Publié le
16 déc. 2025 à 13h36
C’était la fête ce 10 décembre 2025 en soirée dans l’église Saint-Pierre du quartier Flers-bourg à Villeneuve-d’Ascq (Nord) ! Après 4 ans de travaux, les nouvelles couleurs du lieu de culte resplendissent. Le public a pu admirer les rénovations. A été annoncée une nouveauté : en 2026, l’église sera ouverte d’une manière très particulière. On vous explique le chantier et en quoi consiste cette ouverture originale. Déjà, de l’extérieur, l’édifice a fière allure, passant de pierres grises à une blancheur sublimée par des liserés rouges. Car c’est toute l’église de Flers qui a été rénovée entre 2021 et 2025, intérieur et extérieur. En cause : les infiltrations d’eau qui avaient causé de nombreux dégâts.
« Au cœur de nos patrimoines »
Lors de la soirée de fin de chantier, Gérard Caudron, maire, n’a pas caché son émotion pour « cette inauguration qui sera pour moi la dernière, quelques semaines avant la fin de mes 50 ans de mandats villeneuvois, dont 7 mandats de 6 ans en tant que maire ». Il a rappelé que ces travaux ont suivi ceux des 3 autres églises de la ville, rénovées elles aussi.
Les églises sont au cœur de nos patrimoines, de nos racines et de nos traditions, elles sont des édifices communaux qu’on aime à regarder, visiter, s’y retrouver avec soi-même, que l’on soit croyant ou pas. Quand on intervient sur une église, on ressent ce que devaient ressentir les constructeurs de cathédrales…
Gérard Caudron, maire
Du bleu dans les voûtes
Pour ceux qui fréquentaient l’église avant, les couleurs ont bien changé. Les arcs et croisées d’ogives étaient auparavant dans un ton marron, c’est devenu bleu ciel !
Cette couleur n’a pas été choisie au hasard, comme l’explique Mélanie Los, chargée de conservation et de valorisation du patrimoine pour la Ville de Villeneuve-d’Ascq. « Le bâtiment étant Monument historique, il faut respecter une certaine méthode voulue par la DRAC, direction des affaires culturelles. Il s’agit pour les peintures de créer dans les murs des ‘carrés’ pour retrouver les couleurs d’origine. Une ‘recherche stratigraphique’ a donc été menée à plusieurs endroits. Dans la nef, on a choisi de revenir aux peintures du XIXe siècle ; et dans le chœur, c’est l’état du XVIIe qui a été priorisé ».
Mélanie Los, chargée de conservation et de valorisation du patrimoine pour la Ville de Villeneuve-d’Ascq, a suivi le chantier. ©Anne-Sophie Hourdeaux/Croix du NordÉclairage, vitraux
L’éclairage a également été entièrement refait, avec de nouveaux petits spots, « qui permettent de mieux valoriser l’église avec un effet d’ampleur, pour regarder vers le haut, magnifier le regard vers le ciel », souligne le jeune curé, le père Luc-Emmanuel Dupont. Il apprécie aussi le choix des couleurs « plus chaleureuses ».
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Les vitraux ont tous été restaurés, avec un souci du détail : « Des éléments d’un des grands vitraux dit baie 6, abîmés, avaient été colmatés avec des morceaux de vitraux aléatoires, sans uniformité. Il a été décidé de lui rendre son unité en le restaurant comme à l’origine » signale Mélanie Los. Les ruptures et discontinuités dans les frises ont donc désormais disparu. Les plombs trop épais ont été harmonisés. Cela a demandé une enveloppe supplémentaire non prévue au programme, 40 000 € !
Le meneau d’origine de l’église de Flers, élément de la porte d’entrée, a été placé dans l’église pour le préserver. Il a été remplacé par une copie à l’extérieur. ©Anne-Sophie Hourdeaux/Croix du NordLe souci du détail : le meneau aussi
On peut dire que ce chantier a eu le souci du détail. Comme pour le meneau, cette pièce de la porte d’entrée, sorte de poutre séparant les deux vantaux (panneaux de porte). Classé monument historique, en bois, il a été installé dans l’édifice pour le préserver et le valoriser. Une copie a été réalisée pour l’extérieur, avec reconstitution des parties basses qui ont complètement disparu sur l’original.
Lors de son inauguration après travaux, un moment musical a été proposé. ©Anne-Sophie Hourdeaux/Croix du NordDeux grisailles trompe-l’œil restaurées
Les retables latéraux en bois ont quant à eux été dépoussiérés. Mais c’est dans le chœur que la restauration a été plus poussée, puisque deux toiles ont été rénovées. Elles sont originales puisque de loin, on dirait deux grandes statues placées chacune dans une niche en arcade. Mais en fait, ce sont deux peintures en trompe-l’œil. Un bel effet ! On appelle des toiles des « grisailles », elles représentent saint Pierre et saint Paul. Il a fallu recréer leur châssis également.
Quel beau trompe-l’œil ! Deux toiles du chœur, dites « grisailles », dont celle-ci, ont été restaurées avec minutie par l’atelier lillois de Lorène Falco. ©Anne-Sophie Hourdeaux/Croix du Nord« La communauté se réapproprie son église »
Le curé se réjouit de retrouver pleinement l’usage de l’édifice pour le culte. « Depuis un an et demi, on peut célébrer à nouveau la messe le dimanche, ce qui n’a pas été possible pendant un an. Et depuis un mois, l’église peut être ouverte en semaine pour les funérailles, l’adoration le lundi soir. La communauté se réapproprie son église ».
Le bleu ciel a été choisi en faisant une « recherche stratigraphique », pour retrouver les couleurs originelles de l’église St-Pierre de Flers à Villeneuve-d’Ascq. ©Anne-Sophie Hourdeaux/Croix du Nord
Dès 2026, la volonté est de l’ouvrir davantage. Mais comment au vu de la sécurité à assurer pour éviter les vols et dégradations ? Une méthode originale, « existante dans plusieurs pays » assure le curé, a été choisie, qui fera peut-être des émules.
Nouveauté en 2026 : le narthex de l’église de Flers-bourg, le sas d’entrée, restera ouvert en journée, les portes vitrées resteront elles fermées. On pourra dans l’espace laissé ouvert déposer une bougie, prier, découvrir l’intérieur de l’église. ©Anne-Sophie Hourdeaux/Croix du NordUne ouverture… tout en laissant fermé
En effet, seul le « narthex » de l’église de Flers-bourg restera ouvert en journée. Il s’agit du sas d’entrée, un hall d’accueil dès qu’on franchit les portes en bois principales. La plupart des églises en ont, mais souvent, d’autres portes en bois sont à franchir après ce sas. Là, ce sont des portes vitrées, une création faite en 1987. Ce sont elles qui resteront fermées. Ce hall fait sans doute environ 100 m2. On pourra alors, dans l’espace laissé ouvert, déposer une bougie, prier, découvrir l’intérieur de l’église.
En 2026, le projet est que cette église rejoigne le réseau Églises ouvertes, pour la faire rayonner encore plus !
Le budget a été financé par la Ville, La MEL (un million d’euros), la DRAC (8 389 €), le Département (4 194 €), la Sauvegarde de l’art français (10 000 €)
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