Coût des JO de Paris 2024 : un nouvel audit bouscule la
facture

Et si la note des Jeux de Paris n’était pas celle qu’on
croyait ? Pendant des mois, le débat public s’est calé sur une
addition de 6,6 milliards d’euros d’argent public.
Un chiffre fort, signé par la Cour des comptes, qui a structuré la
discussion politique et économique. Un nouvel exercice de calcul
officiel vient pourtant rebattre les cartes, en divisant
pratiquement par deux l’ardoise affichée.

Le décalage ne tient pas seulement à un écart de caisse, mais à
une façon différente de compter. Six mois après l’estimation de la
Cour des comptes, le Haut-commissariat à la stratégie et au plan
propose une lecture socio-économique qui additionne coûts et
retombées. La promesse ? Une facture nette plus basse. La vraie
question reste la méthode.

Cour des comptes vs Haut-commissariat : quelles sommes pour
Paris 2024

La Cour des comptes a chiffré la dépense publique totale des
Jeux olympiques et paralympiques de Paris à 6,6 milliards
d’euros
. Le Haut-commissariat à la stratégie et au plan
avance, lui, 2,8 milliards d’euros. « Ce n’est pas
une contestation mais un complément. On a plutôt évalué le coût
réel de ces Jeux grâce à une autre approche socio-économique »,
confie Clément Beaune, haut-commissaire à la stratégie et au plan,
à Capital. Deux visions, deux périmètres, un même événement.

Dans ce rapport, l’administration ne s’est pas contentée
d’aligner les dépenses, elle a aussi « monétisé les bénéfices liés
aux Jeux », rapporte-t-il. Concrètement, les gains pour les salariés
mobilisés sont évalués à 500 millions d’euros, les propriétaires de
locations touristiques auraient engrangé 60 millions d’euros, et
9 000 emplois ont été créés. « Les bénéfices vont s’accroître car on
a encore peu de visibilité sur les retombées en termes de
transports, d’image de la capitale ou de pratique sportive »,
précise l’administration. L’écart avec la Cour des comptes tient
donc largement à ces bénéfices intégrés.

Comment le chiffre de 2,8 milliards d’euros est calculé

Le Haut-commissariat dit avoir travaillé avec le Centre de
recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie
(Crédoc) et un conseil scientifique. L’idée : quantifier les effets
positifs directement liés aux JOP, au-delà des seules lignes
budgétaires. Les 500 millions d’euros de primes et heures
supplémentaires des agents, les 60 millions d’euros de revenus
locatifs touristiques et les 9 000 emplois alimentent ce solde net.
C’est cette addition de gains qui compresse la facture finale
affichée.

Autre volet mis en avant : l’empreinte écologique. Les Jeux de
Paris auraient été jugés parmi les moins
polluants
, au niveau de Tokyo 2021, pourtant disputés sans
public. Un élément qui, sans être monétaire, rejoint le récit d’un
événement plus sobre et peut peser dans l’évaluation globale de
l’héritage. Cette appréciation environnementale nourrit aussi la
perspective d’une méthode transposable.

Coût des JO de Paris 2024 : que change
ce 2,8 Md € pour la suite ?

Pour le lecteur qui cherche le « coût réel », l’écart s’explique
par le périmètre : dépenses brutes d’un côté, coût net après
retombées de l’autre. Le chiffre de 2,8 milliards
d’euros
ne contredit pas les 6,6 milliards
d’euros
 ; il les recontextualise. Le message implicite du
Haut-commissariat : quand on inclut les gains socio-économiques, la
charge pour les finances publiques se réduit. Reste que la
trajectoire des bénéfices peut encore évoluer, comme le souligne
l’administration.

Cette approche, plus complète dans sa logique, sert déjà de
boussole pour la suite. Les auteurs estiment que d’autres
retombées, difficiles à mesurer à chaud, pourraient apparaître :
transports, image internationale, pratique sportive. Un point
d’attention pour les Jeux d’hiver 2030 prévus dans les Alpes
françaises : la même grille de lecture pourrait y être appliquée.
De quoi éclairer, à l’avenir, le débat sur le coût des JO
de Paris 2024
… et ceux d’après.