“Les choses commencent à bouger”, résume l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui négocie depuis dimanche à Berlin avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, s’est félicité lundi 15 décembre de “progrès” dans les négociations avec Washington pour mettre fin à la guerre avec la Russie. “Nous avons été entendus”, a-t-il déclaré tout en précisant que certaines questions restaient en suspens, notamment celles relatives aux revendications territoriales de la Russie.

Les négociations se sont donc “apparemment mieux déroulées que ne le craignaient les Ukrainiens”, souligne Die Zeit. Lorsque Zelensky est apparu devant la presse avec le chancelier allemand Friedrich Merz en début de soirée, on aurait toutefois pu “craindre le pire”, souligne Die Süddeutsche Zeitung. “Le président ukrainien, vêtu de noir de la tête aux pieds, paraissait épuisé. Il semblait absent, le regard perdu dans le vide, ce qui contrastait fortement avec le message optimiste que Friedrich Merz s’est efforcé de transmettre”. “Nous avons constaté une forte dynamique diplomatique ces derniers jours”, a notamment souligné le chancelier, “peut-être la plus importante” depuis le début de la guerre.

“Pour la première fois, une perspective de paix se profile” donc, note le quotidien bavarois. Merz a précisé que les discussions à la Chancellerie avaient porté leurs fruits. Ce que les États-Unis ont proposé en termes de “garanties juridiques et matérielles” est “véritablement remarquable”, a-t-il insisté.

Les États-Unis seraient prêts à s’engager en matière de sécurité envers l’Ukraine, « non seulement sur le papier, mais aussi par des mesures militaires », rapporte la Süddeutsche Zeitung. Zelensky a évoqué des garanties semblables à celles de “l’article 5 du traité de l’Otan”, qui prévoit une assistance militaire des alliés. Mais l’Ukraine ne rejoindrait pas l’Alliance, conformément à ce que réclame Moscou depuis des années.

“Zelensky avait déjà déclaré avant la réunion que son pays pourrait temporairement s’abstenir d’adhérer à l’OTAN, mais que cela nécessitait des garanties similaires à la clause de défense mutuelle de l’Alliance”, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung. “Point crucial, ces garanties devaient être ratifiées par le Congrès américain”. Or, “cela semble désormais possible”, selon le quotidien allemand qui cite Axios. Le site d’information s’est entretenu avec un responsable du gouvernement américain qui lui a affirmé que Washington était “prêt à soumettre le projet de loi au Congrès pour un vote”.

“Bétonner des garanties de sécurité”

Les dirigeants des principaux pays européens – notamment l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne – et de l’UE ont de leur côté fait part dans la soirée de leur proposition d’une “force multinationale pour l’Ukraine” qui serait “composée de contributions de nations volontaires, et soutenue par les États-Unis”, et de soutenir de manière “durable” une armée ukrainienne de 800 000 hommes, selon une déclaration transmise par le gouvernement allemand. Ils évoquent aussi “un mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu dirigé par les États-Unis”. “Aucun document conjoint avec les Américains n’a toutefois été publié”, remarque Die Zeit.

“Les Européens cherchent à bétonner des garanties de sécurité avant toute concession territoriale”, analyse Le Soir.

Un responsable au fait des discussions a affirmé lundi à l’agence Reuters que les émissaires américains avaient posé comme condition pour parvenir à un accord de paix avec la Russie le retrait des forces de Kiev de la totalité de la région de Donetsk, une revendication russe de longue date. La source a ajouté que les négociateurs ukrainiens avaient demandé à poursuivre les discussions sur cette question très sensible pour Kiev. “Le Donetsk reste un point de blocage, Kiev cherchant à résister aux concessions territoriales” en faveur de la Russie, rappelait lundi soir Radio Free Europe.