l’essentiel
Si Toulouse a bénéficié de renforts policiers, la sécurité reste la priorité des candidats aux municipales. Le maire sortant promet de nouvelles caméras. Les socialistes ne toucheront pas à ce dispositif quand les Insoumis veulent, eux, un audit de la vidéosurveillance.
« Je confirme que la sécurité reste au premier rang de nos préoccupations. » Le maire de Toulouse lui-même, Jean-Luc Moudenc, candidat à sa succession pour un troisième mandat d’affilée, a placé la sécurité en pole position de cette campagne des municipales lors de sa déclaration de candidature début novembre. Troisième ville de France avec plus de 500 000 habitants, la Ville rose souffre des maux des grandes villes, notamment une délinquance de rue la nuit autour des lieux de fête des 100 000 étudiants.
Pénalisée pendant longtemps par un déficit de policiers nationaux, la ville a redressé la barre avec des renforts, surtout les 111 agents supplémentaires du contrat signé en 2020 avec le Premier ministre Jean Castex. Et depuis son retour au Capitole en 2014, Jean-Luc Moudenc a mis le paquet : doublement des effectifs de la police municipale (390 agents aujourd’hui) et arrivée des caméras (de 21 à 690). Pour le Capitole, les résultats sont là : des cambriolages divisés par deux en dix ans et une baisse des délits sur la voie publique quand la violence augmente mais dans la sphère privée.
S’il n’a pas encore dévoilé son programme, le maire sortant, menacé à sa droite, a d’emblée proposé l’installation d’une caméra par rue, soit 2 200 au total.
Le RN en embuscade
À gauche, ses deux adversaires, la liste du Parti socialiste et des Écologistes alliés à sept autres formations, et le député Insoumis François Piquemal, critiquent des résultats jugés pas à la hauteur. « La ville est moins sûre malgré vos investissements », a taclé Vincent Gibert (PS) au conseil municipal de septembre. La gauche socialiste ne veut pas faire l’impasse sur la sécurité. D’où une divergence avec les Insoumis : « nous ne remettrons en cause aucun moyen déployé », a lancé la tête de liste François Briançon.
Car en juillet, Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée, avait jeté un pavé dans la mare en annonçant le désarmement des polices municipales et le démantèlement des caméras. À Toulouse, François Piquemal a dû nuancer : « nous ne désarmerons pas des armes de protection mais décréterons un moratoire sur les armes létales ». Et un second moratoire sur les caméras, le temps d’un audit.
« Nous sommes pour une politique de l’humain d’abord », clame le candidat LFI qui promet « une police municipale de proximité » avec « 4 agents pour chacun des 84 quartiers ». Et veut aussi « renforcer la médiation et lutter contre les discriminations ».
Jean-Luc Moudenc n’a pas manqué de dénoncer les positions de « la gauche mélenchoniste ». Dans la foulée, il a distribué un tract en forme de pétition. Le président du groupe majoritaire, Nicolas Misiak, avait été plus explicite : « ces gens-là sont dangereux pour Toulouse ».
Au plan caméras de Jean-Luc Moudenc, « une proposition électoraliste pas sérieuse », François Briançon a opposé « une culture du résultat ». Et il a annoncé ouvrir lui aussi « le chantier de la médiation ».
En 2026, l’extrême droite pourrait jouer l’arbitre du scrutin. Si le RN ne s’est pas encore lancé, le parti d’Eric Zemmour réclame, lui, 5 000 caméras.