La gratuité des transports s’invite dans la campagne municipale à Toulouse. La mesure est chiffrée à 130 millions d’euros par an par la majorité de Jean-Luc Moudenc.

La gratuité des transports devient un thème central de la campagne à Toulouse.

Le débat sur le financement des transports urbains est lancé. © Bryan Faham / Le JT

La campagne municipale à Toulouse s’anime autour de la gratuité des transports en commun. François Piquemal, candidat de La France insoumise avec la liste “Demain Toulouse”, promet la gratuité pour les moins de 26 ans. Ses militants ont distribué de faux tickets de métro pour illustrer cette mesure.

De son côté, Romain Cujives (PCF) défendait, dès l’été, auprès du Journal Toulousain, une gratuité le week-end dès la première année. Une extension progressive a ensuite été suggérée par le parti. Mais depuis la constitution de l’alliance autour de François Briançon (PS), avec la liste “La gauche unie”, une position commune n’a pas encore été officiellement arrêtée.

Le camp de Jean-Luc Moudenc chiffre la mesure

Le camp de Jean-Luc Moudenc, maire et candidat à un troisième mandat, s’oppose frontalement à ces propositions. Dans un tract en cours de distribution, il chiffre la gratuité totale des transports en commun à 130 millions d’euros par an. Ce montant correspond à la perte des recettes issues de la billetterie de Tisséo.

Dans ce même document, le coût de la réquisition des bureaux vides pour en faire des logements (820 millions d’euros) et celui de la mise en place du cadencement du TER (1,6 milliard d’euros d’investissement et 85 millions d’euros pour le fonctionnement annuel) sont aussi dénoncés. Toutefois, il convient de préciser que le transport régional est d’abord une compétence de la Région Occitanie, tandis que le transport urbain revient à la Métropole.

« Une élection municipale, c’est un moment pour parler du fond », François Briançon

Une communication vivement critiquée par François Briançon. Dans une lettre ouverte adressée vendredi 14 décembre au maire, le chef de file de “La gauche unie” dénonce un tract « mensonger » et accuse Jean-Luc Moudenc de « fabriquer des peurs ». Il l’invite à s’expliquer sur la dette de 5,5 milliards d’euros cumulée et sur les hausses d’impôts passées, estimant que sa parole sur la fiscalité est « durablement décrédibilisée ».

« Vos procédés n’ont rien à voir avec la dignité nécessaire d’un véritable débat public. Et je vais vous le dire clairement : je n’accepte pas que cette campagne démarre sur des bases aussi toxiques », écrit le socialiste. « Une élection municipale, c’est un moment pour parler du fond, des dossiers, de ce qui concerne très concrètement les habitants. »

La majorité se justifie sur l’endettement.

La majorité municipale lui répond ce lundi 15 décembre. « Les quelques rares propositions qui sont déjà sur la table, et qui sont donc chiffrables, sont une accumulation de folie dépensière », souligne Marion Lalane-de-Laubadère, sur la liste de Jean-Luc Moudenc. « Nous attendons les propositions concrètes de Monsieur Briançon. Pour le moment, nous sommes surtout dans des intentions. »

Quant au montant de la dette, il n’est pas contesté. Mais l’équipe du maire le justifie. « La dette croît, c’est vrai, sur la Ville, sur la Métropole, sur Toulouse Métropole Habitat, sur Tisséo, parce qu’à chaque fois, nous avons des volumes d’investissement et donc des réalisations concrètes pour la population, pour la mobilité, pour l’éducation, pour le logement », explique Sacha Briand, en réponse à François Briançon. « Il faut rappeler que la dette d’une ville, c’est de la bonne dette. C’est forcément pour de l’investissement », insiste Marion Lalane-de-Laubadère.

Gratuité des transports en commun : l’exemple à Montpellier

L’agglomération de Montpellier a mis en place la gratuité des transports en commun depuis le 21 décembre 2023. Cependant, la mesure ne fait pas l’unanimité. Les partisans y voient une mesure sociale et écologique. La Cour des comptes a toutefois mis en garde contre les effets pervers de la gratuité : coût élevé, perte de recettes, difficultés d’investissement pour l’avenir et saturation du réseau.