Depuis son enfance, Omar Bena savait qu’il voulait devenir musicien. Cependant, le manque d’opportunités et la pression de ses parents l’ont empêché de poursuivre son rêve au Maroc, jusqu’à ce qu’une possibilité d’étudier à l’étranger se présente en 2006. Censé initialement étudier à Taïwan, des complications l’ont mené en Thaïlande, en Malaisie, à Hong Kong, en Chine et, finalement, en Corée. C’est là qu’il a commencé son parcours de musicien.

«Quand je suis allé en Asie, j’ai eu plus de liberté pour explorer cet aspect de moi-même», a-t-il confié à Yabiladi. «Donc, j’ai fini par jouer plus de musique.»

Originaire de Casablanca, Bena vit en Corée depuis 2007, soit près de deux décennies depuis son arrivée dans le pays. Il a lancé divers projets, dont un groupe qu’il a formé en 2018 et qui fait parler de lui.

Avec une basse lourde et un son groovy, Omar and the Eastern Power combine gnaoua, sahel, rock psychédélique et afro-beats avec une touche coréenne. Le groupe est composé de Bena, d’un percussionniste égyptien et de trois musiciens coréens. Autant la musicalité unique attire, autant Bena a l’impression que le groupe se trouve au bon endroit au bon moment.

«J’ai eu la chance d’arriver à cette époque en Corée, où le pays s’ouvrait davantage à la musique underground», a-t-il déclaré.

Se faire un nom

Le groupe a élargi son public cette année en jouant lors de concerts importants, comme à des festivals coréens notables tels que l’Incheon Pentaport Rock Festival et le Block Party Music & Arts Festival, selon Bena.

Un grand jalon a été atteint, avec une participation à Visa for Music de cette année, qui promeut les artistes africains et moyen-orientaux à travers des concerts à Rabat.

«L’année dernière, nous avons été invités, mais nous n’avons pas pu venir, donc tout le monde nous attendait avec impatience», a déclaré Bena. «De plus, comme nous n’avons pas beaucoup d’occasions de jouer en dehors de la Corée, c’était vraiment excitant. En même temps, j’étais nerveux de jouer au Maroc parce que c’est mon pays d’origine.»

L’événement marque la première date du groupe au Maroc, grâce au soutien du sponsor Wijhat (ou Destinations), un programme qui aide à financer les artistes arabes dans le cadre d’opportunités créatives. Malgré le trac, Bena affirme que le groupe a passé un excellent moment et que le public a été réceptif à sa musique.

«Le théâtre était plein, les gens attendaient que nous jouions et le spectacle était génial. Nous pouvions voir les gens danser, apprécier notre musique. C’était une belle sensation, comme une très bonne récompense, car nous avons travaillé dur sur notre musique ces dernières années. Ensuite, beaucoup de gens sont venus nous voir après et ont dit : « où vous cachiez-vous tout ce temps ? »»

Un échange culturel

Bena dit que le groupe «a vraiment apprécié le Maroc» et qu’il souhaite revenir avec pour se produire dans d’autres festivals. Il essaie de retourner au moins une fois par an, surtout pendant les hivers coréens froids.

«Chaque fois que je reviens au Maroc, je me reconnecte avec mes racines et ma culture. Je recharge les batteries, puis je retourne en Corée pour continuer à faire de la musique et trouver de nouvelles inspirations.»

Omar Bena

Bena a récemment déménagé de l’île de Jeju, au large de la côte sud de la péninsule coréenne, pour revenir à Séoul, la ville où il a découvert la Corée pour la première fois.

«Je l’aime plus qu’avant parce qu’à l’époque, je ne parlais pas beaucoup le coréen. Maintenant, je maîtrise la langue et je suis content de redécouvrir la ville, aborder les gens, les personnes âgées, les passants et les commerçants. On est plus en immersion dans la culture du pays», nous dit-il.

Alors que de nombreux pays connaissent une montée du discours anti-migration, Bena espère qu’Omar and the Eastern Power serve d’exemple illustrant comment le multiculturalisme profite à la créativité et rapproche des univers différents.

«Des personnes de nationalités ou d’origines différentes qui se réunissent et créent quelque ensemble, c’est l’une des meilleures choses que vous puissiez montrer et partager avec le reste du monde», a-t-il déclaré.

Actuellement, le groupe travaille sur un nouvel EP, qui comprendra quatre chansons et dont la sortie est prévue pour 2026.

«Elles parlent essentiellement de nos histoires, de ces dernières années en Corée, en tant qu’identité d’un migrant vivant dans un pays étranger, et aussi du fait de ne pas appartenir à 100% à ce pays», a-t-il dit.