Par

Paul Halbedel

Publié le

16 déc. 2025 à 12h46

Ils avaient annoncé vouloir passer à l’action ce mardi 16 décembre. Et ils ont mis leur menace à exécution. Une cinquantaine d’agriculteurs venus des quatre coins du Lauragais sont réunis depuis le début de matinée à la sortie de Villefranche-de-Lauragais (en direction de l’Aude) où ils opèrent actuellement un blocage total de la RD 813 et de la ligne SNCF Toulouse – Narbonne.

Les manifestants envisageaient par ailleurs de rentrer sur l’autoroute A61 qui est accessible depuis un portail réservé aux véhicules de service. « On est en négociation avec les gendarmes pour pouvoir le faire de façon la plus sécurisée possible », commentait Aurélien Ramond, le président des Jeunes agriculteurs du canton de Villefranche-de-Lauragais peu avant 10 h.

« C’est un blocage qui est prévu pour durer »

Plusieurs feux ont été allumés et sont alimentés régulièrement avec les branchages et pneus stockés dans des bennes. Tout semble prévu pour que la mobilisation dure dans le temps.

« On va se caler aujourd’hui pour l’organisation, mais c’est un blocage qui est prévu pour durer. On ne s’interdit rien », annonce le responsable syndical qui précise que seules des avancées concrètes sur les dossiers de la dermatose nodulaire contagieuse des bovins et de la Politique agricole commune pourraient permettre d’envisager la fin de ces actions.

Les agriculteurs du Lauragais tiennent un point de blocage de la RD813 et de la ligne SNCF Toulouse - Narbonne à la sortie de Villefranche-de-Lauragais.
Les agriculteurs du Lauragais tiennent un point de blocage de la RD813 et de la ligne SNCF Toulouse – Narbonne à la sortie de Villefranche-de-Lauragais. (©Paul Halbedel – Voix du Midi Lauragais)Un « ras-le-bol général » de la façon dont ils sont traités par l’État

Les agriculteurs disent par ailleurs ne pas avoir été convaincus par la venue ce lundi 15 décembre à Toulouse de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard. « Non seulement on n’est pas convaincu, mais il y a en plus un ras-le-bol général, surtout lorsqu’on voit comment notre ministère et l’État traitent le monde agricole », peste Baptiste Marquié, agriculteur installé dans le canton de Nailloux.

Ce dernier était présent jeudi dernier sur la ferme de l’Ariège où des affrontements ont eu lieu entre agriculteurs et forces de l’ordre. « Ce qui s’est passé là-bas est inadmissible. Faire passer les agriculteurs et les éleveurs pour des bandits, ça passe très mal. C’est ce qui a fait déborder le vase. Si on n’a pas trop d’éleveurs dans le Lauragais, on a aussi beaucoup d’autres revendications à porter sur la PAC et le Mercosur notamment. »

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Le soutien des élus et des habitants

Si de nombreux adhérents des Jeunes agriculteurs sont à la baguette de ce blocage organisée à Villefranche-de-Lauragais, la mobilisation réunit l’ensemble des syndicats à l’échelle de la Haute-Garonne. Certains confient que c’est d’ailleurs cette unité affichée par les quatre principales organisations de représentants du monde agricole qui les a poussés à venir participer à cette manifestation ce mardi matin.

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Le soutien de l’opinion publique semble également acquis. Certains habitants sont venus pour apporter un simple soutien, d’autres apportent des victuailles. La maire de Villefranche-de-Lauragais, Valérie Roudet, a également tenu à faire un passage sur le blocage avec son premier adjoint, Jean-Jacques Ramade, qui est lui-même agriculteur.

On a tenu à venir pour apporter notre soutien à ce mouvement agricole, leur dire qu’on est en total soutien avec eux. Aujourd’hui, nos agriculteurs sont en grande difficulté et il faut qu’ils aient des réponses aux nombreuses questions qu’ils posent. Là, ils n’en ont pas. C’est donc important de les soutenir, car nous sommes à Villefranche, dans une commune rurale, et il est important d’être derrière eux. Je pense d’ailleurs que la plupart des habitants comprennent leur colère et sont en parfait accord avec ce qu’ils défendent.

Valérie Roudet
Maire de Villefranche-de-Lauragais

Un blocage jusqu’aux fêtes ?

Alors que le début des vacances de Noël, les agriculteurs arriveront-ils à conserver le soutien de l’opinion public s’ils continuent à bloquer de nombreux axes de communication ? « C’est sûr que c’est le point sur lequel il est difficile de se positionner quant à nos actions à venir. Là on bloque des routes, mais ce n’est pas évident de trouver la bonne solution », consent Baptiste Marquié.

Jean-Jacques Ramade, l’assure quant à lui : « Cette mobilisation elle va durer, c’est obligé ! Les agriculteurs et les éleveurs attendent des réponses concrètes. S’il n’y en a pas, ça durera dans le temps. C’est sûr que c’est dommage de bloquer les gens qui vont travailler et ce n’est pas quelque chose que l’on aime faire. Mais malheureusement, on n’a pas le choix. Et on est obligé de procéder ainsi si on veut être entendu rapidement ».

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