Jean-Michel Aulas et Véronique Sarselli (LR) ont demandé un audit des finances de la métropole et un contrôle de légalité appuyé du budget voté ce lundi.
Crédité d’intentions de vote flatteuses à la mairie de Lyon, Jean-Michel Aulas s’attaque désormais à la gestion de la métropole, également dirigée par une majorité de gauche écologiste. L’ex-patron de l’Olympique Lyonnais a gravement remis en cause le budget de cette collectivité méconnue mais concentrant une grande partie des compétences et des finances des 59 communes qui la composent. Avec sa tête de liste au Grand Lyon, Véronique Sarselli (LR), ils ont demandé un contrôle de légalité appuyé de l’État sur le budget 2026, voté ce lundi, qu’ils estiment «insincère», lors d’une conférence de presse avant l’ouverture des débats.
«La métropole dépense plus, prélève plus et a moins de marges de manœuvre, a asséné Véronique Sarselli. Les recettes augmentent de 3,4% pour atteindre près de 2,9 milliards d’euros parce que la pression fiscale a fortement augmenté sur les entreprises, les propriétaires et les usagers». Au cœur de ces recettes, le camp Aulas a ciblé la progression des droits de mutations. Ces «DMTO» dans le jargon immobilier représentent la part des frais de notaires revenant à la collectivité sur chaque transaction. Cette progression, qui doit nourrir les finances métropolitaines, a été «surévaluée» selon le clan Aulas.
«Nous savons tous qu’il s’agit là de recettes imprévisibles, non pilotables et volatiles», a dénoncé la Véronique Sarselli, demandant «une vigilance de la préfète sur le contrôle de légalité du budget». Ce contrôle de légalité est effectué «de façon systématique par la préfecture sur les actes les plus importants des collectivités territoriales, dont le budget, répond l’entourage du président de la métropole Bruno Bernard (EELV). Les budgets de la métropole ont toujours été ratifiés par les services de l’État».
Le Grand Lyon prévoit une augmentation liée à une légère embellie du marché de l’immobilier lié au recul des taux d’emprunt notamment. L’estimation d’augmentation se base sur les données de la Direction générale des finances publiques (DGFIP) précise la collectivité. Le Grand Lyon a par ailleurs augmenté le ratio de ces DMTO de 4,5% à 5% comme l’a permis la loi de finances 2025, provoquant une augmentation mécanique des recettes. Bruno Bernard a reconnu des recettes «vulnérables», renvoyant à ses opposants de la droite et du centre les «mesures successives prises par les gouvernements de Macron (…) que votre groupe soutien» sur la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), la TVA ou la taxe d’habitation.
Aulas demande un audit, les écologistes un débat apaisé
L’équipe de Jean-Michel Aulas a par ailleurs demandé un «audit indépendant» sur les résultats de la majorité écologiste depuis 2020. Une étude qu’il souhaiterait basée sur les objectifs fixés dans la PPI – la feuille de route d’investissements du mandat – pour mesurer l’impact des mesures en faveur de l’environnement notamment. «Elle montrerait certainement que seulement une part infinitésimale, probablement moins de 10%, des actions auraient un effet positif réel sur la transition écologique», a avancé l’ancien patron de l’OL.
Le budget de la métropole pour 2026 intègre un milliard d’euros de dépenses d’investissement, dont 650 millions dédiés à la réalisation de la PPI. Parmi elles, on retrouve les priorités politiques de la majorité comme l’accès au logement, le social et le développement des mobilités douces. Dans le détail, 40 millions d’euros iront en 2026 à la poursuite du réseau cyclable, 3,7 au développement et à l’entretien des Vélo’v électriques, 3 à la réfection des trémies de Perrache ou encore 6 à la ZAC des Alagniers à Rillieux-la-Pape.
Le camp Aulas pointe de son côté une «explosion des dépenses de fonctionnement» de 15% du budget principal depuis 2019 avec une progression de 19% de la masse salariale. En conseil métropolitain, Bruno Bernard a renvoyé Véronique Sarselli à l’augmentation des dépenses de fonctionnement dans sa ville de Sainte-Foy-lès-Lyon, qui s’établit à 16%. Il a accusé ses opposants de «salir le débat public» avec de «fausses informations».
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Bataille d’attractivité
Dans son inventaire, Véronique Sarselli a aussi pointé une baisse de l’épargne de 58% sur le mandat et un allongement de la capacité de désendettement, «qui dépasse désormais les huit ans». Une dette qui reste «stable» sur la durée du mandat et «sécurisée» oppose l’exécutif, avec 100% de l’encours classé A1 ou A2. La majorité rappelle la note de A+ décernée à la collectivité par l’agence Fitch.
Elle dit aussi retrouver des marges d’investissement, avec «une capacité d’autofinancement en augmentation de 24 millions d’euros, passant à 276 millions, malgré des prélèvements opérés par l’État». De quoi se féliciter pour Bruno Bernard de la situation économique et de la création de 54.000 emplois depuis 2020. De la «poudre aux yeux» sur des réussites «indépendantes de l’action politique» pour Jean-Michel Aulas.
À trois mois des scrutins municipaux et métropolitains les enjeux économiques d’attractivité cristallisent les débats. Le vote de ce jour au Grand Lyon fut aussi l’occasion pour les quatre groupes d’opposition de la droite et du centre droit de fusionner sous la bannière Grand Cœur lyonnais, comme ils l’avaient fait à la ville il y a plus de deux mois. Cinq élus ont néanmoins refusé de s’y inscrire.
De son côté, Bruno Bernard a aussi lancé sa campagne, dans la lignée du mandat écoulé, mais sans LFI cette fois. Vendredi, il a annoncé remettre dans la balance électorale le grand projet de réfection de la rive droite du Rhône initialement prévu pour 2026.