis à l’eau d’adopter des configurations impossibles sur Terre, révélant la manière avec laquelle les surfaces minimales se répartissent dans un volume aussi particulier qu’une cellule souple. Le phénomène est d’ailleurs visible dans une vidéo présente en fin d’article.
Mais comment cette structure a t-elle été fabriquée ? Malheureusement, les sources officielles ne donnent aucune précision concernant la méthode utilisée. Néanmoins, tout porte à croire que l’impression 3D aurait permis la création de la nouvelle forme géométrique. Il faut dire qu’habituellement, la fabrication additive permet d’obtenir ce genre de configurations complexes, rapidement et avec une grande précision.
En ce qui concerne les applications possibles des soft cells, il s’agit dans un premier temps de mieux comprendre la géométrie à l’origine de l’organisation de nombreux tissus biologiques. Cependant, il n’est pas impossible que dans un avenir plus ou moins proche, le principe des soft cells puisse ouvrir la voie vers la création de bâtiments et autres structures sans angles, sur Terre et peut-être même dans l’espace.
Voici la vidéo de démonstration du comportement de la variante F2 des soft cells, à bord de l’ISS :