DÉCRYPTAGE – Le feuilleton du championnat de France de football s’est refermé ce week-end pour trois semaines, à l’occasion des fêtes de fin d’année. L’heure est aux premiers bilans.

Nos coups de cœur
RC Lens, la belle histoire qui fait du bien à la Ligue 1

En début de saison, il fallait faire partie des plus fervents supporteurs lensois pour imaginer les Sang et Or en tête au classement à la fin de l’année. Et encore, ils étaient sans doute peu nombreux à imaginer un tel parcours. Malgré des moyens limités et après la fuite des talents (Samba, Danso, Khusanov, Frankowski, Medina…), les dirigeants nordistes ont réalisé un quasi-sans-faute au mercato de l’été dernier (Édouard, Thauvin, Sarr, Baidoo, Sangaré…). Surtout, la greffe a aussi rapidement que naturellement pris avec le nouveau coach, Pierre Sage. Coup de foudre au premier regard. Solide défensivement et ambitieux dans le jeu, Lens, c’est le fond et la forme. À voir si le Racing pourra tenir ce rythme toute la saison…

«Ce sont des visionnaires» : qui sont ces hommes clés qui font briller le RC Lens et chahutent le PSG ?

Les champions du monde composent un (sacré) feuilleton

Dans une Ligue 1 désireuse de raconter de belles histoires (et de séduire des abonnés), Olivier Giroud, Paul Pogba, Florian Thauvin et Benjamin Pavard, tous de retour au bercail l’été dernier, remplissent leur rôle, à des degrés divers. Au total, huit champions du monde garnissent les rangs de notre championnat (Dembélé, L. Hernandez, Tolisso, Sidibé en plus), dont un Ballon d’Or, et font souffler un vent de fraîcheur et de nostalgie qui fait du bien.


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Le Lillois Olivier Giroud (39 ans) a déjà quasiment réussi sa saison (4 buts), le Monégasque Paul Pogba revient timidement, le Lensois Florian Thauvin est ressuscité (5 buts), tandis que le Marseillais Benjamin Pavard tient son rang. Tous sont appréciés du public français, heureux de (re)voir les héros de 2018 chaque week-end. Giroud a été applaudi à Lens, Pogba, à Rennes. Et c’est plaisant à voir dans un monde du football de plus en plus aseptisé. Ces garçons racontent une histoire, un parcours, parfois sinueux, mais ne laissent personne insensible. Ils ont préféré, pour certains, le retour au pays aux contrats en or au Moyen-Orient. C’est tout à leur honneur. Impossible de passer sous silence la magnifique première partie de saison de Corentin Tolisso (3 buts) avec un Olympique Lyonnais qui n’a plus un sou mais beaucoup de cœur. Au point de revoir « Coco » avec les Bleus l’été prochain en Amérique ?

La chaîne Ligue 1+ au rendez-vous

L’an dernier, à pareille époque, nous partagions les (nombreux) doutes sur la qualité offerte par DAZN quant à sa couverture de la Ligue 1. Cette saison, reconnaissons la réussite de Ligue 1+. Sans rien inventer de spécial non plus, le nouveau diffuseur du championnat (beIN Sports garde un match encore une saison) offre professionnalisme, décryptage et bonne humeur. Même si cela manque aussi d’une vraie tête d’affiche chez les consultants. Du côté des abonnements, la réussite est au rendez-vous avec plus d’un million de personnes séduites par le projet éditorial (qui propose notamment plus d’images inside dans les clubs et les vestiaires) et des tarifs attractifs. La route est encore longue pour que le succès, encore fragile, de la chaîne, ne remplisse les caisses de clubs aux finances exsangues. Mais les bases sont posées.

Panichelli-Barco, le duo argentin de Strasbourg qui rêve du Mondial

Les suiveurs de la Ligue 1 ont appris à les apprécier, au point de ne presque plus pouvoir s’en passer. Si le club alsacien connaît une baisse de régime en décembre (témoin le match nul 0-0 contre Lorient ce dimanche), Joaquin Panichelli (23 ans) et Valentin Barco (21 ans) ont réussi avec panache leur première partie de saison. L’attaquant (1 sélection), qui a débarqué dans l’anonymat le plus total en provenance de D2 espagnole à Mirandés contre 16,50 M€, est l’une des belles trouvailles du mercato XXL des Alsaciens. Dans le plus pur style argentin, agressif, solide et précis, il s’est fait un nom en Ligue 1 au point de figurer à la 3e place au classement des buteurs (9 buts). Le milieu de terrain (1 sélection), déjà entrevu la saison passée, est, lui, l’un des meilleurs joueurs du championnat à son poste. Fin, technique, malin, agressif et doté d’un gros volume de jeu, il a peu d’équivalents en L1  excepté les milieux du PSG. Ce duo n’a qu’un rêve en fin de saison : disputer la Coupe du monde avec l’Argentine.

Nos coups de griffe
Le PSG au petit trot

Au même stade de la saison passée, le PSG affichait un bilan de 12 victoires et 4 nuls en Ligue 1, pour un total de 40 points. Pas la moindre défaite au compteur et sept points d’avance sur l’OM, deuxième. Au terme de la 16e journée, les hommes de Luis Enrique sont loin de faire aussi bien, tant au niveau comptable que dans le contenu, collectivement ou individuellement, comme l’a encore prouvé leur difficile victoire à Metz samedi (2-3). Devancés par Lens au classement, ils ont pris 36 points, avec déjà deux revers (Marseille, Monaco), autant que sur l’ensemble de la saison écoulée.

Les raisons, on les connaît : émoussés physiquement et mentalement après la campagne 2024-2025, les Parisiens ont été plombés par les blessures. Luis Enrique a mis l’accent sur la C1, avec la réussite que l’on sait (le classement de C1 ici), opérant un large turnover en L1 et ouvrant en grand la cage aux titis. Il n’y a pas le feu au lac, au vu de la marge parisienne dans les joutes nationales, mais attention à ne pas trop jouer au lièvre et à la tortue…

Metz-PSG : les Titis répondent présent, le bon retour de Doué… Les tops et les flops


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OM et Monaco, des cadors pas (vraiment) au niveau

Sur le papier, l’OM et l’AS Monaco devraient être en mesure de titiller un PSG au petit trot. D’ailleurs, Marseillais et Monégasques ont fait chuter les champions d’Europe, au Vélodrome (1-0) et à Louis-II (1-0). Pour l’heure, c’est néanmoins le RC Lens qui est dans ce rôle d’outsider pour le titre. Malgré le changement d’entraîneur et l’arrivée de Sébastien Pocognoli sur le banc, les Asémistes peinent à trouver la bonne carburation. Les ultras monégasques reprochent « un modèle basé sur la finance au lieu du sportif » et des « joueurs perdus sur le terrain, sans mental ni ressources ». Ils réclament le départ du directeur sportif, Thiago Scuro.

Du côté de l’OM, le climat est logiquement moins tendu, et encore moins après un succès… sur Monaco (1-0) dimanche. Pas de crise sur la Canebière, mais les hommes de Roberto De Zerbi ont déjà gâché beaucoup (trop ?) de cartouches, à l’image des nuls contre Angers (2-2) et Toulouse (2-2). Cette équipe, ce club, peut et doit faire mieux encore. Au moins, les deux clubs sont dans les clous pour disputer la phase finale de Ligue des champions…

Paris FC, en attendant mieux

Le changement de dimension s’opère tout doucement. Depuis le rachat du Paris FC, la famille Arnault, et notamment Antoine, en première ligne, n’a de cesse de répéter que le club grandirait « pas à pas ». 14e au classement après une lourde défaite à domicile contre Toulouse samedi (0-3), le deuxième club parisien (4e budget de Ligue 1 avec 130 M€ derrière Monaco, l’OM et le PSG) est dans les clous quant à son objectif initial de maintien. Côté tribunes et engouement, la réussite est là avec un nouveau public à Jean-Bouin (plus de 17 000 spectateurs de moyenne sur une capacité de 19 000 places), séduit par les prix attractifs et l’ambiance bon enfant.

Prix des places, accueil, restauration, ambiance… Paris SG-Paris FC, qui remporte le match de la meilleure soirée au stade ?

Côté terrain, la formation de Stéphane Gili s’est montrée enthousiaste, portée par l’ailier Ilan Kebbal, avec notamment un match spectaculaire contre Lyon (3-3) ou une victoire à Monaco (0-1). Tout en affichant ses limites à certains postes (milieu, attaque) après un recrutement mitigé en dépit d’un investissement conséquent (58 M€). Le club va recruter cet hiver pour assurer un maintien tranquille. En rêvant plus grand la saison prochaine ?

Nice, la crise à tous les étages

Un actionnaire (Ineos) discret, pour ne pas dire absent, des dirigeants (Bocquet, Maurice) à peine audibles, un entraîneur (Haise) sur le départ mais toujours là, des joueurs pas au niveau et des supporteurs qui ont franchi la ligne jaune… Le tableau d’ensemble fait peine à voir du côté de l’OGC Nice, 13e en Ligue 1 et 36e (dernier) au classement de Ligue Europa. Triste spectacle sur le terrain, pathétique situation en coulisse dans un club dont plus personne ne sait quel est le vrai projet. 2026 doit être l’année du rebond, encore faut-il que tout le monde tire dans le même sens. Une chose est certaine, les vacances de fin d’année auront un goût amer sur la Côte d’Azur au sein d’une institution à la dérive.


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L’arbitrage, encore l’arbitrage, toujours l’arbitrage

La Var devait régler tous les problèmes, disait-on. Effacer les polémiques et aider les arbitres. Force est de constater que ce n’est pas le cas. Pas suffisamment. Ou peut-être qu’elle n’est pas utilisée à bon escient… Dans tous les cas, il ne se termine pas une journée de championnat sans une nouvelle polémique. Manque d’uniformité, décisions incompréhensibles…

On se souvient par exemple de l’improbable évaluation de Stéphanie Frappart, qui choisissait de ne pas sanctionner le tacle violent du Rennais Anthony Rouault sur le Lyonnais Khalis Merah. « C’est haut mais ça ne reste pas, ça glisse », avait-elle osé. Récemment, Clément Turpin a juste averti le Monégasque Lamine Camara, coupable d’un tacle fou sur la cheville du Parisien Lucas Chevalier. « On a un vrai problème de fond avec l’arbitrage », a résumé le président lillois Olivier Létang. Sanctionné en début de saison, le directeur sportif marseillais Mehdi Benatia n’a « même plus envie [de parler d’arbitrage]. J’ai assez payé et ça ne sert à rien », a-t-il tempêté. Il y a urgence à trouver des solutions.