Lors de la conférence organisée par « La Provence » et la SFHTA, les participants ont pu tester leur tension artérielle en direct. Éric Di Meco, ancien joueur de l’OM, n’a pas hésité à montrer l’exemple, rappelant que l’hypertension peut frapper sans…

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« Non, les traitements de l’hypertension artérielle ne sont pas incompatibles avec les petites pilules bleues qui boostent la vitalité sexuelle, à condition de les utiliser avec prudence. » « Oui, les anti-inflammatoires en automédication peuvent être dangereux et augmenter la tension. » « Non, le cholestérol et l’hypertension ne sont pas liés directement, mais leur association multiplie le risque cardiovasculaire. » « Oui, les hommes sont les plus concernés avant 50 ans. Après la ménopause, les femmes prennent le relais, avec une hypertension souvent mal prise en charge. » « Oui, le vieillissement impacte nos artères. Elles se rigidifient et font grimper la pression systolique naturellement. »

Dégâts sur le long terme

À l’occasion d’une conférence portée par La Provence et la Société française d’hypertension artérielle (SFHTA), les spécialistes de la question ont balayé les idées reçues, bien aidé par l’ancien joueur de l’OM Éric Di Meco, transformé en meneur de jeu. D’une même voix, ils ont rappelé que cette maladie gagne du terrain à bas bruit et provoque des dégâts sur le long terme, pouvant mettre sur la touche ceux qui ne sont pas dépistés. « Elle concerne en France, près de 17 millions d’adultes, soit environ 1 adulte sur 3, et 6 millions de personnes ignorent encore que leurs artères ont besoin d’être soignées », a appuyé François Silhol, cardiologue à l’hôpital de la Timone. C’est aussi l’histoire du célèbre sportif. Lors d’un banal contrôle de santé pour des papiers administratifs, il a découvert qu’il était hypertendu comme sa mère et son frère. « Je vis depuis sous traitement », a avoué Éric di Meco.

Pour la présidente de la SFHA, Théodora Angoulvant, c’est une « maladie qui joue un drôle de jeu ». Car, côté symptômes, rien de vraiment marquant à signaler, mais côté risques, la liste est longue : « Elle abîme progressivement les artères, le cœur, les reins et même le cerveau sans prévenir. Les symptômes arrivent bien des années après. Il est difficile donc de prendre la vraie mesure de cette pathologie. Le meilleur allié c’est de se faire dépister, tous les ans à partir de 40 ans par une simple prise de tension. Pour établir un diagnostic fiable, il ne suffit pas d’une seule mesure : il faut répéter les prises sur au moins trois jours. » En Europe, le seuil retenu est de 140/90 mmHg, contre 130/80 mmHg en Amérique du Nord.

Bouger, manger moins salé… et rester motivé

Réduire le sel, marcher 30 minutes trois fois par semaine, perdre quelques kilos, arrêter le tabac… « Ces gestes simples peuvent faire baisser la tension de 10 à 15 mmHg. Mais la réalité est plus dure : neuf patients sur dix n’arrivent pas à maintenir ces changements sur la durée. D’où la nécessité d’un traitement médicamenteux, souvent à vie, recommande le Pr Gabrielle Sarlon, responsable du Centre d’excellence européen en hypertension artérielle de la Timone. Il ne faut jamais arrêter son traitement sans avis médical, même si la tension redevient normale. »

Et d’insister : « Il ne faut pas le voir comme une contrainte. Les médicaments sont des prolongateurs de vie en bonne santé. »

L’avenir, toutefois, laisse entrevoir des solutions plus simples et mieux tolérées : comprimés combinés, injections semestrielles actuellement en essais cliniques. En les attendant, le Dr Silhol résume avec une formule bien actuelle qui a marqué l’auditoire : « Prendre son traitement, c’est cotiser pour sa retraite santé. »