La très discrète Infinite Orbits, qui se développe dans la surveillance, l’inspection des satellites et la prolongation de vie des engins en orbite géostationnaire, sort de l’ombre. Cette entreprise, pourtant fondée en 2018 à l’université Columbia, à New York, prend la parole pour annoncer avoir levé 40 millions d’euros. Ce second tour de capital, après un premier de 12 millions d’euros effectué en mars 2024, a été réalisé auprès du Fonds du Conseil européen de l’innovation et des fonds d’investissement européen Matterwave Ventures, Wind Capital, Balnord. L’Irdi et Newfund Capital remettent la main à la poche.
« Nous sommes parmi les cinq gagnants au monde. Il n’y en aura pas beaucoup plus, selon mon point de vue. Nous voulons accélérer notre offre commerciale en ouvrant des bureaux en Europe pour être proches des autorités des pays », explique Adel Haddoud, le président d’Infinite Orbits, entreprise d’une centaine de personnes domiciliée au centre-ville de Toulouse depuis 2020. Si une entité a été ouverte au Luxembourg, là où réside son client Société européenne de satellite (SES), et en Espagne, il manque à couvrir l’Allemagne et l’Angleterre.
Un contrat-cadre de 50 millions d’euros de la DGA
Infinite Orbits dispose d’un carnet de commandes de 150 millions d’euros sur les trois à cinq prochaines années pour deux produits : Orbite Guard, un outil de 150 kg chargé d’identifier les astronefs espions cherchant à s’approcher des satellites militaires français ; et Endurance, un satellite d’un poids de 800 kg destiné à prolonger la vie d’actifs spatiaux comme les satellites télécoms en s’amarrant à d’autres satellites. En août 2025, l’entreprise a obtenu un contrat-cadre d’un montant maximum de 50 millions d’euros de la Direction générale de l’armement (DGA) pour fournir un service de surveillance pour le Commandement de l’espace (CDE) qui sera lancé en 2027.
Pour l’heure, les composants fabriqués par des sous-traitants sont testés et assemblés par l’entreprise dans des salles blanches louées et situées au Danemark. « On adapte des locaux industriels à Toulouse à nos besoins mais nous ne les posséderons pas », prévient Adel Haddoud. « Des moyens existent et sont sous-utilisés. C’est dommage de tout reconstruire. Et, si on veut continuer de vendre à l’export, l’aspect coût est primordial. »
Audrey Sommazi
Sur la photo : Infinite Orbits a enregistré un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros en 2024 et de 20 millions d’euros en 2025. Crédit : Infinite Orbits.