Par
Rédaction Paris
Publié le
15 déc. 2025 à 19h28
L’affaire avait eu à l’époque un écho retentissant à Rennes. Le 17 mars 2021, dans le quartier Cleunay, Khamzat Labazanov, un jeune Tchétchène, a trouvé la mort devant un Carrefour City et des passants ahuris venus prendre leur pause déjeuner. Son frère aîné, lui, avait été blessé à la hanche. C’était la première fois dans l’histoire de la ville qu’un homme mourait d’une balle dans la tête dans un contexte de règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants.
Plus de quatre ans après les faits, la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine a condamné les trois amis d’enfance accusés d’être impliqués dans cette fusillade mortelle. Parmi eux, Banffa Drame, un jeune Parisien de 24 ans qui n’était toutefois pas présent à son procès. Depuis mars 2024, il est tout bonnement introuvable.
Remis en liberté sous bracelet électronique chez une tante
Au cours de l’audience, qui s’est tenue du 8 au 12 décembre 2025, il a été rappelé que cette fusillade en pleine rue et en plein jour avait en fait été précédée d’une série de deux faits, dans lequel Banffa Drame était impliqué : quelques jours plus tôt, un petit dealer local avait d’abord été visé par « deux tirs », l’un ayant atteint sa jambe. L’arme utilisée pour cette « jambisation » – un néologisme désignant le fait de tirer dans la jambe pour intimider son rival – avait ensuite servi le 17 mars 2021 pour tuer Khamzat Labazanov.
Dans la foulée, un autre petit trafiquant avait été « menacé » et « frappé » avec le pistolet sur lequel l’ADN de Banffa Drame avait été découvert. Il avait aussi été « roué de coups de pied et de poing ». Pour ces faits, une juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Rennes avait considéré que Banffa Drame devait répondre de ces faits de « tentative de meurtre » et de « violences aggravées ».
Dans un premier temps, Banffa Drame avait également été désigné comme le « meurtrier » du 17 mars 2021 : pour cela, il a réalisé trois ans de détention provisoire. En réalité, l’enquête démontrera tardivement que c’est son ami, Lansana Diakhaby, qui portait sa doudoune ce jour-là… Dans ces conditions, il avait été remis en liberté sous bracelet électronique chez sa tante, dans un appartement de la rue de Morvan, dans le 11e arrondissement de Paris.
Un mandat d’arrêt émis
Le jeune Parisien aurait donc dû se tenir aux côtés de ses deux amis d’enfance, dans le box des accusés, pour leur procès. Mais il ne s’est pas présenté à la convocation de la juge d’instruction pour renouveler son placement sous bracelet électronique. Un mandat d’arrêt a donc été émis à son encontre. Malgré les « recherches » opérées par les autorités pour le localiser, il n’a pu être retrouvé. La Brigade de recherche des fugitifs (BRF) a même été mandatée, a expliqué l’avocate générale dans son réquisitoire. Elle avait d’ailleurs requis douze ans de réclusion criminelle pour le fuyard. Quatorze et vingt-sept ans de prison avaient été demandés pour ses amis.
Reste que les recherches n’ont globalement rien donné : Banffa Drame n’a « pas d’employeur actuel » et n’a « pas été condamné » entre-temps. Lorsque la brigade anticriminalité de Paris est venue sonner chez sa tante, elle leur a même expliqué qu’elle n’avait « pas revu » son neveu « depuis un an » et qu’elle « ignorait » où il pouvait bien se trouver.
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Il n’avait « pas le calibre pour répondre de ses actes »
« L’homme absent est toujours en tort, car il ne peut ni se défendre, ni convaincre », a donc commencé par déplorer Me Gwendoline Tenier, qui assurait sa défense à Rennes aux côtés de sa consœur, Me Amina Saadaoui. Celui qui n’était qu’un « gamin » au moment des faits n’avait « pas l’envergure, le calibre […], le courage » de venir répondre de ses actes.
Au moment des faits, en mars 2021, ce jeune homme originaire d’un « quartier sensible » de Rennes et déjà condamné « cinq fois pour violences » avait seulement 19 ans. Il a toujours contesté avoir « tué » et avoir « tiré » sur le jeune Tchétchène qui est mort ce jour-là, a rappelé son avocate. Elle avait demandé aux jurés de la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine d’être ni « indulgents », ni « faibles », mais d’être « justes ». En fin de journée, vendredi 12 décembre 2025, la cour lui a finalement infligé huit ans de prison.
/CB et GF (PressPepper)
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