Un scalpel usagé qui circule dans un gros tuyau à la vitesse de 70 km/h. C’est devenu une réalité quotidienne au CHU de Rennes, en pleine reconstruction depuis 2020. La fin des travaux n’est prévue qu’au sortir de la décennie. Mais plusieurs bâtiments ont d’ores et déjà été livrés. Parmi eux, la « plateforme logistique avancée », inaugurée ce mardi 16 décembre 2025, où atterrit, entre autres, le fameux scalpel.

Un traitement automatique sur site des déchets infectieux

Le système, opérationnel depuis janvier, est qualifié de première mondiale par l’équipe de l’hôpital de Pontchaillou. Le principe : les déchets de soins sont jetés dans des sortes de « vide-ordures » à la sortie des blocs opératoires, regroupés au sein du nouveau Centre chirurgical et interventionnel (CCI). Aspirés dans des tuyaux, ils sont ensuite acheminés automatiquement à l’extérieur du bâtiment, vers la plateforme logistique.

Là, une autre étape attend ces « Déchets d’activités de soin à risques infectieux et assimilés » (DASRI). Ils sont d’abord broyés, puis désinfectés grâce à un système de micro-ondes et enfin compactés sur le site. Désormais « banalisés » et assimilables à des ordures ménagères, ils peuvent être incinérés via le circuit classique, là où les déchets médicaux, potentiellement dangereux, sont normalement éliminés dans une filière à part.

L’opération permet au CHU d’économiser 400 000 euros par an, le coût des traitements des déchets médicaux étant en moyenne cinq fois supérieur. Autre intérêt de cette automatisation : elle permet de limiter la manutention et donc les risques d’infection des agents qui avaient jusqu’ici à manipuler, au total, 400 tonnes de DASRI par an. Les ordures « classiques » ainsi que le linge sale bénéficient du même système.

Des produits acheminés automatiquement vers les unités de soin

D’autres inventions sont au programme. À terme, la plateforme logistique sera reliée aux principaux bâtiments de Pontchaillou grâce à une galerie souterraine de 350 mètres de long. Linge, repas mais aussi une partie des produits pharmaceutiques… Tout devrait être transporté, en vingt minutes, grâce à des véhicules automatiques qui déposeront directement leur cargaison à l’entrée des bâtiments. L’un des objectifs : réduire la valse des camions au cœur de Pontchaillou, et la pollution qui va avec.

« La logistique a une importance majeure dans un hôpital », souligne le professeur Jean-Yves Gauvrit, président de la commission médicale d’établissement. « Et force est de constater qu’aujourd’hui, cette question est rarement au cœur des projets de reconstruction de la plupart des hôpitaux. » Le CHU de Rennes, lui, a voulu en fait un atout, pour un investissement de 28 millions d’euros hors taxes. Le coût du renouveau de Pontchaillou est estimé, au total, à 760 millions d’euros.