Les relents de l’histoire tournent parfois au remugle. Cinquante-deux ans après le coup d’État fasciste et la mort de Salvador Allende, trente-cinq ans après la fin de la dictature militaire d’Augusto Pinochet, son héritier revendiqué, José Antonio Kast, accède à la fonction présidentielle.
Avec 58,2 % des voix contre 41,8 % pour la communiste Jeannette Jara, qui représentait la coalition rassemblant toute la gauche, la victoire de la droite et de son extrême est sans appel et vient confirmer les résultats du premier tour, le 16 novembre. Ce jour-là, les élections législatives – tenues en parallèle de la présidentielle – faisaient entrer au Parlement chilien 90 députés de droite sur 155 et 27 sénateurs sur 50. Cette droitisation de tout le champ politique ne concerne pas que le Chili, mais l’ensemble du continent américain. Et pose à la gauche des questions existentielles.
José Antonio Kast et l’héritage de Pinochet
« Si on s’était rencontrés, on aurait pris un petit thé à la Moneda », confiait José Antonio Kast au quotidien la Tercera, à propos de Pinochet. Le président élu a même assuré que, s’il était encore vivant, le dictateur aurait voté pour lui. C’est que son programme s’inscrit dans l’extrême droite ligne du régime putschiste : l’ordre, l’ordre, encore l’ordre. Dominée outrageusement par l’immigration illégale et l’insécurité à la faveur d’un battage médiatique phénoménal, la campagne électorale a tracé un sillon…