Faire preuve de caractère. Action consistant, de par sa définition, à affirmer vigoureusement sa personnalité, à agir avec fermeté. Alors oui, hier après-midi face au champion d’Angleterre, ce Toulon-là en a fait preuve, de caractère. L’ultime essai de Teddy Baubigny, treize secondes après la sirène, en est le symbole. Pourquoi ? Parce qu’à ce moment précis, poussé au cul par ses trois-quarts à la suite d’une touche parfaitement captée par Corentin Mézou, le talonneur venait faire sauter le bonus défensif de Bath… et exploser Mayol, par la même occasion. « Dans une compétition courte, où tous les points comptent, ça peut faire la différence, débriefe Dany Priso Mouangué, encore à chaud. On peut en être fiers. On devait se racheter du match à Edimbourg et là, on a relevé le défi. Certes, avec quatre essais, ils prennent un point… mais on est content de leur avoir enlevé le défensif. »

« Dès que tu as un peu peur, ça te rend meilleur »
Avouez que, comme nous, vous avez eu du mal à reconnaître le Toulon d’hier, comparé à celui de dimanche dernier, au cœur de la capitale écossaise. Pierre Mignoni en est le premier conscient : « Ce groupe est vraiment capable de montrer un certain visage, avec ses défauts, ses erreurs, ses imprécisions, mais avec un courage, une ténacité et une solidarité incroyables. Mais maintenant, il faut vraiment qu’on arrive à reproduire ça à l’extérieur. »
Face aux coéquipiers de Finn Russell, tout n’a pas été parfait, non. La preuve ? Cette première mi-temps où, malgré les essais de Brian Alainu’uese (13e) et Juan Ignacio Brex (33e), Toulon, pourtant dominateur, ne cesse de remettre les Anglais dans la partie.
Des renvois mal captés, cette incapacité chronique à gagner les duels aériens… et les voici taille à taille à la pause (18-13). « On a fait encore un peu trop de cadeaux, concède Pierre Mignoni. On leur a donné des points, ou en tout cas des occasions de recoller au score. C’est le gros point noir de la soirée. Mais après, quelle envie, quelle énergie, quel courage parfois… » Et il fait bien de le souligner. Parce qu’hier, contrairement au naufrage d’Edimbourg, son équipe a refusé de lâcher.
Au forceps, et avec un paquet d’avants monstrueux, Toulon a finalement pris lentement le dessus sur Bath. Avec la peur comme moteur ? « Clairement, oui. On jouait quand même l’une des meilleures écuries d’Angleterre, reprend Jérémy Sinzelle. Le champion en titre, qui a gagné le Challenge Cup l’an dernier. Une équipe qui monte en puissance. Alors oui, franchement, on a eu peur. Et dès que tu as un peu peur, ça te rend meilleur. Le huit de devant a été incroyable. Ils avaient été piqués toute la semaine. Ça montre que quand ils veulent, ils peuvent être là et faire preuve de caractère. J’espère que ça va continuer. Il ne faut pas que ce soit un coup oui, un coup non. »
Mentalité retrouvée
Même transpercé trois fois par Santiago Carreras (51e), Arthur Green (60e) et Louie Hennessey (76e), le RCT a su riposter grâce à des essais de Gaël Dréan (55e), Lewis Ludlam (66e) et l’ultime de Teddy Baubigny (80e+1).
Alors oui, tout le monde en conviendra, cette deuxième sortie européenne n’a pas été parfaite. Mais hier, les coéquipiers de Charles Ollivon se sont tout de même offert le luxe de taper Bath, ne l’oublions pas. Et ce succès a surtout laissé entrevoir ce que ce Toulon était capable de faire la saison dernière : gagner au courage. Nul doute qu’avec cette mentalité, la bande à Mignoni peut se remettre à voyager avec l’esprit conquérant.