Quand un projet d’accord commercial devient un défi politique et même sociétal… La Commission européenne a rejeté, ce lundi, la demande des autorités françaises. Lesquelles souhaitaient le report du vote du conseil de l’Union européenne, en fin de semaine à Bruxelles, sur l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur. Un vote des chefs d’État et de gouvernement au cours duquel sera requise la majorité des voix, et non l’unanimité, organisée à la veille d’un sommet des pays du Mercosur, en Uruguay, au cours duquel la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, espère se rendre avec un accord en poche. Celui-ci devra encore être adopté par les eurodéputés, début 2026. Mais un vote favorable du conseil de l’UE serait une nouvelle étape dans un processus que la France et d’autres pays ne parviennent pas à stopper. Le retard à l’allumage ne pardonne plus…
En jugeant les clauses de sauvegarde insuffisantes, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, répond, sur le fond comme sur la forme, à l’attente des agriculteurs français mais aussi d’une grande majorité de Français. Les premiers sont déjà vent debout contre la stratégie sanitaire d’abattage de l’ensemble des troupeaux dès lors qu’une bête contracte la maladie de la dermatose nodulaire contagieuse. Dans ces conditions, y ajouter l’accord de libre-échange passerait pour une provocation.
Ce projet d’accord économique entre l’UE et les pays du Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay) est une bombe à retardement. En cas d’adoption contre l’avis de l’ensemble des partis politiques français, il aura des conséquences aussi graves et durables que la non-prise en compte du vote des Français au référendum sur la Constitution européenne en 2025. La France a besoin de l’Europe et l’Europe a besoin de la France. Dans une relation où chacun y trouve son intérêt, pas dans un bras de fer permanent. La partie n’est pas totalement perdue s’agissant du Mercosur puisque ce sont les députés européens qui, in fine, décideront. Il n’empêche qu’une grave crise existentielle, une de plus, se profile pour l’UE.