Un appareil qui inaugure une flotte de 31 hélicoptères attendus d’ici 2030. 

L’Allemagne ne peut décidemment plus se passer d’Airbus en ce moment ! Après l’annonce le 15 décembre d’une levée d’option pour vingt H145M supplémentaires pour la Luftwaffe, c’est désormais à son consœur maritime, la Deutsche Marine d’annoncer avoir reçu son premier NH90 Sea Tiger.

Ce moment marque le début du remplacement d’une machine emblématique, le Sea Lynx Mk88A, entré en service… en 1981. Plus de quarante ans de carrière. Autant dire une autre époque, celle des sonars analogiques et des écrans cathodiques !

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La marine allemande vient de prendre livraison de son tout premier NH90 Sea Tiger.

La marine allemande connaît déjà la plateforme. Elle exploite 18 NH90 Sea Lion, version transport naval, livrés entre 2019 et 2023. Ces appareils sont engagés presque en continu, notamment pour le sauvetage en mer et les missions depuis les bâtiments ravitailleurs de classe 702. Le Sea Tiger arrive donc en terrain connu.

Airbus réussit pour la première fois de l’Histoire un exploit qui paraissait jusqu’ici hors de portée : faire se rejoindre 2 avions au même point sans collision

Un hélicoptère pensé pour traquer ce qu’on ne voit pas

Le NH90 Sea Tiger représente l’évolution la plus poussée de la version navale NFH. Sa raison d’être tient en deux sigles qui font frémir les états-majors navals : ASW et AsuW. Lutte anti-sous-marine et lutte anti-surface.

Concrètement, l’appareil est équipé d’un sonar trempé, capable de plonger sous la surface comme une canne à pêche électronique, de bouées acoustiques, d’un système électro-optique de nouvelle génération et de moyens de guerre électronique améliorés.

Ajoutez à cela des torpilles et des missiles, et vous obtenez un hélicoptère capable de détecter, suivre et engager une menace, qu’elle se déplace à quelques mètres sous l’eau ou à l’horizon. Ce n’est pas spectaculaire vu du quai. En opération, c’est décisif.

Un NH90 de la Marine royale néerlandaise sur la base de Volkel-Uden.Un NH90 de la Marine royale néerlandaise sur la base de Volkel-Uden.
Une machine embarquée qui vit au rythme des frégates

Le Sea Tiger n’est pas un hélicoptère de base terrestre. Il est conçu pour vivre sur un pont de frégate, dans le vent, le sel et le roulis.

Ses missions dépassent largement la seule chasse sous-marine. Reconnaissance, transport, désignation d’objectifs, protection d’un groupe naval. Il agit comme les yeux et les oreilles du navire, bien au-delà de la portée des radars embarqués.

Les systèmes du Sea Tiger ont été éprouvés lors de campagnes d’essais en mer Méditerranée et en mer du Nord. Des environnements très différents, l’un chaud et relativement calme, l’autre froid, dense et acoustiquement complexe. C’est souvent là que les équipements révèlent leurs vraies qualités.

Une flotte mondiale qui donne du recul opérationnel

Le Sea Tiger s’inscrit dans une famille déjà largement diffusée. 135 NH90 navals ont été livrés à six nations, avec plus de 90 000 heures de vol en missions de sauvetage, humanitaires et militaires.

Toutes versions confondues, plus de 530 NH90 sont en service dans le monde, cumulant près de 500 000 heures de vol. Ces chiffres ne racontent pas une promesse. Ils racontent une utilisation réelle, quotidienne, parfois exigeante.

Pour une marine, ce recul opérationnel compte autant que les performances théoriques. Il signifie des chaînes logistiques rodées, des équipages formés, des retours d’expérience partagés.

Un choix cohérent face aux tensions maritimes actuelles

La livraison du Sea Tiger intervient juste après l’annonce des vingt H145M supplémentaires pour l’armée allemande et la Luftwaffe. Deux programmes distincts, un même fil conducteur. Une standardisation autour de plateformes Airbus, éprouvées, livrées dans les temps, adaptées à des missions très différentes.

Sur terre, le H145M joue le rôle de bon à tout faire, rapide à reconfigurer, discret et polyvalent. En mer, le Sea Tiger devient le chasseur silencieux, chargé de surveiller des espaces maritimes devenus stratégiques.

En deux jours, Airbus montre qu’il ne domine pas le marché de l’hélicoptère par hasard. Il le fait par la continuité, par l’usage et par la confiance renouvelée de ses clients étatiques.

NHIndustries, un concentré d’industrie européenne

Derrière le Sea Tiger, on trouve NHIndustries, la plus grande coentreprise européenne dans le domaine des hélicoptères. Elle rassemble Airbus Helicopters (62,5 %), Leonardo (32 %) et GKN Fokker (5,5 %).

Chaque partenaire apporte son héritage industriel. Cellules, transmissions, avionique, structures. Le NH90 est le résultat de cette mise en commun, parfois complexe, souvent exigeante, mais profondément européenne.

Une transition sans rupture pour la marine allemande

Avec le Sea Tiger, la marine allemande ne saute pas dans l’inconnu. Elle passe d’une génération à l’autre, en conservant une logique de flotte NH90 déjà bien intégrée.

Le Sea Lynx a servi longtemps, parfois très longtemps. Le Sea Tiger arrive avec d’autres capteurs, d’autres menaces en tête, et un environnement maritime transformé.

Ce n’est pas un symbole. C’est un outil de veille et d’action, conçu pour durer, embarqué là où la mer ne laisse jamais beaucoup de marge d’erreur.

Sources :

  • Airbus Helicopters, communiqué officiel « German Navy takes over first NH90 Sea Tiger », 16/12/2025
  • Mer et Marine, NH90 : durée de vie portée à 50 ans et préparation de la génération Block 2 », 19/06/2024

Image : Un Sea Lynx Mk88 décolle de l’USS Saipan (LHA-2) à l’issue d’une brève visite du commandant de la force opérationnelle combinée 150 (CTF-150).