Initiatives privées, associatives ou institutionnelles, le tissu solidaire de Montpellier s’active pour rompre l’isolement et offrir la chaleur des fêtes de fin d’année aux plus précaires.
Rosette, Angelina et Michèle ont beau s’être rencontrées cinq minutes plus tôt, les trois femmes sont déjà en grande discussion. Et ce n’est pas la différence d’âge qui va les arrêter. La première est pensionnaire de la maison de retraite des Petites sœurs des pauvres, dans le quartier des Beaux-Arts. l’Institution, implantée à Montpellier depuis 1852, accueille des résidents à très faibles moyens et des religieux à la retraite.
Les secondes sont étudiantes, respectivement originaires du Liban et du Cameroun, et accompagnées par la Mission étudiante de Montpellier. Comme une quinzaine d’autres convives, elles ont été invitées à partager un repas solidaire au restaurant gastronomique Le Petit Jardin, ce samedi 13 décembre.
L’opération « qui fait du bien à tout le monde » du Petit Jardin
Une initiative menée depuis deux ans par le patron des lieux, le chef Clément Gueudré. « J’ai longtemps travaillé à Lyon où c’est une tradition très ancrée. Moi, ma famille, mes équipes, on mange bien. Nous avons la chance de travailler des produits d’exception. Quand on est dans notre situation, il faut penser aux autres. C’est une opération que l’on fait avec le cœur, et qui fait du bien à tout le monde », explique le jeune entrepreneur. Sandrine Coffre, sa maman, est en charge de l’accueil. Son chef de cuisine, Benjamin Egret, est lui-même allé chercher les résidents de l’Ehpad.

Rosette et Angelica se sont rencontrées autour d’un repas solidaire, au Petit Jardin.
MIDI LIBRE – TOM SERRANO
Installée sous la verrière de l’historique établissement, avec vue imprenable sur la cathédrale Saint-Pierre, Rosette ne boude pas son plaisir. « Je profite ! J’aime ce côté intergénérationnel. J’aime qu’il y ait de la vie autour de moi. Avec ce cadre exceptionnel et ces échanges, on est complètement dans l’esprit de Noël », confie la religieuse, ancienne infirmière. Face à elle, Michèle acquiesce. Elle qui s’est tournée vers la Mission étudiante à son arrivée à Montpellier, face à l’impossibilité de trouver un logement, prend ce repas « comme un cadeau en avance ! »
Opération bien-être et fête de la convivialité pour les plus précaires
Si les Montpelliérains accompagnés par l’association Réduire les risques n’auront peut-être pas accès à un repas gastronomique en cinq temps, ce vendredi 19 décembre, il n’y aura pas moins de chaleur humaine lors de leur fête de la convivialité. Le Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Carud) reconduit son événement, décisif pour des publics en très grande précarité.
« La quasi-totalité des personnes que nous accompagnons vivent dans des squats ou des tentes, et sont en rupture avec leurs proches. Cette fête de la convivialité, c’est une bulle. Une parenthèse festive qui crée du lien social, détaille Audrey Nehlig, directrice de la structure créée en 1993, qui accompagne 947 femmes et fournit du matériel de réduction des risques aux consommateurs masculins. C’est aussi un moment pour rompre l’isolement, à travers lequel nous essayons de booster la confiance et l’image de soi de nos bénéficiaires. »
2 000 convives au Noël solidaire de la Ville
Cette année, Entraide SDF sera aussi de la fête. La veille de l’événement, ils proposeront une opération bien-être, avec coiffure et massages. « De quoi se préparer à la fête comme tout un chacun le ferait pour son réveillon de Noël… » Une centaine de personnes sont attendues par Réduire les risques. Ils seront beaucoup plus le 24 décembre, au Noël Solidaire de la Ville.
En collaboration avec l’Association humanitaire de Montpellier, qui livre chaque soir 250 repas, la municipalité accueillera 2000 convives dans la salle des rencontres de l’Hôtel de ville. « On a commencé en 2001 et le succès est là. Cette année, nous irons également distribuer des repas de fête à plusieurs centaines de personnes qui ne peuvent pas se déplacer, identifiées par le CCAS », se réjouit Michel Calvo, l’élu en charge de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion.
Privées, associatives ou institutionnelles, les initiatives solidaires se multiplient à Montpellier pour que personne, ou presque, ne soit oublié pendant les fêtes.