Dans l’est de la RDC, malgré l’accord de paix signé le 4 décembre à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda sous l’égide des États-Unis, les combats n’ont pas cessé sur le terrain. Cette semaine, de violents affrontements ont opposé les FARDC, appuyées par les Wazalendo, aux rebelles de l’AFC-M23 dans le Sud-Kivu. Le mouvement rebelle affirme avoir pris Uvira, tandis que Kinshasa accuse Kigali de violer le cessez-le-feu.
Jason Stearns, professeur d’études internationales à l’Université Simon Fraser, au Canada, revient sur la façon de faire respecter l’accord de Washington.
Interview de Jason Stearns
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Interview avec Jason Stearns
Au moment où les deux chefs d’Etat étaient à Washington pour signer, les préparations étaient en cours pour la prise de Kamanyola et ensuite pour la prise d’Uvira. Ça c’est, je pense, quand même humiliant pour les États-Unis. Il faut maintenant voir quelle sera la réaction des États Unis.
Certains, au sein de l’administration Trump, poussent pour des sanctions contre le Rwanda, mais il faut dire que les opinions ne sont pas unanimes au sein de l’administration Trump.
Et il faut aussi rappeler, surtout au public congolais, que le Congo occupe un rôle très périphérique dans la politique étrangère américaine et surtout dans la politique de Donald Trump qui, je pense, bénéficie de très, très, très peu d’attention par rapport à ce qui se passe en RDC.
Il n’y a presque aucun média américain qui a mentionné la prise d’Uvira, donc ce n’est pas humiliant pour Trump dans le sens que ça n’a pas été médiatisé.
Quelles attentes après l’accord de paix Rwanda–RDC ?
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DW : Est ce que vous pouvez nous dire de quels moyens contraignants disposent aujourd’hui les Etats-Unis pour mettre fin à cette guerre?
Si les États-Unis veulent vraiment mettre fin à cette guerre, ils ont plusieurs moyens. Ils n’ont plus d’aide directe, humanitaire ou de développement vers le Rwanda depuis qu’ils ont fermé les portes de USAID, le programme d’aide internationale.
Ils ont recommencé d’ailleurs, il y a quelques semaines, un nouveau programme de santé international dont le Rwanda est bénéficiaire. Ils ont reçu une promesse de 158 millions de dollars d’aide pour la santé au Rwanda. Donc, ça, c’est parmi les enveloppes qui pourraient suspendre à cause de ce qui vient de se passer.
Et finalement, c’est ça qui est surtout sous étude actuellement : ils pourraient imposer davantage les sanctions contre le Rwanda.
Ils l’ont déjà fait, notamment sur le sur James Kabarebe, qui est maintenant conseiller à la présidence et qui joue un grand rôle dans la guerre en RDC, et ils pourraient étendre cela à des autres compagnies rwandaises.
S’ils mettaient Gasabo Gold, qui est la seule raffinerie d’or au Rwanda et qui appartient au ministère de la Défense, s’ils frappent Gasabo Gold avec des sanctions, ça nuirait fortement à l’économie rwandaise et surtout au pouvoir en place.