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L’Europe fait face à une épidémie de grippe précoce et intense, portée par le « sous-clade K » du virus A (H3N2). Très sévère au Royaume-Uni, elle progresse aussi en France. Transmissibilité accrue, hôpitaux sous tension : état des lieux d’une « super-grippe ».

L’épidémie de grippe 2025-2026 frappe l’Europe avec une intensité inhabituelle. Au Royaume-Uni, les autorités sanitaires parlent d’une « vague sans précédent », tandis que la France est entrée en phase épidémique avec plusieurs semaines d’avance. En cause : la forte circulation d’un sous-variant du virus A (H3N2), dit « sous-clade K », identifié pour la première fois dans l’hémisphère sud au cours de l’été.

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Outre-Manche, la situation est particulièrement critique. Selon les données du NHS relayées ce week-end, le nombre de cas a bondi de 55 % en une semaine, avec en moyenne 2 660 patients hospitalisés chaque jour. « Cette vague sans précédent de super grippe place le NHS dans la pire situation possible pour cette période de l’année », a alerté la directrice médicale nationale du service public britannique, Meghana Pandit. Le ministre de la Santé, Wes Streeting, évoque un « défi inédit depuis la pandémie de Covid-19« , alors que les hôpitaux font face à un afflux massif de patients et à des tensions sociales liées aux grèves des médecins résidents.

« Un démarrage précoce »

La France n’est pas épargnée. Santé publique France a officiellement déclaré l’entrée en phase épidémique début décembre. « Ce qu’il faut noter cette année, c’est un démarrage précoce, avec deux à trois semaines d’avance par rapport aux saisons précédentes », souligne Antonin Bal, directeur adjoint du Centre national de référence des virus des infections respiratoires aux Hospices civils de Lyon, dans un entretien accordé à La Dépêche. Le taux de positivité atteint 22 %, avec une circulation d’abord marquée chez les plus jeunes : « 41 % chez les 5-18 ans » et « autour de 30 % chez les 0-5 ans ».

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Le sous-clade K, également nommé J.2.4.1, appartient au virus de grippe A (H3N2). Il se distingue par plusieurs mutations de la protéine hémagglutinine, facilitant l’entrée du virus dans les cellules respiratoires. Selon l’Organisation mondiale de la santé, « les données épidémiologiques actuelles n’indiquent pas d’augmentation de la gravité de la maladie », mais une transmissibilité accrue et un possible échappement partiel à l’immunité collective. Les virus A (H3N2) sont par ailleurs « connus pour être plus virulents » que les A (H1N1), rappelle Le Figaro.

La grippe est cette année très en avance.

La grippe est cette année très en avance.
DDM – ARCHIVES – JEAN MICHEL MAZET

En France, le sous-clade K représente près de 70 % des virus A (H3N2) séquencés début décembre, même si le nombre d’analyses reste limité. Les symptômes observés demeurent classiques : fièvre élevée, fatigue intense, toux et courbatures. « Pour l’instant, nous n’avons pas d’information indiquant que les symptômes soient différents », précise Antonin Bal, tout en rappelant que « lorsque le virus H3N2 circule, on s’attend globalement à avoir un peu plus de formes sévères ».

Vaccination recommandée

La question de l’efficacité vaccinale se pose, le vaccin ayant été conçu avant l’émergence massive du variant K. Les premières données, notamment britanniques, indiquent toutefois une protection maintenue contre les formes graves : de 70 à 75 % chez les enfants et adolescents, et de 30 à 40 % chez les adultes. « Le vaccin continue d’offrir une protection contre les hospitalisations », insiste l’OMS, qui recommande de poursuivre la campagne vaccinale.

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Face à une épidémie encore ascendante, les autorités sanitaires appellent à la vigilance : vaccination, port du masque en cas de symptômes, aération des lieux clos et protection renforcée des personnes fragiles. Une réponse classique, mais jugée essentielle, face à une grippe plus précoce et plus diffuse que les années précédentes.