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Rédaction Nantes
Publié le
16 déc. 2025 à 18h15
L’émotion était vive ce mardi dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Nantes. Lors du deuxième jour du procès de l’ancien animateur périscolaire de Rezé, jugé pour agressions sexuelles sur treize enfants, de 2017 à 2019. Ce mardi 16 décembre 2025, les parents ont témoigné à la barre. Entre pleurs, colère, effroi et incompréhension, les proches des victimes ont porté la parole des enfants.
« Je me suis sentie sale »
C’est la mère d’une fillette, scolarisée en 6ᵉ à l’époque, qui a commencé les témoignages. Sa fille, venue chercher son petit frère à l’école, confirme avoir été victime d’un baiser sur la bouche en 2018 de la part du prévenu, lorsque ce dernier travaillait à l’école Ouche Dinier. La jeune collégienne avait appelé sa mère en panique au téléphone. La mère de famille avait fait un signalement.
À la suite de cet avertissement, l’individu avait été muté par les services municipaux au sein de l’école du Chêne Creux, à Rezé. Établissement où on l’accuse aussi d’agressions sexuelles. « J’ai la sensation d’avoir poussé cet homme (le prévenu, N.D.L.R) dans l’école d’à côté », partage en pleurs la mère de famille, rongée par un sentiment de culpabilité. « Ce n’est pas vous qui avez pris la décision de le muter », rassure la présidente du tribunal.
Âgée de 11 ans en 2018, la jeune fille, désormais âgée de 18 ans, a pris la parole, en fin de matinée. Pour la jeune majeure, le prévenu « était amoureux d’elle » et lui avait demandé de faire la bise avant de lui voler un baiser.
Je me suis sentie sale. Quand je suis rentrée à la maison, j’ai pris un torchon pour m’essuyer la bouche.
Une victime
Chacun à son tour, les parents énumèrent les propos de leurs enfants, victimes d’agressions sexuelles : « pipi dans la bouche », « caca dans la bouche », « quéquette dans la bouche », « bisous baveux » ou « guilis au niveau du clitoris » sont cités.
« Le clitoris ce n’est pas quelque chose qu’on connaît à son âge », lance en colère une mère dont la fille était âgée de trois ans au moment des faits. Une pièce du dossier indique également qu’une victime « présente des lésions internes anales et des taches de sang dans la culotte ».
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« Il a mis le chaos dans ma famille »
Tour à tour des parents évoquent les séquelles subies par leurs enfants suite à ces agressions. Encoprésie, méfiance envers les hommes, terreurs nocturnes, sucement de pouces, excès de colère, anxiété, les maux narrés lors de l’audience sont multiples.
« On m’a volé ma fille. Elle a commencé à faire de l’eczéma. Elle avait un comportement hypersexualisé », pleure une mère de famille à la barre.
Chaque récit décrit le même procédé où les enfants font part « d’un secret » avec le prévenu. À travers ces « secrets » se cachent des « bisous », des « mariages » ou autres attouchements sexuels. Une manière de « s’acheter le silence des enfants ».
Il a dit à ma fille que si elle disait la vérité, des voleurs allaient venir dans la maison.
Une victime
« Il a mis le chaos dans ma famille », insiste un père, persuadé que plus de 13 enfants sont victimes du prévenu. Un constat partagé par de nombreux proches présents dans la salle d’audience. Des familles dont le quotidien a été chamboulé, voire brisé par les faits recensés lors du procès, comme le souligne une maman dont la fille souffre d’eczéma. « Il a violé ma fille, il a violé ma vie. »
« Il faut que les enfants soient reconnus comme des victimes »
Si la qualification de viol n’a pas été retenue pour ce procès, plusieurs parents n’hésitent pas à employer ce terme devant le tribunal.
« Je ne vous regarderai pas, monsieur, vous ne méritez pas mon regard », s’est adressée la maman d’un petit garçon à l’accusé, en regardant fixement la présidente du tribunal. « S’il y a encore des gens (sic) dans la salle qui vous croient innocent, ils sont bien naïfs. »
« Je suis fière de tous les enfants qui ont parlé, ils ont un courage extrême », a salué une autre mère de famille.
Dans ce procès, les parents d’élèves veulent que « les enfants soient reconnus comme des victimes ». Durant leurs témoignages, les proches ont dénoncé un manque « d’écoute » de la police, de l’école ou de la mairie.
« Le silence dans l’école est flagrant. Personne n’avait rien vu et personne n’était au courant […] On demande à la mairie, qui a un rôle dans la protection de l’enfance, que ça ne se reproduise plus », confie, interloqué, un père de famille.
Présente à l’audience, Agnès Bourgeais, maire de Rezé (elle n’était pas élue au moment des faits), s’est adressée aux parents. L’édile a reconnu des « dysfonctionnements » qui ont eu des « conséquences dramatiques » et « s’excuse au nom de la Ville ».
Invité par la présidente du tribunal à s’exprimer après les nombreux témoignages des parents et avant la suspension de l’audience, le prévenu a refusé de prendre la parole.
Laure Gentil et Thomas Bernard
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