Par
Inès Cussac
Publié le
16 déc. 2025 à 8h26
Dans les entrailles de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une ruche en cache une autre. Le bourdonnement du siège de l’OCDE, situé dans le 16e arrondissement de Paris, ne vient pas seulement des milliers d’experts économiques des 38 pays membres. Les abeilles du projet Stone sont aussi à l’ouvrage pour restaurer le château de la Muette. Pendant que les uns planchent à l’intérieur, les autres s’appliquent à l’extérieur. Depuis 2024, un méticuleux chantier s’est organisé pour rénover les façades et les toitures de cet ancien pavillon de chasse construit en 1549 tout en préservant l’activité du site. « Il y a quatre chantiers en un, résume Mirela Marcon, directrice du patrimoine immobilier à l’OCDE. Tout au long des travaux, le château reste occupé. »
Autour de ce monument bordant le bois de Boulogne, les artisans spécialistes de la pierre, de la couverture et de la peinture travaillent côte à côte pour mener ce chantier découpé en trois phases. Quand l’une est en cours, une autre se prépare avec l’installation hors-norme des échafaudages. « Pour ce chantier complexe, nous avons tout fait pour minimiser la durée et les risques de sécurité », assure Elena Perez Palacios, cheffe de projet chargée de l’architecture des espaces de travail à l’OCDE. La fin des travaux est prévue pour 2027.
Des chutes de pierres
« Depuis cinq ou six ans, il y avait des chutes de pierres de la façade. Des marquises avaient donc été installées au-dessus des portes en attendant les expertises et le lancement de l’appel d’offres en 2024 », relate Mirela Marcon. Des rénovations de la couverture des pierres avaient été réalisées en 2006 mais certaines malfaçons auraient fragilisé les cimaises des façades. « Les clous en acier qui avaient été utilisés ont fini par rouiller. Ce qui les a fait grossir et donc exploser dans la pierre », éclaire Gauthier Debray, couvreur sur le chantier. « On partait de la pierre à rénover mais on s’est rendu compte qu’il y avait les chéneaux à restaurer et donc la toiture et les ardoises à changer. Avec la couverture, il a aussi fallu adapter les échafaudages… En fait, on a tiré sur la pelote d’un chantier qu’on ne penserait pas si conséquent. La partie émergée de l’iceberg ne nous faisait pas penser à tout cela », liste Loup d’Avezac de Castéra, architecte du patrimoine pour le cabinet Lacaa.

Les chutes de pierres étaient régulières donc des marquises ont été installées au dessus des portes du siège de l’OCDE. (©IC / actu Paris)
Sous ses pieds, à travers l’échafaudage métallique, Gauthier Debray peut apercevoir Tom Dreyfus. Lui, travaille à la restauration d’un mascaron, ornement en forme de masque installé au-dessus d’une fenêtre. « Les pierres ont été altérées par l’érosion, c’est ce qui conduit à un vieillissement naturel de la pierre. D’abord, on consolide les fissures, ensuite on restitue les volumes et après on patine pour harmoniser la sculpture », détaille-t-il sous son épaisse barbe rousse.

Avant de se lancer sur le chantier du château de la Muette, Tom Dreyfus avait déjà participé à la rénovation du Grand Palais et du Panthéon. (©IC / actu Paris)
Deux étages plus haut, la pierre en calcaire est également retouchée après avoir été fragilisée par l’eau. Celle-ci est d’abord évidée puis recoulée avec de la chaux. « Les pierres viennent de la carrière de Saint-Maximin, en région parisienne et sont taillées dans les Hauts-de-Seine », souligne Alexandre Sares, conducteur de travaux pour la société Lefevre. « On travaille sur les corniches mais aussi sur les balustrades. Elles sont déposées, reposées et restaurées, le temps que les couvreurs puissent travailler », ajoute-t-il. Au niveau du toit, les balustrades ont effectivement été retirées pour la rénovation des chéneaux, les épaisses gouttières du château.
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Des échafaudages flexibles
Si tous ces corps de métiers parviennent à œuvrer en simultané, c’est notamment grâce à une installation des échafaudages audacieuse. D’une part, la flexibilité du système Layher permet de le moduler suivant les phases et les complexités du projet. Cela permet par la même occasion de limiter la durée de sa mise en place pour les personnes qui travaillent à l’intérieur.
D’autre part, le site n’a pas été conçu pour accueillir de tels équipements. Des salles de conférences souterraines ou la terrasse fragile du XVIe siècle imposent certaines limites de poids à respecter. Ajoutés à cela la haute sécurité mise en place à l’OCDE, où des chefs d’États et ministres se rendent régulièrement, cela implique un chantier particulièrement complexe à mener. « Il y a plus de 2 000 personnes qui travaillent ici, sans compter tous les visiteurs qui viennent pour les conférences, les ministres et les présidents… Il peut y avoir des pauses ponctuelles décidées en dernière minute. Cela fait donc un contexte complexe pour le chantier », fait savoir Loup d’Avezac de Castéra, s’échinant à faire fonctionner une ruche à côté d’une autre.

Dans le 16e arrondissement, le château de la Muette abrite l’OCDE depuis sa création en 1960. (©IC / actu Paris)
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