Le sexisme du quotidien, souvent invisible, parfois banalisé, sera bientôt au cœur d’un documentaire diffusé sur France Télévisions. À travers un montage puissant mêlant archives personnelles et historiques, extraits d’émissions anciennes et vidéos issues des réseaux sociaux, le film donne la parole aux femmes et retrace des expériences largement partagées. Des récits faits de préjugés persistants, de stéréotypes ancrés, mais aussi de prises de conscience, d’émancipation et de fierté.
Dans ce documentaire, plusieurs personnalités sont invitées à réagir à des images marquantes. Parmi elles, Virginie Efira, actrice incontournable du cinéma français, connue pour son franc-parler et son regard lucide sur les rapports humains. Face à certaines séquences, elle livre une analyse à la fois intime et politique du sexisme au sein du couple, mettant en lumière des mécanismes souvent intériorisés, y compris par celles qui les subissent.
Une archive de 1979 qui résonne encore aujourd’hui
Parmi les images soumises à la réflexion de l’actrice, une archive datant de 1979 frappe par sa brutalité ordinaire. On y voit un couple se disputer : l’homme, visiblement désorganisé, demande à sa femme de lui trouver une chemise alors qu’il doit se préparer pour un rendez-vous jugé important. Désemparé, il exige son aide et précise qu’avant leur mariage, c’était sa mère qui s’occupait de ses affaires.
Une scène qui, malgré son ancienneté, semble tristement familière. Ce qui choque n’est pas seulement la demande en elle-même, mais l’évidence avec laquelle l’homme estime que cette tâche incombe à sa femme. Une répartition des rôles genrée, héritée, presque inconsciente, et pourtant lourde de sens.
L’avis de Virginie Efira
Virginie Efira ne se contente pas de commenter l’image : elle la relie à son propre vécu. Elle souligne combien, face à ce type de situation, le réflexe est souvent le silence, l’évitement, plutôt que la confrontation.
« Ce qu’elle fait est inhabituel. Habituellement, on a tendance à faire autre chose, même moi je l’ai fait, c’est se taire et se dire dans sa tête se dire : « Je vais me barrer… ». Mais ne pas oser s’opposer, je l’ai fait beaucoup. Il y a beaucoup de fois où je me suis tue », confie-t-elle.
À travers ces mots, l’actrice met en lumière une réalité partagée par de nombreuses femmes : l’autocensure, le fait de taire son inconfort pour préserver la paix, au prix de son propre bien-être. Elle compare ensuite le mariage et plus largement le couple à une structure de pouvoir : « On se demande souvent ce que c’est le mariage. C’est une petite organisation politique. Ce n’est pas toujours une démocratie. Cela peut-être une bonne dictature ».
Elle évoque ensuite un paradoxe commun : se croire libre, se vanter de son indépendance, tout en se retrouvant enfermée dans un schéma contraignant. « Tu t’es même peut-être vue vanter ta liberté et te retrouver à l’intérieur de quelque chose comme ça, et accepter la dictature ambiante. Et penser les choses et ne jamais les dire ». Et de conclure : « Est-ce que cela a évolué aujourd’hui ? Certainement un peu, mais pas suffisamment…. ».
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