Par

Jade Lacroix

Publié le

15 déc. 2025 à 20h08

Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, RTE, a publié son bilan prévisionnel pour la période 2025-2035 le 9 décembre 2025. Un document qui donne des pistes sur les prix de l’électricité à venir et donc sur le montant de nos factures. 

Une situation de surproduction en France

Ce bilan prévisionnel actualise « les perspectives pour le système électrique à l’horizon 2035 ». Ce document porte donc sur une période de 10 ans.

Il révèle que la France produit plus d’électricité qu’elle n’en consomme. Une situation à l’inverse de 2022 où l’Hexagone craignait des pénuries.

Il y a trois ans, la guerre en Ukraine, mais aussi la sécheresse et des problèmes de maintenance sur le parc nucléaire avaient fait grimper la facture, comme le rappelle à actu.fr Carine Sabi, professeure titulaire de la chaire « Energy for Society » à l’école de management de Grenoble.

Ainsi, la consommation d’électricité avait baissé d’environ 30 TWh (soit – 6 % par rapport à la moyenne de la période 2014-2019), d’après RTE.

D’après Carine Sabi, « c’est la croissance économique qui ne pousse pas la consommation électrique ». De même, la fin des voitures thermiques neuves (qui devrait se faire en 2035 en Europe) et la transition vers l’électrique ne se font pas aussi vite qu’espéré.

Mais, d’un autre côté, les projets de production d’électricité se sont développés au rythme prévu.

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Le pays se trouve donc dans une situation d’abondance d’électricité décarbonée, très favorable à l’accueil de nouveaux usages, mais qui doit rester transitoire.

Bilan prévisionnel RTE

D’après le gestionnaire, la France n’a donc plus à craindre les vagues de froid et est prête à « décarboner » son économie, c’est-à-dire à passer à l’électrique de nombreux secteurs, comme les transports.

Une baisse à venir sur nos factures

Cette situation de surcapacité a ses avantages, comme l’explique Carine Sabi « Il vaut mieux qu’on soit en surplus plutôt qu’on se retrouve dans une pénurie comme en 2022. Cela nous permet d’exporter notre électricité décarbonée à nos pays voisins. »

C’est ce que confirme RTE auprès d’actu.fr. « C’est à ce titre que nous pouvons exporter de l’électricité, pour un volume record en 2024, qui a rapporté 5 milliards d’euros à la balance commerciale de la France. »

Mais ce n’est pas tout. Cette surproduction permet de réduire les coûts pour les consommateurs. C’est la loi de l’offre et de la demande : étant donné qu’il y a plus d’offre que de demande, l’électricité est un bien en abondance et donc son prix baisse.

C’est ce que prédit RTE dans son bilan : « La situation d’abondance d’électricité oriente les prix de marché actuels et projetés de la France à la baisse. »

Et cette baisse pourrait survenir prochainement. Pour Carine Sabi, les prix pourraient descendre « dans les mois à venir ».

D’après RTE, le prix spot moyen (à savoir les prix établis sur le marché de l’électricité par les bourses, le jour J pour le lendemain) sera de 35 à 50 €/MWh. À titre de comparaison, le prix spot le plus bas de la journée du samedi 13 décembre était de 50,1 €/MWh entre 22h et 22 h 15. Au plus haut, entre 18 h 45 et 19h, il est de 101 €/MWh, selon RTE.

Une situation de surproduction qui peut engendrer des coûts

Mais attention, cette situation de surproduction ne doit pas durer. Si la consommation d’électricité n’augmente pas, cela pourrait à l’inverse entraîner des coûts supplémentaires pour les consommateurs.

En l’occurrence, à l’horizon 2030, le coût du système électrique en €/MWh serait plus élevé de +7 % (écart entre les trajectoires décarbonation rapide et décarbonation lente), voire de +10 % en cas de stagnation de la consommation.

Bilan prévisionnel de RTE
Professeure titulaire de la chaire « Energy for Society » à l’école de management de Grenoble. 

En effet, le réseau électrique, qui s’est bien développé depuis 2022 pour faire face à la décarbonation de l’économie, a des coûts fixes importants.

Bonne nouvelle, RTE estime que cet épisode de surcapacité perdurera seulement deux à trois ans. Toutefois, il ne prendrait fin que si la France se plaçait « sur une trajectoire de décarbonation rapide (électrification) ».

Quelles solutions ?

La France importe toujours presque 60 % de l’énergie finale qu’elle consomme. Et la part des énergies fossiles importées dans la consommation finale est également d’environ 60 %.

D’après la professeure spécialiste de l’énergie, il ne faut pas arrêter la production d’énergies renouvelables, notamment pour être en phase avec les objectifs environnementaux de la Commission européenne (le fameux plan Fitfor55 qui veut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % au moins en 2030).

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Le problème c’est pas la production, mais c’est juste qu’on manque de débouchés. Il faut électrifier notre manière de consommer.

Carine Sabi

Un constat partagé par RTE. « Pour équilibrer la surcapacité de production d’électricité, et faire en sorte qu’elle reste transitoire, le premier levier à actionner est celui de l’électrification des usages. C’est-à-dire transférer des usages des énergies fossiles vers de l’électricité », appuie le gestionnaire de réseau à actu.fr.

Passer aux voitures électriques, s’éloigner des énergies fossiles, installer des data centers en France… Toutes ces propositions permettent d’augmenter l’utilisation d’électricité et de décarboner les usages. Et ainsi d’éviter le surcoût du système qui se répercuterait sur nos factures.

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