“Rob Reiner, réalisateur et vedette de sitcom torturé, à la dérive, qui avait pourtant beaucoup de talent, vient de mourir avec sa femme Michele, à cause paraît-il de l’énervement qu’il a suscité autour de lui : il était touché par une incurable maladie mentale, implacable et terriblement débilitante, connue sous le nom de délire maniaco-trumpien, abrégé parfois en DMT”
C’est par ce post rageur sur Truth Social (dont voilà la version originale) que le président des États-Unis a réagi à l’annonce du décès de Rob Reiner et Michele Singer dans leur maison de Los Angeles, dimanche 14 décembre. Leur fils Nick Reiner a été arrêté et placé en détention.
Le réalisateur de Quand Harry rencontre Sally était très impliqué dans la vie politique côté démocrate et mettait en garde contre le risque d’une autocratie aux États-Unis.
Rob Reiner “était connu pour rendre les gens FOUS avec sa rage obsessionnelle contre le président Donald J. Trump”, a écrit ledit président dans son message, avant de terminer par : “Puissent Rob et Michele reposer en paix !”
“ Effacez ça”
Cette attaque a paru dépasser les bornes, même aux yeux d’une partie de sa base Maga (“Make America Great Again”), écrit The Washington Post. “C’en était trop, pour une poignée d’influentes personnalités conservatrices” qui se sont exprimées sur les réseaux sociaux. “Ce qui est arrivé la nuit dernière à Rob Reiner et à sa femme, c’est une boucherie qui a emporté deux vies humaines. Je me fiche de leurs positions politiques”, a posté sur X le réalisateur et militant de droite Robby Starbuck.
“Effacez ça, M. le président”, a plaidé le présentateur britannique Piers Morgan, “ami de longue date de Trump” selon le journal de Washington.
Des critiques ont aussi émané de certains élus républicains au Congrès habitués à faire entendre une ligne discordante, comme les députés Marjorie Taylor Greene et Thomas Massie. Ce dernier a épinglé “des propos inappropriés et irrespectueux”. D’autres élus ont préféré passer le sujet sous silence.
Interrogé ensuite en conférence de presse, lundi 15 décembre, Trump n’a pas baissé d’un ton. Il a répété que le cinéaste était atteint de “délire maniaco-trumpien” et conclu :
“Je n’étais pas du tout fan de Rob Reiner, pas le moins du monde.”
Pour la chroniqueuse du Los Angeles Times Anita Chabria, Trump “a besoin de déshumaniser quiconque s’oppose à lui”.
La mort du réalisateur aurait dû donner lieu à une émotion partagée, souligne pour sa part The Atlantic. Non pas que Rob Reiner ait été aimé de tous, “mais parce que son œuvre occupait un espace culturel commun”. Or, “là où Rob Reiner a forgé un espace culturel national, une série de mondes que nous pouvons tous habiter ensemble, Trump dissout cet espace. Il arrache l’échafaudage que nous avons bâti et il y met le feu.”