Pendant deux jours en mars 2023, une scientifique de 64 ans avait brandi une pancarte devant cet établissement de Bournemouth, sur laquelle était écrit : «Je suis là pour parler, si vous le souhaitez». Elle a été condamnée à 20.000 livres d’amende et deux ans de sursis probatoire.

C’est un procès qui a eu un retentissement jusqu’aux États-Unis. Ce vendredi 4 avril, une militante anti-IVG nommée Livia Tossici-Bolt a été condamnée à 20.000 livres d’amende et deux ans de sursis probatoire pour avoir violé la zone de sécurité d’une clinique d’avortement à Bournemouth, rapportent les médias anglais. Pendant deux jours en mars 2023, cette scientifique de 64 ans avait brandi une pancarte devant la clinique du Dorset, sur laquelle était écrit : «Ici pour parler, si vous le souhaitez». Or, depuis octobre 2022, des zones tampons ont été mises en place dans un rayon de 150 mètres autour des services d’avortement britanniques, rendant toute manifestation dans le secteur illégale.

Ce procès a pris une tournure politique quand le Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail, une composante du Département d’État américain, a indiqué sur X «surveiller ce cas». «Il est important que le Royaume-Uni respecte et protège la liberté d’expression», a averti l’organisme. Un de ses conseillers avait rencontré Livia Tossici-Bolt avant son procès. Selon The Independent, le sujet aurait même été abordé en haut lieu au cours de négociations commerciales entre le Royaume-Uni et les États-Unis, une information néanmoins démentie par le secrétaire d’État au Commerce britannique, Jonathan Reynolds.

Concrètement, Livia Tossici-Bolt était accusée d’avoir voulu influencer les femmes venant avorter dans cette clinique de Bournemouth. «Elle ne comprend pas que sa présence aurait pu avoir un effet néfaste sur les femmes qui fréquentent la clinique, le personnel et le grand public», a souligné la juge Orla Austin lors du procès. «Il est important de souligner que cette affaire ne porte pas sur le bien-fondé ou non de l’avortement, mais sur la question de savoir si l’accusée a enfreint la loi», a-t-elle ajouté. À l’issue de l’audience, le président du British Pregnancy Advisory Service, une association qui fournit assistance aux femmes souhaitant avorter, a rappelé que ces dernières années, «la clinique de Bournemouth a été soumise à de nombreuses manifestations anti-IVG, qui ont donné lieu à plus de 500 signalements pour harcèlement avant que cette zone sécurisée soit mise en place».

L’avocat de Livia Tossici-Bolt, Me Rosalind Comyn, a elle fait valoir le casier judiciaire vierge de sa cliente. Elle a également argué qu’aucune preuve n’avait été avancée pour prouver que son action avait eu un quelconque effet sur les femmes ou le personnel de la clinique. «Mon argument n’est pas que ce type de violations ne peut jamais causer de préjudice, mais quand l’occurrence, il n’existe aucune preuve que la conduite de ma cliente en ait causé», a-t-elle fait valoir.

L’intéressée s’est déclarée scandalisée par le verdict. «La Grande Bretagne est censée être un pays libre, et pourtant j’ai été traînée devant la justice simplement parce que j’ai proposé une conversation», a-t-elle regretté. «L’expression pacifique est un droit fondamental, personne ne devrait être criminalisé pour des propositions inoffensives de conversations», a-t-elle ajouté en remerciant le Département d’État américain d’avoir pris note de son cas. Lors de son discours remarqué de la Conférence de Munich sur la sécurité, le 14 février dernier, le vice-président américain JD Vance avait évoqué son «inquiétude» concernant «le recul des droits de conscience» au Royaume-Uni. Il avait évoqué l’exemple d’un physiothérapeute et ancien militaire de 51 ans, qui avait été arrêté pour avoir «prié en silence pendant trois minutes à 50 mètres d’une clinique d’avortement».