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VOTRE AVIS SUR L’ACTU. 93 % des lecteurs ayant répondu à notre questionnaire disent non aux vitraux de l’artiste Claire Tabouret. Voici pourquoi.

Publié le 16 décembre 2025 à 9h00

©Lionel Urman/SIPA

Notre-Dame : l’artiste présente les maquettes des nouveaux vitraux au Grand Palais ©Lionel Urman/SIPA

Présentées au Grand Palais depuis le 10 décembre, les maquettes en taille réelle des futurs vitraux de Notre-Dame de Paris , signées Claire Tabouret , suscitent une vive polémique. Une large majorité des lecteurs ayant répondu à notre consultation refusent qu’ils remplacent ceux de Viollet-le-Duc : 93 % se disent opposés, 4 % nuancent, 3 % approuvent. Entre défense du patrimoine, critique du coût et appels à préserver l’authenticité du monument, voici vos arguments et témoignages.

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Catherine est catégorique : elle n’apprécie pas du tout ces nouveaux vitraux. « Je ne vois pas l’intérêt de remplacer les vitraux actuels par d’autres, aux couleurs criardes et au graphisme inesthétique. Si c’est fait dans la volonté de moderniser la cathédrale, c’est lamentable. Les Parisiens avaient clairement exprimé leur souhait de voir Notre-Dame restaurée à l’identique et Avaient fait barrage aux idées farfelues de toit transparent et autres… Je ne suis pas pour infliger du moderne à tout prix, surtout quand il est posé. Que l’État respecte le style actuel de l’édifice. Par ailleurs, qu’il arrête de gaspiller des fonds qui pourraient être mieux employés. J’ai donné dès le lendemain de la catastrophe pour la reconstruction… mais je ne verserai pas un centime pour un projet contre nature, même si malheureusement mes impôts y contribueront malgré moi… », regrette-t-elle.

« Beaux… mais pas à Notre-Dame »

Tanguy, ne critique pas l’esthétique, mais refuse l’installation dans la cathédrale : « Ces vitraux ont toute leur place dans une église moderne. Notre-Dame doit préserver son authenticité. Comme pour la flèche de Viollet-le-Duc, les vitraux de Notre-Dame doivent être reconstitués à l’identique, idéalement par les Compagnons du Devoir », s’explique-t-il.

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Vincent abonde : « Ils n’ont pas leur place dans la cathédrale. Œuvre exprimant la sensibilité personnelle d’une artiste, ils n’ont aucun rapport avec la sainteté, l’architecture et l’histoire du lieu », estime-t-il.

Le coût, autre point de crispation

Luc, le débat est aussi budgétaire : « Ils sont plutôt posés, inadaptés au monument, inutiles, mais surtout le coût exorbitant de cette commande aurait bien mieux été utilisé pour restaurer les chapelles latérales de Saint-Sulpice, qui sont dans un état lamentable. »

Franc poursuites : « Inutile d’investir des sommes dans ces objets. Il manquerait, paraît-il, 140 millions d’euros pour finir la restauration de Notre-Dame de Paris ; si c’est pour payer cela, inutile que l’on compte sur un quelconque don de ma part. »

Colère contre Emmanuel Macron

Certains lecteurs ciblent directement l’Élysée. Myriam écrit : « Ils ne me plaisent pas. Ils sont affreux ! Macron souhaite laisser sa marque dans les livres d’histoire ! Il abîme tout ce qu’il touche. C’est regrettable. Quel gâchis pour Notre-Dame de Paris, si belle… »

Annette s’insurge également. « Ces vitraux sont posés et n’ont aucun sens spirituel ; tous ces personnages de dos qui regardent vers quoi ?… On sait que leur autrice n’est d’ailleurs pas croyante et s’inspire des migrants. Il est inadmissible et contraire à la charte de Venise de remplacement des vitraux classés monuments historiques qui n’ont pas été touchés par l’incendie. D’autre part, il est tout aussi scandaleux de dépenser des millions supplémentaires pour cette opération, dont le seul mais est le désir de Macron de laisser sa trace dans cette restauration… », dit-elle.

Un internaute anonyme résume ainsi sa colère : « Il s’agissait bien de réparer ou de reconstruire à l’identique Notre-Dame sinistrée par ce mystérieux incendie et non de se faire plaisir en laissant son nom (avec l’argent de l’État et des Français) ou de faire plaisir à une amie dite artiste pour nous faire une bien banale bande dessinée biblique. La manifestation est à l’inverse de l’origine. Vanitas vanitatis », s’exclame-t-il.

« Notre-Dame, comme notre Église, ne doit pas rester figée au XIXe siècle »

Vous êtes toutefois une minorité à apprécier ces futurs vitraux. Alain les trouve « très jolis colorés, et inspirants ». Michel avoue avoir été « sceptique », avant de reconnaître qu’il « les trouve très jolis ».

Un internaute anonyme y voit même une logique historique : « C’est une très bonne idée. Notre-Dame, comme notre Église, ne doit pas rester figée au XIXe siècle : chaque génération doit avoir sa place, et nos petits-enfants nous remercieront, comme aujourd’hui nous admirons les œuvres du Moyen Âge. »

Des avis nuancés sur la nécessité de remplacer les vitraux

Plusieurs lecteurs ne rejettent pas l’esthétique, tout en questionnant l’opportunité du remplacement. Philippe résume : « Les vitraux, en eux-mêmes, ne sont pas posés, mais était-il nécessaire de dépenser autant d’argent alors qu’il me semble que les vitraux « originaux » pouvaient être restaurés et reposés à moindre coût ? »

Cédric ajoute : « Magnifiques par leurs couleurs. Adaptés à une expression contemporaine de la foi et de la vie de l’Église. ».

Et Sophie de conclure : « Ils sont beaux, mais pas pour Notre-Dame. »