GUIDO BERGMANN / AFP
Friedrich Merz saluant le président ukrainien Volodymyr Zelensky avant une réunion dans la cour de la Chancellerie à Berlin, le 14 décembre 2025.
Un gros compromis pour faire avancer les négociations. Accueilli à Berlin ce dimanche 14 décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est entretenu pendant cinq heures avec des émissaires américains dans l’espoir de convaincre Washington qu’un cessez-le-feu doit être mis en place en Ukraine sans concessions territoriales préalables à la Russie. De nouvelles discussions ukraino-américaines se tiendront lundi et une seconde réunion prévue le soir rassemblera de nombreux dirigeants européens.
Avant le début de ces pourparlers avec les américains et ses partenaires du Vieux continent, le président ukrainien a déclaré que son pays avait fait une croix sur son ambition de rejoindre l’Otan, un objectif pour lequel il milite pourtant depuis des années, ont rapporté le Financial Times et Reuters en premier. « Dès le départ, l’Ukraine souhaitait adhérer à l’Otan […] Certains partenaires américains et européens n’ont pas soutenu cette orientation », a regretté le président ukrainien.
Mais cette concession de taille s’accompagnerait d’une condition. Si l’Ukraine ne rejoint par l’Alliance, d’autres « garanties de sécurité contraignantes » doivent protéger son pays, a-t-il réclamé. « Nous voulons être sûrs qu’il n’y aura pas de répétition de la guerre après un cessez-le-feu », a justifié Volodymyr Zelensky.
Une revendication majeure de Moscou
Il s’agirait d’un mécanisme inspiré de l’article 5 de l’Otan prévoyant une protection mutuelle des pays membres, comme le demandait Kiev auparavant. « C’est déjà un compromis de notre part », a jugé Volodymyr Zelensky, car il s’agit d’une revendication majeure de Moscou. La Russie exige en effet depuis longtemps que l’Alliance transatlantique s’engage à mettre fin à son expansion vers l’est comme condition à la fin de la guerre.
Ces garanties de sécurité émaneraient des États-Unis, des Européens, et d’autres pays comme le Japon et le Canada. Elles devraient être juridiquement contraignantes et soutenues par le Congrès américain, a également demandé le chef d’État ukrainien, d’après Le Monde.
Peu avant la rencontre, Volodymyr Zelensky a aussi dit vouloir convaincre les États-Unis de soutenir un cessez-le-feu impliquant un gel de la ligne de front, et non la cession à Moscou de tout le Donbass (est), comme réclamé par le Kremlin et proposé par Washington. « Je sais que la Russie ne voit pas cela d’un bon œil et j’aimerais que les Américains nous soutiennent sur ce point », a-t-il affirmé.
Alors que les hostilités se poursuivent, ajoutant de nouvelles victimes aux centaines de milliers de morts et de blessés, Donald Trump a affiché son impatience face à la lenteur des discussions autour de son plan de règlement du conflit déclenché par l’invasion russe de février 2022. Kiev et ses alliés européens le jugent en l’état trop favorable à Moscou.
Maintenus sur la touche par une Maison Blanche très critique de ses alliés du Vieux continent, les Européens veulent ce lundi peser sur les pourparlers, arguant que la sécurité européenne est en jeu et que la Russie est une menace continentale.