Tombé de très haut au cœur du déluge d’É dimbourg, Toulon est-il déjà remis de ses émotions ? De sa colère ? De sa frustration ? Au vu du morceau qui se présente à Mayol, les protégés de Mignoni vont vite le savoir.

Vainqueur de la Challenge Cup la saison dernière, tenant du titre de la Coupe d’Angleterre et sacré champion de Premiership, Bath a tout d’un épouvantail. « Ils sont clairement favoris de cette Champions Cup, prévient le tacticien toulonnais. On sait que ce sera un très gros morceau pour nous. » L’entraîneur dit vrai. Tandis que son équipe pataugeait sur le synthétique du Hive Stadium, Bath, quant à lui, collait sur ses terres 40 pions au Munster. Cinq essais, un bonus offensif… les Anglais lançaient parfaitement leur compétition.
« Bath te coince pour te martyriser »
Toulon, de son côté, sait qu’il ne peut déjà plus vraiment se permettre un faux pas, au risque de tomber dans une réelle spirale négative. Jérémy Sinzelle, encore titulaire au centre de l’attaque cet après-midi, raconte : « On est en mode phase finale. On n’a plus le droit à l’erreur. La saison dernière, on avait gagné chez les Stormers [en Afrique du Sud] quand là, on a démarré par une défaite. C’est à nous de bien rebondir à Mayol. J’entends beaucoup : “On est intraitable à Mayol”. Ce week-end on passe un test, donc on va voir. »
Dans les faits, oui, Toulon est bien « intraitable » dans son antre. La preuve ? Sur ses 24 derniers matches à Mayol, la bande à Mignoni est sortie par 22 fois victorieuse. Les deux défaites étant le barrage face à La Rochelle, il y a une éternité (le 15 juin 2024 pour être précis), et le quart de finale de Champions Cup face au Stade toulousain, le 13 avril dernier.
Oui, mais. Le dire et le constater ne fait pas tout. Pour contrer Bath, il faudra avant tout verrouiller son capitaine et maître à jouer : un certain Finn Russell. Mais pas que. Pierre Mignoni reprend : « C’est une erreur de ne cibler que lui. Ils ont beaucoup d’individualités. Mais oui, Finn Russell les fait bien jouer. C’est un “10” qui sait animer à la main, qui fait des passes au pied, qui peut te mettre sous pression au pied et alterne énormément son jeu. »
Justement. La semaine dernière à Edimbourg, c’est bien dans le secteur de l’occupation que Toulon a coulé. Et ça, le coach toulonnais le sait : « Il faudra être bien meilleur qu’en Écosse. Bath te met énormément de pression chez toi, te coince pour te martyriser, te presser. Ils attendent une faute pour ensuite jouer. C’est une équipe qui ressemble à ce qui se fait en France. Elle est capable d’être physique, d’attaquer tous les rucks, avec une défense qui ne te laisse pas beaucoup d’oxygène. »
Toulon n’est pas mort
Mis dans l’embarras par cette défaite inaugurale qu’il traînera forcément comme un boulet, le RCT est pourtant encore loin d’avoir tout perdu. Et même si cette phase de poules de Champions Cup n’offre que quatre cartouches dans son barillet, même un revers face à Bath ne l’enterrerait pas.
S’il n’envisage évidemment pas de perdre, Pierre Mignoni a tenu à clarifier la situation : « C’est une compétition qui a un format très court, on le sait. J’ai entendu que c’était cuit, qu’on ne pouvait plus se qualifier. Ce n’est pas vrai. On peut encore le faire. C’est sûr que l’on ne pourra pas finir dans les meilleurs premiers. Mais c’est encore trop tôt. On sait qu’on a perdu des points précieux, on sait qu’on s’est loupés, merci. On l’a entendu, à juste titre. Maintenant, on a besoin de soutien. Il y a des moments difficiles dans une saison, reste à voir notre réaction ce week-end. »
Comprenez que ce dimanche après-midi, Pierre Mignoni et tout son groupe comptent sur un Mayol des grands jours.