Avant même l’ouverture de l’audience, le ton est donné.
Dans les couloirs du tribunal, Philippe Rivière interpelle le photographe du Progrès. « C’est vous qui m’avez photographié fatigué la semaine dernière ? », lance-t-il, sourire en coin, avant de pointer l’absence de Patrice Rives, cofondateur d’ACI Group. « Avez-vous déjà vu un pyromane contempler son incendie ? », ironise Gauthier Doré, l’un des avocats de Philippe Rivière.
Une scène qui tranche avec l’image du dirigeant apparu fermé et épuisé lors de la précédente audience.
Une période d’observation prolongée
Souriant, taquin, confiant, parce qu’ « un entrepreneur l’est toujours », Philippe Rivière se dirige vers salle d’audience peu après 14 heures. À la sortie de la salle, plus de deux heures après, il n’a rien perdu de son optimisme : la période d’observation du groupe ACI est prolongée jusqu’au 4 février.
« C’est une sérénité pour trouver un projet dès 2026. On se bagarre pour », salut il. « Tout le monde disait que ça allait être une catastrophe. En travaillant, on arrive à trouver des solutions », résume Jean-Marie Chanon, un autre de ses avocats. « On continue de travailler tous les jours pour trouver des solutions », confirme Gauthier Doré.
Une première reprise validée
Pour une des deux filiales entendues aujourd’hui, une issue favorable.
Roche Meca Tech est « la première reprise d’ACI Group », se réjouit l’avocat Nicolas Bess. Autrement dit, elle est rachetée par Jérémy Rochand, à la tête des Ateliers Agiles. « C’est parti pour une nouvelle aventure », se félicite le nouveau PDG de Mecafor42, nouveau nom de Roche Meca Tech choisi pour « tourner la page ». Une dizaine d’offres supplémentaires doivent être déposées, notamment au Havre, dans l’Ain et la Loire, selon Nicolas Bess, même si « rien ne garantit que tout sera repris ».
« Ça montre que de nouvelles choses sont possibles », reconnaît Samy Tabti, syndicat CGT de Roche Meca Tech. Aussitôt il tempère : « neuf collègues viennent de perdre leur emploi aujourd’hui, à la veille des fêtes. La holding ne vaut plus rien, à l’image de son PDG, sa valeur, c’étaient les sociétés et les salariés ».
Une plainte contre Rivière ?
Le syndicaliste annonce qu’une plainte visant Philippe Rivière va être déposée, avec la volonté de se porter partie civile : « on sera déterminés à expliquer toutes les malversations à qui veut bien nous écouter. » Et conclut, « un jour, il faudra rendre des comptes ».
Pour Fabrice Fort, animateur régional CGT métaux Auvergne-Rhône-Alpes, l’enjeu est désormais opérationnel : « sécuriser les carnets de commandes ». Comme pour Roche Meca Tech, « ce sont de petites entités : des repreneurs de taille équivalente peuvent se repositionner ». Il y voit une opportunité : « Notre mobilisation a payé, on se bat pour les emplois ». La clé reste le financement, « les investisseurs doivent se manifester rapidement », insiste-t-il. Devant le tribunal, avocats et représentants des salariés se regroupent. « On se voit le 4 février ? », lance l’un d’eux. Rendez-vous pris.